Armand Lapie était arrivé en août 1891 à Paris en provenance de Buenos Aires où il aurait résidé près de trois ans et aurait été l’ami d’ Emile Piette. Il logeait 42 rue de la Goutte d’Or et était à cette époque employé comme placier dans une maison de bonneterie en gros. Il était notamment lié au compagnon Albert Sureau qu’il avait connu à Buenos Aures et avec lequel il était rntré en France. Il fréquentait régulièrement les réunions, notamment celles du Groupe de propagande anarchiste et du Cercle International. Début 1893 il aurait, selon la police, composé un code de correspondance chiffré à l’usage des compagnons.
Ancien gérant du Père Peinard où en décembre 1893 il avait remplacé Delalé emprisonné, Armand Lapie, étail le fils du militant blanquiste Alcindor Lapie mort accidentellement lors de l’explosion de son atelier de fabrication de bombes pendant le siège de Paris. A la suite de la parution du numéro du 30 décembre 1893, il fut l’objet le 31, comme Pouget, d’un man dat d’amener pour “apologie de crimes”.Le 31 mars 1894 il fut condamné en tant que gérant à 5 ans de prison et bénéficiera de la oi d’amnistie du 1er février 1895.
En fuite il s’était réfugié à Londres où à partir de 1894 il habita 30 Goodge Street et où il ouvrit une librairie. Fin 1894 il semblait demeurer chez le compagnon italien illégaliste Cesare Cova à Sherperd’s Bish, puis en 1896 dans l’ouest de Londres à Ravenscourt Park. Sa librairie servait de point de rencontre de nombreux militants dont Ernest Delebecque, François Duprat, Jules Cortiet P Petronille Altérant. En 1894 son nom figurait sur une liste d’anarchistes établie par la police des chemins de fer en vue « d’une surveillance aux frontières ».
Il fut soupçonné par la police d’avoir été l’imprimeur avec Segaud et Bidault du placard « A Carnot le tueur” rédigé par Cohen et publié au lendemain de l’exécution en France de Vaillant.
Fin 1895-début 1896, dans le climat d’extrême suspicion qui régnait alors à Londres il fut accusé par plusieurs compagnons — dont Delebecque, Gallo, Soulage, J. Renaud, Angelo Jorrot, Varlet, Malatesta, Cini, V. Bertrand, E. Rozier, L. Durand — pour d’obscures raisons d’être un mouchard qui lui valut d’être dénoncé dans divers placards édités par le groupe L’anonymat de Parmeggiani dont l’un intitulé Une trahison. A la suite de cette accusation, Lapie avait fait paraître dans la presse la protestation suivante : « Des individus que je saurais qualifier, se sont livrés, sans raison, contre moi aux plus dégoûtantes manœuvres. Après m’avoir invité à venir me disculper en réunion publique, ils m’ont empêché de parler ; ils ont envoyé au journal une note m’accusant, sous mes initiales, d’être de la police ; ils ont envahi ma boutique et pris ce qui leur convenait, injurié lâchement ma compagne qui se trouvait seule, distribué, placardé dans ma rue des manifestes ignobles. Je vous demande d’insérer ma protestation » (cf. Les Temps nouveaux, 22 févrer 1896). Dans des lettres publiées dans Le Libertaire (15 février 1896) il fut également défendi par Louise Michel, Cesare. Cova et Delorme entre autres.
En février 1896 il avait été signalé à Paris où il avait notament rendu visite à Sébastien Faureet à Constant Martin.
Armand Lapie s’installa par la suite en juin 1896 à Lausanne où en 1899 il ouvrit une librairie au 5 rue de la Louve, participa à la fondation de la Maison du peuple et fut en 1905 l’un des enseignants de l’École libre sous l’égide de la libre pensée. Il fut ensuite membre du premier comité de l’École Ferrer fondée à Lausanne par Jean Wintsch.
De 1903 à 1920 il édita une vingtaine d’ouvrages et notamment la brochure de J. Wintsch Steinlen (1919), Souvenirs d’une morte vivante de Victorine Brocher (1909), Giordano Bruno, sa vie, son œuvre, sa mort de R. Manzoni (1908) et Mon oncle Benjamin de Claude Tillier (1906) préfacé par Lucien Descaves.
Armand Lapie, qui avait adopté la fille d’un compagnon (Andignoux ?), se rallia, pendant la guerre à l’Union sacrée ce qui lui valut d’être décoré de la Médaille d’honneur du Ministère des Affaires étrangères.
Rentré en France en 1925, il résida d’abord à Reims puis à Lyon où il décéda le 30 ami 1940.