Dictionnaire international des militants anarchistes
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PIETTE, Émile
Né à Verviers en 1838 (ou 1847 ?) - mort en 1895 - Tisserand ; Imprimeur ; libraire – AIT – Verviers (Belgique) – Buenos Aires (Argentine)
Article mis en ligne le 11 octobre 2011
dernière modification le 15 mars 2024

par Marianne Enckell, R.D.

Membre de l’Internationale, Émile Piette fut un des importants militants de Verviers et de la Vallée de la Vesdre, où il existait 13 sections de l’AIT en 1870. Il collabora pendant une dizaine d’années au journal Le Mirabeau (1867-1880, hebdomadaire, 554 numéros), au moins jusqu’en 1876. Malon en parle dans une lettre à Mathilde Rœderer du 10 novembre 1875 : « Je voudrais vous intéresser à un journal socialiste belge dans lequel j’écris et qui est rédigé exclusivement par des ouvriers. Ce journal a pour rédacteur en chef un ouvrier tisserand qui ne sait pas très bien son orthographe… » Il s’agit probablement ici d’Albert Larondelle.

Le 1er novembre 1876, Piette se séparait de la tendance de De Paepe avec Gérombou et d’autres pour fonder le cercle L’Etincelle. En décembre, il publiait sous le pseudonyme de Prol Ether "Le pétitionnement pour l’abolition du travail des enfants, jugé au point de vue révolutionnaire" (Verviers, imprimerie E. Piette, in-16, 16 p.), où il argumentait « qu’il est matériellement impossible de décréter une loi abolissant le travail des enfants à moins que de décréter immédiatement la construction d’un nombre considérable d’écoles primaires… Le véritable chemin pour arriver à notre complète révolution, c’est la Révolution démocratique et sociale ». Malgré cette expression, le cercle L’Etincelle était en rapports étroits avec la Fédération jurassienne.

Piette fut, avec Kropotkine (Levachoff) et Montels, un des trois secrétaires du Congrès de Verviers de 1877, dont il publia un compte rendu dans le Mirabeau du 16 septembre.

Émile Piette était au début des années 1880 imprimeur à Verviers. C’est à l’imprimerie Piette à Verviers, et avec sa collaboration, que parurent le Cri du peuple, organe socialiste révolutionnaire (13 nos, 1878-1879) puis la Persévérance, journal socialiste révolutionnaire (14 nos, 1880-1881). En tant que rédacteur responsable, il subit une peine de prison en mars 1880. Le groupe de Verviers était en contact étroit avec la Ligue collectiviste anarchiste de Bruxelles (1879-1880), où militaient notamment Arsène Crié et Laurent Verrycken.
Piette imprima ensuite le Bulletin (préparatoire) du Congrès de Londres (3 numéros, 15 juin-juillet 1881) rédigé par Gustave Brocheret publié à l’occasion du Congrès international tenu à Londres le 14 juillet 1881 en vue de reconstituer l’AIT. Il publia également une série de fascicules de chansons.
Il tenait également une petite librairie où en 1882 il diffusait entre autres L’Etendard Révolutionnaire de Lyon (voir portfolio).

Il émigra ensuite en Argentine où en 1885 il fut l’un des fondateurs du groupe franco-belge de Buenos Aires. Après une malheureuse tentative de colonisation (voir Gérombou), il reprit une librairie dans la capitale, où il diffusait notamment Le Révolté et Le Père Peinard et où il fonda un club anarchiste. En 1889, la diffusion d’un manifeste publié en soutien à la grève des maçons et charpentiers lui valut d’être détenu avec deux autres compagnons jusqu’en août 1890 ; c’est le premier coup de force contre les anarchistes dans ce pays.

Puis avec José R. Falconnet Pierre Quiroule et Alex Sadier il fut l’un des fondateurs de l’hebdomadaire anarchiste français La Liberté (Buenos-Aires, 13 numéros du 25 janvier au 17 avril 1893, puis 26 numéros du 18 mars au 3 septembre 1894). Dans le premier numéro on pouvait lire : « Nous ne faisons pas de programme, l’heure de discuter est passée… Notre ordre du jour est simple : Prolétaires du monde entier, quelque soit la langue que nous parlons, quelle que soit notre race et couleur, marchons à la conquête du bien-être pour tous ! Plus d’oppresseurs ni d’opprimés !… Plus de travailleurs mourant de travail et de faim et d’oisifs crevant de paresse et d’indigestion ! En avant ! Sonnons la charge pour la Liberté ».

Revenu en Belgique en 1894 pour faire des achats de livres, il y fit imprimer un catalogue de livres d’occasion (Librairie Émile Piette, Esméral 610. Buenos-Ayres. Verviers E. Detry et F. Degey, 1894, 144 p.) Les Temps nouveaux (4 janvier 1896) annoncèrent son décès après son retour en Argentine ; sa librairie fut reprise par un autre anarchiste verviétois, Dechaine-Ruwettte, et par Alex Sadier.


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