Dictionnaire international des militants anarchistes
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“RAMUS, Pierre” ; "MORLEIT” [GROSSMANN, Rudolf dit]
Né à Vienne le 15 avril 1882 - mort le 27 mai 1942 - New York (USA) – Londres – Vienne (Autriche) – Paris
Article mis en ligne le 26 mars 2011
dernière modification le 7 mars 2024

par R.D.
Rudolf Grossmann "Pierre Ramus"

Né à Vienne d’un père juif et d’une mère catholique, Rudolf Grossmann avait été renvoyé du lycée suite à son engagement dans le mouvement social-démocrate. Émigré aux États-Unis, il commença par collaborer en 1898 au journal social-démocrate Newyorker Volkzeitung, puis, entré en désaccord avec la sociale démocratie, commença à partir de 1900 une collaboration régulière à Die Freiheit publié par Johan Most où il défendait les thèses anti-autoritaires. En 1901 il lançait le périodique Der Zeitgeist (New York) Lors des conférences auxquelles il participait, il s’exprimaitn selon le témoignage du compagnon Julius Seltzer dans « un yiddish germanisé ». En 1902 lors de la grande grève des ouvriers du textile de Patterson où un « jaune » avait été tué, il fut arrêté et condamné à 5 ans de prison pour un discours qu’il avait prononcé ; il s’enfuyait en Angleterre où à Londres il allait fréquenter les locaux du groupe anarchiste yiddish et collaborer à son organe Der Arbeiter Fraynd puis éditer la revue mensuelle Freie Generation (Londres-Berlin, juin 1906-novembre 1908). A Londres il utilisa le pseudonyme de Kl. Morleit avant d’adopter celui de Pierre Ramus du nom d’un humaniste français du 16e siècle. Après un passage par la Suisse, il retournait à Vienne où fin 1907 il fondait le bi-mensuel anarchiste Wohlstand für Alle (Bien-être pour tous) qui devait paraître jusqu’en 1914 et saisi une trentaine de fois et l’annuaire Jarhbuch der freien Generation (5 numéros de 1910 à 1914).

En 1907, membre du Bureau antimilitariste international, il participait comme délégué de Grande Bretagne au congrès international antimilitariste d’Amsterdam où il fit un rapport sur « littérature moderne et anarchisme ». Il y fut aussi le rapporteur aux cotés de R. de Marmande du point 4 de l’ordre du jour "L’Antimilitarisme comme tactique de l’anarchisme" et du point 9 "La littérature moderne et l’anarchisme". Avec Emma Goldman et Max Baginski, il présenta également une résolution définissant L’Internationale anarchiste : “L’Internationale anarchiste est une fédération de groupes autonomes, qui rejette tout bureau central et formera ses rapports internationaux par deux secrétaires correspondants qui mettront régulièrement en rapport ou en relations réciproques suivant les déterminations des groupes ou fédérations des pays respectifs. L’Internationale est entièrement publique et les noms et adresses des secrétaires internationaux devront être donné continuellement sur les journaux anarchistes. Nous proposons d’éditer un Bulletin international… "

Vers 1910, avec l’aide entre autres des compagnons Holub, Haidt, Seben et Stübl, il menait une vigoureuse campagne pour la grève des locataires, campagne qui se heurta à l’hostilité des sociaux démocrates.

Vers le printemps 1911, suite à une conférence sur Francisco Ferrer, il fut poursuivi pour "apologie de faits qualifiés de crimes" et fut condamné à 1 mois de prison et 300 couronnes d’amende.

Rudolf Grossmann Pierre Ramus défendait un anarchisme pacifiste non violent tout en approuvant l’idée d’une révolution basée sur l’action directe, la grève générale des masses, mais réprouvant et condamnant toute terreur individuelle. Il écrivit également plusieurs ouvrages sur le pédagogue espagnol Francisco Ferrer et sur les martyrs de Chicago et traduisit en allemand - il parlait une dizaine de langues - plusieurs classiques de l’anarchisme dont « Paroles d’un révolté » de Kropotkine.

Au moment de la Première Guerre mondiale, il refusa de prêter serment au drapeau et la conscription ce qui lui valut une lourde condamnation aux travaux forcés. D’abord interné de longs mois dans une enceinte fortifiée, il fut ensuite confiné dans un village, puis fut à nouveau emprisonné pour « propagande antimilitatiste ».

Pierre Ramus

Amnistié en 1918 à la suite de la chute de la monarchie autrichienne, il fonda un nouvel organe Erkenntnis und Befreiung (novembre 1918-1927), puis le joural Der Anarchist (1927-1928) et avec sa compagne Sonia (née Ossipowna Friedmann) organisa plusieurs groupes anarchistes à Vienne et en province fédérés dans la Ligue des socialistes sans autorité (Bund herrschaftloser Sozialisten). Il publia également une critique du marxisme (1919) et un projet d’organisation de la société par le communisme anarchiste.

Du 26 au 31 mars 1921, il avait été l’un des délégué au Congrès antimilitariste international tenu à La Haye. Les 15 et 16 mai 1921 il avait participé à Berlin au congrès de la Fédération anarchiste communiste allemande.

En 1922 il publia en allemand les "Paroles d’un révolté" de Kropotkine dont il avait commencé la traduction en 1910, mais dont les manuscrits avaient été en partie saisis par la police ou brûlés par des compagnons craignant une perquisition, pendant la guerre.
En juin 1922, il fut à deux reprises l’objet de tirs de revolvers à son domicile.

Le 27 juillet 1924, avec notamment B. de Ligt, L. Haussard, Constandse et Emma Goldman, il avait été l’un des orateurs du meeting tenu à La Haye pour le 27e anniversaire de la fondation du Bureau international antimilitariste (BIA).

En juin 1933, il avait été poursuivi par le tribunal de Graz pour avoir participé à des opérations de vasectomie et avait été acquitté. En mai 1934, suite à la condamnation en Autriche de 27 camarades accusés de "propagande en faveur de la vasectomie" à des peines variant de 2 à 14 ans de prison, il mena avec N. Bartosek, Maria Schwarzheck, Slatko Anastitiev et Karl Labritz, une campagne pour obtenir la libération des militants emprisonnés. Il fut lui même condamné à une peine de travaux forcés suite à un article paru dans son journal Erkentnis und Befreiung et emprisonné jusqu’à la mi-janvier 1935.

Lors de l’Anchluss en 1938 sa tête avait été mise à prix par la Gestapo. Il fut pourchassé aux cris de « à mort l’athée, à mort le sans patrie ». Il parvint à s’enfuir et à gagner la France où il fut arrêté et interné à Fresnes pour « être entré sans visa ». En septembre 1939, en tant que citoyen d’un pays ennemi, il fut interné dans un camp à Angers puis à Nantes où il parvint à se faire libérer. Il gagna alors le Maroc où il obtenait un visa d’entrée au Mexique. Pierre Ramus est décédé le 27 mai 1942 à bord du bateau qui l’emmenait au Mexique et qui avait été torpillé.

Les archives de Pierre Ramus ont été versées à L’Institut International d’histoire sociale d’Amsterdam Archives Ramus.

Œuvres : - Le communisme-anarchiste comme réalisation pour les temps nouveaux (La Brochure mensuelle, préf. d’E. Armand) ; - La Préparation à la guerre sans la résistance du peuple, pourquoi ? (La Brochure mensuelle, 1935) - Das Rassenproblem und die Menschheit (inédit, 1934) ; - William Godwin, der Theoretiker des kommunistischen Anarchismus (1907) ; - F. Ferrer, sein Leben und sein Werk ; - F. Ferrer und seine Mission ; - Die Opfer und Märtyrer des Justizmordes von Chicago (1912) ; - Die Irrlehre des Marxismus, im Bereich des Sozialismus und des Proletariats (1919) ; - Die Neuschöpfung des Gesellschaft durch den kommunistischen Anarchismus (1921) ; - Friedenskrieger des Hinterlandes. Der Schicksalsroman eines Anarchisten im Weltkriege (1924).


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