C’est à la synagogue de Sager que Iacov Kaplan avait sans doute initié ses dons oratoires, Dans les années 1850 il émigrait en Grande-Bretagne où il s’installait à Leeds et travaillait d’abord comme prédicateur au service de la communauté juive.
Entré en contact avec le petit groupe anarchiste et socialiste juif de la ville il commençait à lire les journaux anarchistes en yiddish Arbeter Fraint et Freie Arbeter Shtimme ainsi que de nombreuses brochures en anglais et ne tardait pas à abandonner son poste de prédicateur pour travailler comme machiniste dans l’industrie de la confection. Il devint alors l’un des animateurs du Club anarchiste juif du 23 New York Street à Kirgate.
Après les violents afrontements lors de la grève des ouvriers du gaz à Leeds, il fut l’un des artisans de l’adhésion en février 1890 des ouvriers juifs de Leeds au syndicat GGLU (Gas workers and general labourers union) dont la section des tailleurs fut alors à prédominance anarchiste. Sur son initiative une nouvelle grève était déclenchée en août 1890 qui toucha en deux jours près de 40 ateliers et fut victorieuse notamment grâce à l’intervention de piquets de grève « musclés ». Lors de la campagne menée paur la journée de huit heures par la Socialits league, les anarchistes appuyèrent cete action et Kaplan lors d’un meeting en octobre 1890 déclara qu’il valait mieux « être un pauvre homme travaillant 8 heures que le même pauvre homme travaillant de 12 à 15 heures ».
Toutefois Kaplan fut rapidement déçu par la bureaucratie syndicale qu’il dénonça dès mai 1891 dans le journal Arbeter Fraint et avant la fin de l’année la plupart des tailleurs juifs avaient quitté le GGLU. Malgré l’opposition des juifs orthodoxes, il fondait alors un syndicat indépendant des ouvriers juifs de la confection (Independant jewish tailors, machinors and pressors’ union) dont il fut en janvier 1892 élu secrétaire et Morris Goldstein président. Ce syndicat ne perdura pas au-delà de 1893. Ce fut à cette époque que Kaplan, à la recherche de travail — il y avait un total de 8.000 chômeurs à Leeds — fut obligé de partir à Londres.
En 1895, après le départ de Saul Yanovsky pour New York, il le remplaça brièvement à la rédaction de Arbeter Fraint avant d’être lui-même remplacé en octobre 1895 par William Wess. Kaplan que R. Rocker considérait comme le meilleur orateur anarchiste juif, participait régulièrement à cette épopque aux meetings hebdomadaires tenus par le mouvement anarchiste juif au Sugar Loaf Pub dans l’East End.
En juiin 1906 il fut l’un des principaux animateurs de la grève des tailleurs qui malheureusement se termina par un échec. Il participait également aux meetings et réunions tenus par le Cercle anarchiste Vekruf du West End qui se tenaient à Soho, 96 Dean Street.
En avril 1912 i prit une part active à une nouvelle grève des tailleiurs qui gagna tous les ateliers londoniens et se termina par l’obtention de toutes les revendications. C’est au cours de cette grève que le 10 mai 1912, avec R. Rocker il fut l’orateur d’un meeting qui avait réuni quelques 8.000 ouvriers grèvistes.
Pendant la Première Guerre mondiale, son fils âgé de 18 ans fut tué au front ce qui provoqua une dépression profonde de la mère qui en décéda deux ans plus tard dans un asile.
La déliquescence du mouvement anarchiste juif après la guerre et l’impact de la Révolution russe dans le mouvement ouvrier, isola petit à petit Kaplan qui passa ses dernières années malade et dans la pauvreté. En 1933 il était hospitalisé et amputé d’une jambe et décédait quelques jours plus tard. Il fut incinéré à Golden Green où Rocker lui rendit hommage.