Né dans une famille de commerçants juifs de Labiau (aujourd’hui Polessk, en Russie), Hans E. Kaminski avait fait ses études d’économie, philosophie et sciences sociales aux universités de Königsberg, Friburg, Berlin, Francfort et Heidelberg où en février 1922 il soutint une thèse en sciences sociales sur la théorie du Dumping.

D’abord militant social démocrate, il effectua de nombreux reportages entre 1922 et 1926 en Italie, en Espagne et au Maroc espagnol lors de la guerre. En 1925 il publia ave le leader socialiste italien G. Matteotti l’étude « Fascimus in Italien », puis fut nommé l’année suivante directeur du journal socialiste Die Volkstimme. En 1928 il s’installait à Berlin où il allait continuer de collaborer à de nombreux journaux de gauche jusqu’à février 1933, où après la victoire électorale des nazis et l’incendie du Reichstag, il émigra en France et s’installa à Paris. Il allait travailler comme rédacteur de plusieurs publications dont Le Mercure de France et la revue allemande Das blaue Heft (Vienne puis Paris). Il fut également membre ave d’autres réfugiés du groupe allemand de la Ligue des Droits de l’homme (LDH). Il participa au Cercle Lutetia, qui se réunissait à l’hôtel de même nom et regroupait différents courants politiques désireux de constituer un front antifasciste. C’est vers cette époque que, déçu par les positions des sociaux démocrates et des communistes allemands, il se rapprocha des anarchistes et notamment de l’AIT.

Á l’automne 1936, avec sa compagne Anita Karfunkel, il partit réaliser des reportages en Espagne. Ils voyagèrent notamment avec Arthur Lehning et Emma Goldman avec laquelle ils visitèrent diverses collectivités. En novembre 1936 il assita à l’enterrement de B. Durruti à Barcelone et son témoignage sera utilisé plus tard comme prologue au livre de Hans Magnus Enzensberger « Durruti le bref été de l’anarchie ». De retour à Paris, il publia en mai 1937 sous le titre Ceux de Barcelone le récit de son expérience dans la Catalogne révolutionnaire. Puis en 1938 il publia la biographie de Bakounine, la vie d’un révolutionnaire et un bref pamphlet dénonçant l’antisémitisme de Céline, Céline en chemise brune ou le mal du présent (Nouvelles édutions Excelsior). Il collaborait également au Libertaire et écrivait une étude sur la nazisme –qui sera publiée en espagnol sous le titre El nazismo como problema sexual : ensayo de psicopatologia (Buenos Aires, 1940).

Fin1939, et malgré un certificat de la Ligue des Droits de l’homme attestant de de sa qualité de réfugié politique antinazi, Kaminski fut interné en tant que sujet allemand dans un camp près de Nevers tandis que sa compagne était internée en mai 1940 à Gurs dont elle parvint à s’évader avec une soixantaine d’autres femmes –dont Hannah Arendt. Après l’occupation de la France par les Allemands, Kaminski gagna Marseille où il fut en contact avec Voline. Après que sa compagne l’ait rejoint, et muni de faux papiers au nom de Narcisse Primat Lenoir, un français mort à Sedan, il put s’établir à Avignon tout en cherchant à émigrer. En septembre 1940 le couple parvenait à gagner Lisbonne puis à partir pour l’Argentine, grâce sans doute à l’intervention de Diego Abad de Santillan. R. Rocker avait essayé en vain de leur obtenir une autorisation pour aller aux États-Unis.

Installé à Buenos Aires en 1941 sous l’identité de Noël Pierre Lenoir, il allait y publier de nombreux livres sur les problèmes de la paix et de la révolution.

Hanns Erich Kaminski est décédé à Buenos Aires, sans doute en 1963.

Œuvres : - outre les titres cités ci-desus ; - Los problemas de la paz (1943) ; - Préface à la paix (1944) ; - Sociologia de la revolucion : genesis desarollo y eclipse des las revoluciones a traves de la historia (1947) ; - Revolucion altitud 4.000 metros (1958) ; - Historia del amor en occidente (1959).