Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

Né en 1912 — mort fin juin ou début juillet 1998

MARTIN, Pierre

Enseignant — SIA — CNTF — Aulnay (Seine-Saint-Denis) — Sénégal — Grasse (Alpes-Maritimes)
Article mis en ligne le 2 juillet 2008
dernière modification le 5 août 2024

par R.D.
Pierre Martin (1961)

C’est alors qu’il était en fin de sursis universitaire que Pierre Martin, étudiant en droit issu d’une famille de commerçants de Chartres, se déclatait en 1937 objecteur de conscience et était condamné à 18 mois de prison. Il reçut à l’époque le soutien de Jean Giono. En avril 1939, il était condamné à une peine de deux ans pour un nouveau refus d’endosser l’uniforme. Au moment de la déclaration de guerre il se trouvait hospitalisé dans un établissement militaire suite à une grève de la faim. Il fut ensuite transféré à la prison de Clairvaux où il travaillait au greffe et se retrouvait avec une soixantaine d’antimilitaristes et libertaires dont Jehan Mayoux, Gilles Dubois et Gaston Leval. Lors du bombardement de la prison le 6 juin 1940, il participa aux secours aux victimes. Après le bombardement, et comme une cinquantaine d’autres prisonniers dont Gilles Dubois, il retournait à la prison pour y récupérer ses papiers ; le sous-directeur et des gardiens revenus à leur poste les réincarcéraient, sous prétexte que « n’ayant pas d’ordre de les garder, il n’en avait pas non plus de les relâcher ». Libéré en avril 1941, il ne tardait pas à être une nouvelle fois arrêté sur son lieu de travail pour être envoyé en Allemagne au titre du Service du travail obligatoire (STO) mais parvenait à s’échapper. Il racontera cette partie de sa vie dans le livre « Candide face au Moloch ».

A la libération il était membre de la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA) et à la CNTF d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) et collabora à un certain nombre de journaux pacifistes dont Les Cahiers du pacifisme (Saint-Étienne/Paris, au moins 63 numéros d’avril 1946 à l’été 1963) dont il fut l’un des gérants et Les Nouvelles Pacifistes (Paris, 9 numéros d’octobre 1949 à avril 1950) organe de la Confédération Générale Pacifiste et animé par Louis Louvet et André Maille.

En 1948 il fut responsable d’un chantier du Service civil international en Kabylie, expérience qu’il racontera dans le livre « En Kabylie dans les tranchées de la paix ». Après des études de sociologie, il s’installait en 1959 au Sénégal et épousait Jacqueline Dumeste. Il participait activement en 1960 aux luttes contre l’expérimentation de la première bombe atomique française au Sahara, puis dans les années suivantes aux campagnes menées par Louis Lecoin pour obtenir un statut des objecteurs de conscience. Il collabora alors à Liberté (Paris, 1958-1971) de Louis Lecoin puis à Le Réfractaire (Paris, 1974-1983) de May Picqueray. En mai 1961, il fut l’un des six « André Bernard » — tous les participants à une action prenant la même identité selon une stratégie mise au point par l’Action civique non violente — arrêtés à Marseille avec le vrai André Bernard, insoumis depuis 4 ans,

En 1966 il animait un groupe africain d’études et d’action non violente au Sénégal et dans les années 1970 soutenait activement les paysans du Larzac. Puis il se retirait à Grasse où il décdait fin juin ou début juillet 1998.

Œuvres : — Candide face au Moloch (Ed. d’Utovie, 1983) ; — En Kabylie dans les tranchées de la paix.


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