Membre du cerlce Syndicaliste lutte de classes et de l’Union Anarchiste (UA), Marcel Guennec, qui habitait 7bis rue de Crosne, était en 1937 le secrétaire du groupe de Villeneuve-Saint-Georges Il participa à la même époque à l’organisation du groupe de Brunoy dont il fut le secrétaire et collaborait au Libertaire. Il travaillait alors à l’imprimerie du Croissant. Il fut en 1938-1939 le responsable avec Georges Gourdin et Ringeas de la page syndicaliste du Libertaire, intitulée Le Libertaire syndicaliste. Il y défendit, en particulier pour le congrès confédéral CGT de novembre 1938, l’unité de toutes les minorités révolutionnaires (Cercle syndicaliste lutte de classes, École émancipée, Révolution prolétarienne, Voix Syndicaliste) et une alliance avec la tendance réformiste Syndicats, pour contrer l’influence stalinienne, tactique qui échoua. Il collaborait également à l’organe de la CGTSR Le combat syndicaliste.
L’année suivante il publia avec entre autres Rollet, F. Rose, Guérin, Gourdin, Tidone et Galli le bulletin imprimé Notre Syndicalisme (Paris, n°1 le 9 décembre 1939) où il défendait ses conceptions syndicalistes révolutionnaires. Le bulletin portait en manchette « Ce n’est pas parce que l’Humanité a eu tort que Syndicats a raison ». Ce numéro, sans doute unique, dont le gérant était Tidone, avait subi les interventions de la censure.
Après le pacte germano-soviétique et l’exclusion des communistes du bureau confédéral de la CGT, il avait écrit dans le dernier numéro paru du Libertaire (31 août 1939) avant la guerre : “…Le moment est venu de redresser le mouvement syndical par l’éviction totale des bolchévistes ».
Au printemps 1940 et selon la police, avec G. Rollet, il avait rencontré Anderson en permission et s’était mis d’accord avec lui pour proposer à Duviquet de rechercher un nouveau local, l’ancien local de la rue de Bondy ayant été abandonné en avril. Toujours selon la police, il restait alors dans les caisses de l’UA « une somme totale de 2.000 francs qu’on a décidé de réserver pour le cas où il serait possible ou utile, en présence d’évènements graves, de faire paraître une publication quelconque »
Pendant la seconde guerre mondiale, il fit partie du réseau monté en région parisienne par Henri Bouyé en vue de réorganiser le mouvement libertaire. Fin juillet 1944 il fut l’auteur d’une des premières affiches éditées par les libertaires : « …une affiche au format 65x50 cm est imprimée avec pour titre RETOUR Á LA LIBERTÉ sous le sigle Fédération anarchiste. Son texte est l’œuvre du camarade Guennec, du groupe de Villeneuve-Saint-Georges. Elle enthousiasma tellement les militants en région parisienne, que nous en manquâmmes. Les allemands n’avaient encore que partiellement quitté Paris, qu’on la voyait déjà sur les murs. » (cf. témoignage d’H. Bouyé).
Membre du CN de la FA en 1945, il collabora l’année suivante à la revue Plus loin (Paris, 2 numéros en mars et juin 1946) dont l’administrateur était Robert Joulin et à laquelle collaborèrent entre autres Louis Mercier Vega Damashki, M. Dieu Hem Day, G. Fontenis Fontaine, Marcel Lepoil, André Prudhommeaux, Armand Robin, André Vignier et Serge Ninn. Il collabora également dans les années 1950 à la série mensuelle de Contre-courant de L. Louvet.
Militant de la CGT, il prit une part très active aux grèves de la presse parisienne de 1947 et du labeur en 1948. Il fut délégué au congrès de juin 1949 de la Fédération du livre à Bordeaux. Il fut ensuite pendant 7 ans le secrétaire adjoint du syndicat et à partir de février 1959 membre de la Chambre typographique parisienne. M. Guennec se définissait comme un syndicaliste « refusant non seulement à transiger avec les gouvernements et les partis, mais se refusant même à leur reconnaitre la moindre capacité pour mener à bien la grande œuvre d’émancipation du travail… » considérant que « Le syndicat suffit à tout ce qui concerne la libération des travailleurs ». Au sein de la Fédération du Livre il fut de ceux qui s’opposèrent au parti communiste : « Tout comme nos anciens qui jusqu’à 1906 durent mener une lutte impitoyable pour purger les syndicats de l’influence dissolvante et corruptrice des politiciens socialistes, lesquels prétendaient parler au nom d’une classe ouvrière qui jamais ne leur conféra ce mandat, de même… nous avons à conduire une bataille plus dure encore pour soustraire notre mouvement syndical à la mainmise d’un parti déterminé — d’ailleurs héritier de l’autre — le parti communiste »(in Contre-courant, juillet 1952)
Selon la revue syndicaliste révolutionnaire La Révolution prolétarienne, Marcel Guennec serait mort à la fin de l’hiver 1986.