Dictionnaire international des militants anarchistes
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LAMURE, Eugène, Clément
Né le 5 novembre 1873 à Paris - Garçon de magasin – Paris
Article mis en ligne le 12 août 2018
dernière modification le 27 octobre 2023

par Dominique Petit, R.D.
Eugene Lamure

Eugène Lamure demeurait avec sa mère et sa sœur, 32 rue St Germain l’Auxerrois. Fils aîné de veuve, il avait été tiré au sort en 1893, avait été ajourné du service militaire pour cause de maladie vénérienne et avait tenté, au conseil de révision, de se faire passer pour analphabète, alors qu’il possédait un certificat d’études primaires. Il professait des opinions antipatriotiques et avait déclaré plusieurs fois qu’il déserterait s’il était incorporé.

Selon un rapport de police, il frappait sa mère et sa sœur, menaçant à tout propos de les « étriper ». Les coups portés à sa mère auraient été parfois si violents que celle-ci était obligée de garder la chambre pendant plusieurs jours. Le 2 mars 1894, elle se serait rendue au bureau militaire de la mairie du 1er arrondissement pour supplier de la débarrasser de ce fils indigne.

De 1888 à 1890, il travailla comme garçon de magasin chez Périer-Febvre, 17 passage Choiseul. Il partit ensuite en Amérique où il resta 16 mois et fut rapatrié par le consulat.

Eugène Lamure avait été recherché en vain en avril-mai 1892 ; il aurait été, selon la police, membre du groupe L’Action (?)

Lamure travaillait chez M. Bourgognon, commissionnaire en fleurs, 17 rue d’Hauteville depuis novembre 1893.
Il assistait aux réunions anarchistes. Lors du procès de Ravachol, il voulut pénétrer de force au palais de justice et fut arrêté pendant quelques heures. Toutefois après l’adoption des lois scélérates, il se tenait, selon la police “sur une grande réserve” et se méfiait de tout le monde.

Le 30 juin 1894, le préfet de police délivrait un mandat de perquisition et d’amener à son encontre, pour association de malfaiteurs.
Le 1er juillet 1894, à 4h du matin, le commissaire de police trouva Lamure entrain de sortir de chez lui. La perquisition à son domicile fit découvrir : un paquet enveloppé d’un papier couleur brique, contenant deux plans de bombe, l’explication manuscrite, en langue italienne, pour la fabrication d’une bombe au chlorate de potasse, 9 feuillets contenant des notes sur la fabrication de cartouches de dynamite et de la nitroglycérine, un cahier de 12 feuillets où était écrit au crayon, la composition du fulmi-coton, un carnet de notes manuscrites indiquant la composition de diverses substances explosibles et les adresses des maisons où on pouvait s’en procurer les éléments, un cahier portant sur la couverture le nom de « Rudolf », contenant des signes alpabétiques spéciaux, un cahier renfermant une formule de liquide pour la destruction des papiers, une brochure anglaise imprimée, traitant de la fabrication des explosifs.
La police découvrit aussi des exemplaires de la Révolte, du Père Peinard, du Courrier de Londres et l’Europe, un numéros du Chambard, des brochures : « Les anarchistes de Xérès”, “A l’armée”, “Mort aux arsenaux, mort à l’armement”, “Paroles d’un révolté » de Kropotkine, « La dynamite et la nitro-glycérine » par Champion, « De la Commune à l’anarchie » par Malato, « La société mourante et l’anarchie » de Grave, « Mémoire présenté par la Fédération jurassienne à toutes les fédération de l’Internationale » et des prospectus portant indication de diverses compositions chimiques.
Lamure fut conduit au Dépôt. Il reconnut être anarchiste de théorie “partisan des réformes nécessaires par l’évolution et non par le crime”. Concernant les documents sur la fabrication de bombes, il expliqua qu’il ne comprenait pas comment ces documents étaient arrivés chez lui, déposés par quelqu’un pour lui nuire. Il affirma également ne connaitre le nom d’aucun anarchiste et n’être affilié à aucune association. Quand aux journaux ou écrits anarchistes trouvés chez lui, il indiqua les avoir achetés sur la voie publique ou dans des kiosques à journaux où “ils étaient vendus librement”.

Le 4 juillet 1894, il était incarcéré à Mazas. Le 12 juillet 1894, sa mère fit un courrier au juge d’instruction, pour fournir des certificats de travail, justifiant les bons renseignements de ses employeurs. Une lettre d’une amie de la famille expliqua qu’il était parti aux Amériques pour gagner de l’argent afin d’aider sa mère et le qualifia de « garçon tout à fait inoffensif ». Le 18 août, Lamure fut remis en liberté.

Le 4 juillet 1895, le juge Meyer délivrait une ordonnance de non-lieu pour l’inculpation d’association de malfaiteurs.

Lamure figurait sur une liste des anarchistes parisiens après 1900 et demeurait à la même adresse.


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