Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

FONTAINE, Jean, Marie

Né le 6 octobre 1879 à Simandre (Saône-et-Loire) — mort le 4 mars 1966 — Instituteur — FA — SNI — Rhône
Article mis en ligne le 7 septembre 2012
dernière modification le 8 août 2024

par R.D.

Instituteur libertaire dans le Rhône, collaborateur de L’École Rénovée de Francisco Ferrer, Jean Fontaine rédigea, en 1907, la brochure de la Fédération nationale des syndicats d’instituteurs Les Instituteurs syndiqués et la classe ouvrière. Il exerça les fonctions de secrétaire corporatif de la Fédération après le congrès d’Angers tenu du 25 au 27 mars 1910, Léger étant secrétaire général. Au congrès de Chambéry, VIIe congrès de la Fédération qui se tint du 15 au 17 août 1912, c’est Fontaine qui fit adopter la création dans les sections du « Sou du soldat » destiné à conserver « Les bonnes relations de camaraderie […] avec les collègues partis à la caserne ». C’est ce vote qui constitua, selon les adversaires de la Fédération, « le scandale de Chambéry » à la suite duquel le gouvernement invita les syndicats d’instituteurs à se dissoudre avant le 10 septembre (circulaire du 23 août). Il y eut alors menaces de révocation et Fontaine prit la responsabilité de la trésorerie du Rhône. Il fut condamné à 30 F d’amende, le 18 décembre 1912, comme membre du bureau du syndicat. Mobilisé pendant la guerre, il se fit remarquer, dans sa correspondance, par ses tendances pacifistes.

Nommé en 1920 à Saint-Rambert-l’Île-Barbe (Rhône), il était membre du groupe communiste révolutionnaire (?) et il adhérait aux CSR (Comités syndicalistes révolutionnaires). Membre du comité départemental de l’enseignement primaire, secrétaire du syndicat, il donna « bruyamment sa démission (du conseil) pour protester contre les poursuites dont les syndicats d’instituteurs étaient l’objet » (préfet du Rhône à Intérieur). Le 25 juin 1921, il fut condamné à 25 F d’amende par le tribunal correctionnel de Lyon comme membre du bureau du syndicat des instituteurs.

En avril 1935, lorsque le secrétaire général du syndicat des instituteurs André Lavenir fut sanctionné par l’inspecteur d’académie Rouède en raison de propos antipatriotiques parus dans le bulletin corporatif du syndicat, J. Fontaine, alors en retraite, manifesta avec éclat sa solidarité.

Le 21 septembre 1935, il signa dans L’Effort, hebdomadaire du Cartel autonome du Bâtiment lyonnais, ses réflexions d’un militant élu conseiller municipal (il venait d’être élu aux élections municipales de mai 1935) et il en profitait pour exalter le nihilisme national : « Pendant trente-cinq ans, dans ma classe, j’ai piétiné l’idée de patrie » écrivait-il et, arrivé à la retraite, cela n’avait pas empêché « L’élection de l’instituteur antimilitariste et antipatriote ». Il ponctuait son article de la triple profession de foi suivante : « À bas les patries ! à bas les nations ! à bas les défenses nationales ! »

En tant que conseiller municipal, son mandat prit fin en décembre 1941 — il démissionna alors ou fut démis de ses fonctions. Arrêté, il fut détenu au camp de Nexon (Haute-Vienne) puis déporté au camp de Djelfa (Algérie).

Après la guerre il milita à la Fédération anarchiste et collabora notamment au Monde libertaire et aux Cahiers du socialisme libertaire de Gaston Leval.

Jean Fontaine mort le 4 mars 1966 à Villié-Morgon (Rhône)

Oeuvres : Instituteurs, syndiquez-vous, brochure, 1910. — Un Maître à penser, Lyon, 1967, 80 p. (recueil d’articles de J. Fontaine publiés dans Le Monde libertaire et réunis par sa veuve). — J. Fontaine collabora en outre à La Vie ouvrière de P. Monatte et à La Révolution Prolétarienne animée par le même militant.


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