Né dans une famille d’opposant à l’Empereur de Prusse, Alfred Sanftleben avait été éduqué dans un internat en Suisse où il avait appris de nombreuses langues (français, allemand, italien, anglais, portugais…). Employé de commerce à Berlin en 1890 il y militait dans la jeunesse socialiste qui était alors sur des positions libertaires. Puis il retournait à Zürich où il allait devenir un militant anarchiste très actif et un collaborateur de la presse libertaire notamment à La Révolte, Les Temps nouveaux et la revue de Gustav Landauer Der Sozialist.
Le 1er mai 1894 il fut arrêté à Berne avec d’autres compagnons qui manifestaient avec un drapeau noir.
Sa connaissance des langues lui permit de traduire de nombreux articles de la presse anarchiste internationale et en 1896 il proposa même de créer un bureau international de traduction de documents anarchistes à son domicile de Zürich (cf. Les Temps nouveaux). Cette même année il assistait au congrès socialiste international de Londres où il faisait la connaissance de Max Nettlau et faisait une traduction allemande de La Conquete du pain de Kropotkine.
Très intéressé par les écrits de Giovanni Rossi et de son expérience de communauté (La Cecilia), il publiait en 1897 une importante compilation de ses écrits sous le titre Utopie und experiment (rééd. Karin Kramer Verlag, 1979). En 1898, en tant qu’anarchiste il participait à une réunion à Zürich entre anarchistes et socialistes suite à l’assassinat de l’Impératrice d’Aitriche par Luccheni et condamnait ce geste.
En 1900, après avoir donné sa bibliothèque à un groupe anarchiste de Zürich, il émigrait en Californie pour tenter d’y récupérer un héritage. Travaillant comme typographe, il fut atteint d’une maladie professionnelle liée au plomb et dut pendant deux années resté inactif. Puis il reprist son militantisme à Los Angeles où il rencontra notamment les frères Ricardo et Enrique Flores Magon et collabora à la quatrième série de la revue Regeneracion (n°1, 3 septembre 1910) où il fut l’un des rédacteurs de la page en anglais et où en décembre il fut remplacé par Ethel Duffy Turner. Alfred Sanftleben continua par la suite sa collaboration à la presse socialiste et anarchiste et les contacts avec notamment Rudolf Rocker et Max Nettlau.
Dans les années 1930 il était membre du groupe Kropotkin de Los Angeles dont étaient également membres J. Scarceriaux, Harry Cohen, Walter Holloway, Sprading, etc.
Alfred Sanftleben est décédé à Los Angeles le 10 février 1952. Selon le témoignage de Johanna Boetz, il travaillait à la fin de sa vie comme charpentier, « vivait seul et frugalement, aimait les chats, un homme gentil et délicat » qui légua ses archives à R. Rocker.
Sous le nom de Slovak il avait également collaboré au journal Freiheit (New Yprk, 1882-1910) de Most ainsi qu’à la revue Mother earth d’Emma Goldman et à The road to freedom (1924-1932) d’H. Havel.