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LAMBERET, Madeleine
Née le 6 mars 1908 – morte le 9 mai 1999 - Artiste peintre ; professeur de dessin - SIA –CNT - Paris – Espagne
Article mis en ligne le 18 août 2010
dernière modification le 22 février 2024

par R.D.

Sœur cadette de Renée Lamberet, Madeleine avait commencé à dessiner dès l’âge de 9 ans et à peindre dès ses 14 ans. Elle étudia à l’École des arts décoratifs de Paris, notamment la gravure, puis dans les ateliers de divers grands peintres dont Signac, Vuillard et Maurice Denis. Elle fit sa première exposition en 1929 au Salon d’automne. Elle obtint plusieurs prix dont en 1934 le prix Blumenthal, dont elle ne reçut que la moitié, parce qu’étant une femme. Au début des années 1930 elle découvrait l’Andorre, les Pyrénées et l’Espagne dont elle aimait à peindre les paysages et ses habitants et y entra en contact avec le mouvement libertaire.

Au moment du coup d’État franquiste de juillet 1936, elle se trouvait en Andorre avec sa sœur Renée et les deux jeunes filles parvenaient à entrer en Espagne, épisode que Madeleine racontait ainsi : « En 1936 nous étions en Andorre en famille, nous avons appris les évènements de la révolution, mais il était très difficile de passer en Espagne. Quand mes parents sont partis, nous avons essayé… de passer la frontière… vers la Seo d’Urgell, nous avons essayé deux fois et avons été repoussées. La troisième fois, nous sommes allées sans rien, ave une petite robe légère, rien dans les mains, rien dans les poches et nous sommes arrivées à entrer en Espagne… Nous sommes entrées à la Seo d’Urgell, Renée et moi, et nous avons été accueillies surtout par les deux miliciens dont j’ai fait les portraits, Carricondo et Peiret… ». Toutes deux allaient être les témoins de la Révolution qui s’y déroulait. Tandis que Renée enquêtait sur les collectivités et accumulait informations et témoignages qui feront d’elle un historienne incontournable de la révolution espagnole, Madeleine l’accompagnait avec son carnet de dessin où elle croquait « sur le vif les militants anarchistes rencontrés » (dont Virgilio Garrido, Francisco Giner, Bernardo Pou, Baltasar Lobo et beaucoup de miliciens anonymes) et « des scènes de la vie quotidienne ». Elle fit un nouveau séjour à Barcelone en août 1937 et en profita pour exécuter de nouveaux portraits de militants à la Casa CNT-FAI. Elle écrivit également plusieurs articles dans Le Libertaire et SIA sur les activités de la SIA en Espagne.

A partir de 1937, Madeleine Lamberet commença à travailler comme professeur de dessin dans les écoles élémentaires de la Ville de Paris, poste qu’elle occupera jusqu’à sa retraite en 1969.

Lors de la Retirada de février 1939, elle participa avec Renée à l’aide apportée aux réfugiés internés dans les camps du sud de la France et, là encore, dessina plusieurs scènes poignantes au passsage de la frontière au Perthus et au camp de Bram. Pendant la période de l’occupation nazie, elle utilisa « ses talents de graveur pour permettre aux camarades de survivre dans la clandestinité » et participa à l’atelier de faux papiers monté par le compagnon espagnol Laureano Cerrada.

Au lendemain de la Libération, et alors que sa sœur Renée présidait la Commission d’aide aux antifascistes bulgares qui édita la brochure Bulgarie, nouvelle Espagne où était dénoncée la féroce répression communiste dont les anarchistes étaient victimes, Madeleine Lamberet se rendit en 1947 en Bulgarie pour y assurer la liaison avec les compagnons et en particulier avec Georges Grigorov. Ce dernier devra fuir la Bulgarie l’année suivante et parviendra à gagner fin 1949 la France où il deviendra le compagnon de Madeleine et militera sous le nom de Georges Balkanski. Madeleine ne cessera dès lors de participer aux activités de l’AIT, de l’Union des anarchistes bulgares en exil et du mouvement libertaire espagnol.

Lors de l’ouverture au début des années 1970 du local de la CNT du 33 de la rue des Vignoles (20e arr.), elle fit don de plusieurs de ses peintures inspirées par la révolution espagnole qui ornèrent les diverses salles de réunion. Lors de la longue grève des nettoyeurs du métro, menée par le syndicat du nettoyage de la CNTF, elle fit également don de plusieurs tableaux en signe de solidarité.

Femme d’une grande délicatesse et d’une exquise douceur, elle ne manqua jamais jusqu’à son décès de participer aux réunions, repas solidaires, et autres fêtes du livre qui se tinrent au local confédéral.
Après la mort de sa soeur Renée en 1980, elle s’occupa du transfert de ses importantes archives à l’Institut d’histoire sociale de Paris.

En juin 1998, avec le soutien du syndicat CNTF de la communication et de la culture, une exposition de ses dessins réalisés en Espagne fut organisée à L’Espace Louise Michel dans le 20e arrondissement. Une plaquette de 32 pages, tirée à 200 exemplaires et réunissant la trentaine de dessins exposés, sera éditée à cette occasion.

Madeleine Lamberet, dont le compagnon Georges Grigorov était décédé en octobre 1996, mourut à Paris le 9 mai 1999 et a fut incinérée le 14 mai.

Œuvre : - illustrations du recueil de poésies Vidas truncadas de F. Roldan (1973).


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