Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

BERRIER, Auguste, Ferdinand

Né à Arles (Bouches-du-Rhône) le 22 novembre 1874 — mort en 1951 — Ouvrier tourneur puis marchand ambulant — AIA — CGT — Marseille (Bouches-du-Rhône)
Article mis en ligne le 20 août 2009
dernière modification le 6 août 2024

par R.D., René Bianco

Marié et père d’un enfant Auguste Berrier s’était fixé à Marseille en 1896 dans le quartier de Mempenti où il militait au groupe anarchiste du quartier. Il fut arrêté le 29 mai 1898, Quai de la Joliette, lors d’une manifestation à l’arrivée de Drumont, député d’Alger, mais il fut relaché le soir même.

Il travailla d’abord comme tourneur aux Forges et Chantiers où selon un rapport de police il était « estimé de ses patrons ainsi que des ouvriers qui travaillent avec lui ». Puis il abandonna cet emploi pour se livrer l’été à la vente de la glace et l’hiver à celle de la friture. Mais il n’en demeura pas moins militant syndicaliste et prit la parole à plusieurs reprises dans les meetings organisés à la Bourse du travail au cours des années 1900-1903.

En janvier 1901, le groupe de Menpenti ayant décide d’acheter une machine à imprimer pour éditer un journal dans le sud-est, il avait été chargé de recueillir la souscription. Il demeurait alors 107 Grand Chemin de Toulon. A cette même époque le groupe organisa une soirée-conférence au bénéfice des compagnons italiens de L’Agitazione.

Au printemps 1901, après l’abandon du local du groupe de Menpenti « suite à l’inertie et le peu d’empressement des camarades », ce fut à son domicile, 9 rue Présas, que furent entreposés les livres de la bibliothèque. En septembre suivant, avec le compagnon J. Potigny, il tentait de fonder le groupe La Liberté d’opinion.

Le 15 février 1902, il fut arrêté à Nîmes avec son frère Célestin, François Huau et Pascal Mazan sous l’inculpation de « fabrication et émission de fausse monnaie », mais tous furent acquittés le 30 mai 1902 par la Cour d’assises de Nîmes.

En 1903 il était le responsable des fonds du Milieu libre de Provence dont E. Merle était l’animateur. A l’été 1904, suite à l’abandon de l’expérience, il fut chargé de verser le reliquat des fonds au profit de la propagande antimilitariste.

A Marseille, il demeura successivement 21 rue Sainte-Cécile (1899), 1 rue Notre Dame des Anges (1902), 11 rue Clothilde (1903) et 1 rue Espérandieu à partir du 6 octobre 1904.

Sur le plan syndical, il fut le gérant de L’Ouvrier syndiqué (Marseille, 1888-1914) organe officiel de l’Union des chambres syndicales ouvrières et en 1903 fut élu membre du conseil d’administration de la Bourse du travail. Il fut par ailleurs le gérant de L’Action antimilitariste (Marseille, 4 numéros du 15 septembre 1904 au 15 janvier 1905) organe de l’Association internationale antimilitariste (AIA) et pour lequel il fut poursuivi avec l’imprimeur Ange Giretto.

Dans une note de police du 30 septembre 1907, il était indiqué : « âgé de 32 ans, il passe presque tout son temps à la Bourse du travail dont il est membre du conseil d’administration… Il ne s’occupe que des théories anarchistes et appartient au groupement antimilitariste ». En effet l’activitté de Berrier fut intense au Groupe central libertaire pour lequel il organisa de nombreuses soirées familiales, de grandes condérences publiques avec Sébastien Faure en 1903, 1907 et 1908, avec Gustave Hervé en 1909, sans compter les innombrables réunions publiques dans les divers quartiers de la ville.

En 1909, après l’éviction de plusieurs compagnons de leurs responsabiités syndicales par les tendances modérées, il fut avec Bougearel et Auguste Durand l’un des fondateurs du Groupe intersyndical qui avait pour but le regroupement des révolutionnaires et se réunissait au 9 quai de la Fraternité. Ce groupe prit l’initiative de publier le jounal L’Ouvrier Conscient (Marseille, 5 numéros du 6 février au 16 mai 1909) dont il fut le trésorier et dont les principaux collaborateurs étaient Gustave Cauvin (gérant), A. Sartoris, Caroline Amblard et Antoine Galleano. Le journal se présentait ainsi à ses lecteurs : « …L’ouvrier conscient sera l’organe de tous ceux qui veulent que le syndicalisme parvienne à ses fins révolutionnaires, de tous ceux qui veulent le voir se dégager de la tutelle intéressée des pouvoirs publics ; de tous ceux qui pensent que le subventionisme est le narcotique par lequel les classes dirigeantes espèrent enrayer les progrès de l’esprit de révolte. De tous ceux qui désirent que les organisations ouvrières soient autant de centres d’éducation et d’action et non, comme c’est souvent le cas, des nids de candidats et des antichambres pour arrivistes. De tous ceux enfin, qui désirent que s’intensifie la propagande révolutionnaire et devienne de plus en plus consciente, énergique et audacieuse » (cf. n°1, 6 février 1909).

En 1910, avec Cauvin, Bougearel et Durand il fut le fondateur du Comité de Défense Sociale (CDS) de Marseille dont la création fut annoncée dans Les Temps nouveaux (16 avril 1910). Le CDS, qui était présidé par la citoyenne Chardon, membre de la Libre Pensée et de la Société des proscrits de 1851, était le type même de groupement souhaitée par les anarchistes, se constituant avec un but précis, pour une action donnée et permettant un large regroupement de libertaires socialistes révolutionnaires antimilitaristes et syndicalistes. Le comité dont le premier siège se trouvait au Bar Grasset, boulevard Dugommier, fut particulièrement actif lors de la campagne nationale contre les bagnes militaires, lors de l’affaire Aernoult-Rousset et fut notamment l’organisateur du meeting tenu à la Bourse du travail le 11 février 1912 à l’occasion du retour en France des cendres d’Aernoult, et de celui qui suivit l’arrivée à Marseille le 30 septembre 1912 de Rousset qui le présida et auquel assitèrent plus de 3000 personnes.


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