Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

ROUSSET, Émile, Étienne

Né à Lyon (Rhône) le 20 janvier 1883 — mort en juillet 1961 — Ouvrier terrassier — Lyon (Rhône) — Paris
Article mis en ligne le 16 juin 2009
dernière modification le 17 juillet 2024

par R.D.
Émile Rousset (1939)

Né dans une pauvre famille ouvrière de Lyon et orphelin de père à l’âge de 11 ans, Émile Rousset, ouvrier terrassier, dut, après un vol et une condamnation à 5 ans, faire son service aux bataillons d’Afrique. Il arriva à Medea en février 1908 où il écopa rapidement de trois mois de prison à la suite d’une rixe. Dès sa sortie du cachot il fut envoyé à Djenan El-Dar au bagne de Biribi. Témoin en juillet 1909 des mauvais traitements infligés par un gradé à un disciplinaire nommé Albert Aernoult, mauvais traitements qui entraînèrent la mort, il le dénonça ainsi que le sort fait à d’autres, ce qui lui valut un nouvel internement en cellule puis une condamnation à 5 ans de travaux forcés par le Conseil de guerre tenu à Oran le 19 janvier 1910.

Interné à Douéra, et suite à une campagne menée en France par les libertaires, les syndicats, la presse libertaire et socialiste, il fut finalement gracié le 13 avril 1910. Peu après, de retour à Medea, il fut accusé lui-même du meurtre d’un de ses camarades lors d’une rixe et, bien que la victime avant de mourir l’ait innocenté, fut condamné le 8 décembre 1911 à 20 ans de travaux forcés et 20 ans d’interdiction de séjour.
Un comité Rousset, par suite de désaccords avec le Comité de défense sociale, avait alors été formé, dont le secrétaire était R. de Marmande et auquel avaient entre autres adhéré Alfred Dreyfus, C. A. Laisant, J. Grave Han Ryner, Victor Marguerite et Anatole France.

Émile Rousset (1909)

Après une vigoureuse campagne menée en particulier par le Comité de défense sociale (CDS) il bénéficia finalement d’un non-lieu le 24 septembre 1912. A son retour en France, arguant de son interdiction de séjour, la police l’empêcha d’assister à la grande manifestation tenue à Paris pour fêter sa libération. Il poursuivit ensuite la lutte contre les bagnes militaires et écrivit : « Enfant du peuple, ouvrier, j’entends rester avec ma classe ; c’est dans ses rangs que je dois et que je veux combattre. Le prolétariat surtout est victime des atrocités militaires. Modeste militant, je travaillerai à la destruction d’institutions infâmes, honteuses, condamnées par tous les gens ayant de sentiments d’humanité ». Il était alors domicilié 113 Boulevard Blanqui (XIIIe arr.)

Incorporé en 1914 au 75e régiment d’infanterie, il fut envoyé à Beliniana au Maroc. Menacé à nouveau de comparution devant un conseil de guerre, il fut, à sa demande, dirigé sur le front après intervention de ses amis, dont C.-A. Laisant.

Après la guerre, il continua à militer dans les milieux libertaires ou sympathisants. En 1950 il était membre de la Fédération anarchiste en région parisienne et soutenait les réunions et galas organisés par le journal Liberté.

Émile Rousset est décédé en juillet 1961 et a été enterré à Vitry.

Émile Rousset (portrait par A. J. Alexandrovitch)

Oeuvres : — Du fond de l’abîme. Lettres d’Émile Rousset, brochure de 32 p., 1912, publication des Temps nouveaux, n° 56, Bibl. Nat. 8° R 15 263 ; — Mes Mémoires in La bataille syndicaliste, année 1912 et in Le Combat (Tourcoing, 1912) ; —


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