Dictionnaire international des militants anarchistes
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ROUMILHAC Jean
Né le 2 novembre 1892 à Compreignac (Haute-Vienne) - mort le 27 juillet 1949 - Industriel - SIA – Limoges (Haute-Vienne) – Marseille (Bouches-du-Rhône)
Article mis en ligne le 15 juin 2009
dernière modification le 22 février 2024

par R.D., René Bianco
Jean Roumilhac

Issu d’une famille de modestes paysans limousins qui avait dû abandonner le travail de la terre pour s’embaucher dans les fabriques de porcelaine de Limoges, Jean Roumilhac compléta ses études secondaires par des études commerciales à Paris. Très vite remarqué par son employeur il fut envoyé à Stockport, au coeur du Lancashire, en Angleterre. Il s’y initia aux techniques de la filature avant que la guerre ne le ramène en France où il parvint à se faire réformer.
Il voyagea alors en Espagne pour explorer les possibilités commerciales et y noua des liens d’amitié avec les syndicats ouvriers et les groupes anarchistes de Bilbao et de Barcelone. En 1915 il épousa une institutrice anglaise, Annie Morton, ils eurent deux filles.

Après l’armistice, il créa sa propre entreprise à Marseille. Dans le but d’édifier une usine modèle, il entreprit des recherches au sein du Comité de l’Organisation française, de l’Institut International d’Organisation scientifique du travail, du BIT et avec le concours des syndicats. Il créa ainsi la Compagnie du Fil de Lin située au 85 av. de la Pointe rouge à Marseille. Bien avant le Front populaire les quelques 250 employés de la Compagnie bénéficiaient de toutes les mesures sociales : restaurant d’entreprise, les 40 heures, les congés payés

Parallèlement à ses activités professionnelles, Jean Roumilhac garda des liens étroits avec les milieux libertaires qu’il avait commencé à fréquenté très jeune lorsqu’il vivait à Limoges. Ainsi, pendant la guerre d’Espagne, il se rendait une fois par mois à Barcelone et ne ménageait pas son aide. Il s’employa activement à contrer et tourner la non-intervention qu’il jugea criminelle et collabora très étroitement avec les responsables de la CNT et de la FAI (Fédération anarchiste ibérique). Il collabora à cette époque au Combat syndicaliste.

Après la victoire de Franco et l’internement en France de tous les réfugiés Espagnols, il ne cessa d’agir pour en faire libérer le plus grand nombre, fournissant des certificats et créant des colonies d’accueil pour les enfants. Il employa dans sa filature de nombreux réfugiés espagnols, de préférence membres de la CNT. Il servit également de prête nom pour l’achat par la CNT espagnole du domaine d’Aymare (Lot) qui pendant et après la guerre permettra d’acceuillir de vieux compagnons et d’organiser une collectivité agricole active jusqu’au début des années 1960. Il en fut l’administrateur jusqu’au moins 1947.

Dès le débuts de l’Occupation allemande, il se joignit aux mouvements de résistance (Combat) et collabora avec le Centre Américain de secours aux réfugiés antifascistes de Varian Fry.
Arrêté en novembre 1941, il fut emprisonné à Fort Barraux (Isère) et y passa l’hiver, puis il fut relâché grâce à un subterfuge. Il parcourut alors la zone occupée pour y créer des réseaux de résistance, le plus souvent par l’intermédiaire de ses amis francs-maçons. Cependant, les multiples perquisitions à son domicile marseillais l’obligèrent à se réfugier dans une petite ville des Alpes, Veyne, alors sous contrôle italien. Il y géra alors une petite usine textile, Synthesia, tout en continuant à travailler au sein du mouvement Combat.

À la Libération, il revint à Marseille et reprit la direction de la filature ainsi que ses activités de soutien aux exilés politiques. Il devint ainsi le premier président départemental de la SIA (Solidarité Internationale Antifasciste) fondée avant la guerre par Louis Lecoin et aida à la constitution de la CNTF locale.

Il resta également actif sur le plan de la Franc-maçonnerie où il avait été admis en mars 1920 à Limoges. Affilié à la Loge La Parfaite Union de Marseille, il y retrouva d’autres anarchistes parmi lesquels Voline, Jean Marestan, Joseph Gleize. Il fut élu vénérable de cette loge en 1938 et élu l’année suivante comme conseiller national du Grand Orient de France, dont il fut Grand maître adjoint de 1946 à 1948.

Jean Roumilhac, « belle tête de gaulois adornée d’énormes moustaches grises » (cf. D. Benedite) mourut dans un accident de la route à la sortie d’Aix-en-Provence le 27 juillet 1949.


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