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LLOP CONVALIA, Roque
Né à Miravet (Tarragone) en 1908 – mort le 15 août 1997 - Instituteur - MLE – CNT – FEDIP – SIA – Tarragone (Catalogne) – Paris
Article mis en ligne le 3 mai 2008
dernière modification le 17 mars 2024

par R.D.
Roqie Llop, 33 rue des Vignoles (juin 1997)

Roque Llop Convalia, qui avait adhéré très jeune au mouvement libertaire, était devenu instituteur après avoir du financer ses études en travaillant comme garçon de café.

Au moment de la révolution d’octobre 1934, il était instituteur à Vallfogona de Riucorps (Tarragone) où il fut arrêté puis emprisonné à Tarragone sur le bateau-prison Manuel Arnus. Remis en liberté provisoire au bout de 3 mois et ayant perdu son poste d’enseignant, il avait gagné Barcelone puis allait parcourir tout le pays en vendant des appareils orthopédiques. Puis alors qu’il se trouvait près de la frontière portugaise, il dut regagner Tarragone à l’occasion de son procès où il fut condamné à 6 mois et un jour de détention. Comme il avait déjà effectué 3 mois de préventive, il dut terminer sa peine à la prison de Reus où il apprit à lire et écrire à plusieurs autres prisonniers. A sa libération il regagna Barcelone et retrouva un poste d’instituteur à l’école la rabassada de Tarragone.

Pendant la révolution il participa à la réorganisation du système d’enseignement et fut membre aux cotés de J. Puig Elias du Comité central du Conseil de l’École nationale unifiée (CENU) où il était le délégué de la province de Tarragone pour la CNT. Il fut également milicien de la culture dans un bataillon confédéral.

Exilé en France lors de la retirada, il fut interné dans divers camps - Camps de Judas et Septfonds - puis, lors du déclenchement de la seconde guerre mondiale, enrôlé dans une Compagnie de travailleurs Etrangers (la 24e) pour aller travailler sur les fortifications de l’est de la France à Morhange (Moselle) où la Compagnie fut logée dans l’ancienne briqueterie désaffectée SIMAC. Fait prisonnier dans la région de Gérardmer lors de la percée allemande de l’été 1940, il fut interné d’abord à Colmar et Belfort puis au Stalag XIB à Fallesbotel avant d’être déporté le 13 janvier 1941 au camp de concentration de Mauthausen où il arriva le 27 janvier, puis de Gusen : « …Après avoir rempli une fiche policière détaillée, ils nous ont embarqué et enfermé dans des wagons destinés au transport des chevaux. Une toute petite ouverture sur l’un des cotés du wagon, constituait notre seul panorama et système d’aération ; un peu de paille sur le sol était notre seule chambre. Il y avait tellement de prisonniers dans chaque wagon que toute posture horizontale était impossible, et il fallait rester debout ou accroupi… Le voyage dura trois jours et nuits sans que l’on puisse voir les villages traversés. Sans notion du temps ni de la géographie, nous ignorions notre destination. Les « Raus » et les « Schnell » nous tirèrent de notre hébétude à la gare du village de Mauthausen… Pour nous faure descendre des wagons les SS firent preuve de leur gentillesse habituelle : coups de crosses et aboiements des chiens prêts à mordre. Nous avons traversé le village et le Danube au son de la musique militaire des boches qui montaient à la forteresse de Mauthausen qui, de sanatorium qu’elle devait être, était devenue un camp d’extermination de triste mémoire. En montant la côte, nous avons vu des groupes habillés du pyjama rayé, aux corps squelettiques, avec dans leurs yeux enfoncés dans les orbites, une lueur étrange : celle de l’horreur. C’était un spectacle impressionnant et affligeant.

Nous sommes arrivés au camp le 27 janvier 1941… et c’est le 16 février que nous avons été transférés au Kommando de Gusen, Kommando central dont dépendaient tous les autres de Mauthausen. La plupart des compagnons et amis de la 24e Compagnie restèrent à Mauthausen, tandis que noys partions pour Gusen où nous ne savions pas que les assassinats et l’extermination y atteignaient une ampleur qui n’avait pas de comparaison avec aucun autre camp… Les Kapos, chefs de baraques et SS nous reçurent à coups de triques dès que nous avons passé le portail de barbelés du camp… Notre premier travail a consisté à charrier des pierres depuis la carrière jusqu’au camp, pour construire l’enceinte extérieure à la clôture électrifiée… »(cf. Hispania, n°38, mai 1971).

Roque Llop, malgré sa faible constitution physique, survivra à cet enfer grâce à une volonté profonde de vivre et aussi avec beaucoup de chance. C’est au camp de Gusen, que sur des petits bouts de papier récupérés sur des sacs et souvent échangés contre sa ration de nourriture, il écrira une série de poémes sur la déportation.

à droite : Roque Llop avec Garcia Birlan (de dos) et F. Gomez Pelaez (local de la rue Sainte Marthe, 1948)

Libéré le 5 mai 1945, il était rapatrié en France et s’installait dans la région parisienne où il ne cessera plus de militer et d’exercer des responsabilités au sein du mouvement libertaire. Roque Llop fut le directeur du Boletin de los deportados españoles, puis de la première série du journal Hispania (Paris, 1946) organe de la Fédération Espagnole des Déportés et Internés politiques (FEDIP) qui regroupait les anciens déportés non communistes. Membre du Comité régional catalan de la CNT, il fut également le responsable des services de librairie des divers locaux confédéraux (rue Sainte Marthe, puis 33 rue des Vignoles) où il fit souvent office de permanent. A l’automne 1947, lors des cours gratuits organisés par le secrétariat à la culture du Comité national du MLE-CNT, il avait été chargé des cours d’histoire de la civilisation. Il anima également chaque année les tables de presse tenues à la Mutualité lors des meetings commémoratifs de la révolution espagnole.

En 1951 il était membre du Comité international contre le régime concentrationnaire (CICRC) fondé par David Rousset. Il était alors avec Jaime Borrell et Cesar Zayuelas l’un des délégués espagnols à la Commision Grèce. Il était également l’un des responsables de la section des invalides confédéraux (SIC) aux cotés de Arias, Navales et Cuartiella.

Lors du congrès tenu à Toulouse les 21-23 septembre 1961, il fut nommé secrétaire à la culture et propagande du Conseil national de la FEDIP et fut à nouveau le directeur de la 2e série de Hispania (Paris, n°1, novembre 1961). Le Conseil national de la FEDIP était alors formé de Vicente Gomez (président), José Ester (secrétaire), José Rodes (responsable aux pensions), Delmir Ibañez (trésorier) et Juan Pujol (comptable).

Roque Llop Convalia

R. Llop qui était également membre de la Solidarité Internationale Antifasciste (SIA) et le secrétaire du Servicio Invalides Confederales (SIC) a été également l’administrateur de divers journaux de l’exil dont Le Combat syndicaliste, Cenit et les différentes séries de Terra Lliure organe de la régionale catalane. Sensible et généreux, doté d’un sens de la solidarité et d’une éthique anarchiste rares, il fut également l’auteur de plusieurs plaquettes de poésies pour certaines desquelles il remporta des prix.

Le 24 octobre 1965, il avait reçu, lors des Juegos Florales de la lengua catalana le prix Flor natural de poesia à la Sorbonne. A cette occasion, le peintre et dessinateur C. Arnal, compagnon de déportation, lui avait offert un dessin représentant Pif le Chien - dont il était le créateur - déguisé en toréador, mandoline à la main et au pied d’un château.

Roque Llop Convalia, qui a collaboré à la plupart des titres de la presse de l’exil confédéral, est décédé au Kremlin-Bicêtre le 15 août 1997.

Œuvres : - Poems de Llum i tenebra (1967) ; - Requisitoria (1975) ; - Contes negres de les Vores del Danubi : Mission ratée de l’homme sur la terre (1979) ; - Triptic del amor (1986).

Témoignage de R. Llop dans le film de R. Prost Otro futuro


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