Dictionnaire international des militants anarchistes
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LE GALL, Jules
Né à Brest (Finistère) le 13 décembre 1881 – mort en déportation le 13 juin 1944 - Ouvrier chaudronnier ; libraire ; quincaillier - FCA - CGT – Brest (Finistère)
Article mis en ligne le 21 mars 2008
dernière modification le 27 octobre 2023

par R.D.
Jules Le Gall

Ouvrier chaudronnier à l’Arsenal de Brest dans le même atelier que les militants libertaires Auguste Le Lann et Victor Pengam, Jules Le Gall fondait avec ce dernier en 1903 le groupe local de la Jeunesse Syndicaliste, l’un des premiers à être formé en France, et groupe qui allait compter rapidement une soixantaine de jeunes ouvriers de l’Arsenal. L’année suivante, suite aux importantes grèves de mai-juin, était créée le 4 juillet 1904 la Bourse du Travail de Brest dont Le Gall était nommé secrétaire et Pengam trésorier. Il collaborait alors notamment aux Temps nouveaux de Jean Grave. Il fut délégué en septembre au 8e congrès de la CGT tenu à Bourges. Le 3 (ou 5) octobre 1905, suite à l’organisation d’une fête pour les conscrits qui avait été interdite par le Préfet maritime, il était poursuivi avec Pengam pour « incitation de militaires à la désobéissance » mais était finalement acquitté en janvier 1906.

En 1905 il était, selon la police, le président du Cercle d’action républicaine et sociale de Saint-Marc.

Suite à une perquisition à la Bourse du travail le 4 mai 1906, Jules Le Gall était arrêté avec 17 autres militants syndicalistes. Poursuivi pour "provocation de militaires à la désobéissance", il bénéficia d’une amnistie. Le 6 juillet suivant, lors d’une réunion publique à Brest il avait notamment déclaré : “En attendant la révolution violente qui fera couler le sang des bourgeois, comme on a fait couler le nôtre, nous prendrons la journée de 8 heures”.

L’année suivante il était le secrétaire du nouveau groupe anarchiste La Guerre sociale dont le siège se trouvait 5 rue Richer. Le 1er mai 1907 il prononçait un discours où il déclarait notamment : « La société est pourrie et il ne faut reculer devant rien pour la renverser ! Soyons prêts à nous faire trouer la peau pour maintenir nos droits et s’il faut répandre du sang, répandons-en ! ».
Le 27 mai 1907, il avait été l’objet d’une perquisition mais, étant malade, n’avait pas été arrêté.
En juin ou juilet 1907, alors qu’un groupe de soldats, sur ordre municipal, avait envahi la Bourse du travail, il avait confectionné avec J. Rouillier une énorme pancarte portant l’inscription "Vive le 17e !" et avait hissé un drapeau rouge avant d’être évacué.

Le 29 août il était arrêté pour « incitation au meurtre et au pillage » et interné en droit commun à la prison du Bouguen à Brest. Après 60 jours de prison, il était traduit devant la cour d’Assise de Quimper qui le 28 octobre le condamnait à trois mois de prison ferme. Dans sa déclaration à la cour, Jules Le Gall avait déclaré : « Je ne suis ni un saint, ni un sanguinaire, je suis tout simplement révolutionnaire et je le revendique. Je suis révolutionnaire parce que j’ai souffert, parce que j’ai vu les gens souffrir, parce que je vois partout souffrir. Lorsqu’à l’âge de dix ans je perdis mon père, j’ai su ce qu’était la souffrance ». Dans le dossier constitué à l’occasion du procès, il était précisé : « C’est un travailleur et un laborieux. Et c’est aussi un homme de cœur qui fut l’unique soutien de sa grand-mère et de sa mère, sans parler de son frère infirme ».

A sa libération, il fut accueilli à la gare de Brest le 1er décembre 1907 par une manifestation de ses camarades. Licencié de l’Arsenal, il devint alors le gérant d’une librairie coopérative fondée avec le produit d’une tombola organisée par un comité de soutien présidé par Pengam. Selon la police il était à cette époque membre des groupes la Jeunesse socialiste, La Jeunesse syndicale, du Comité de défense sociale (CDS) et du groupe révolutionnaire Les Egaux.

En 1908 il collaborait au journal Prolétaire Breton où il défendait les thèses de la grève générale et donnait de nombreuses conférences dans la région. En décembre 1908 il avait donné sa démission de secrétaire adjoint de la Bourse du travail, mais avait été rélu au bureu. L’année suivante il était inscrit au carnet B comme propagandiste antimilitariste. En 1910 il participait à la création du cercle néo malthusien qui allait se réunir 9 rue Fautras, où chaque semaine V. Pengam allait organiser des causeries traitant d’hygiène, de contraception, d’alimentation rationnelle, etc. Il était également le secrétaire du CDS dont Bidan était le trésorier et dont faisaient entre autres partie Pengam, les frères Kermazec, Pierre Le Gall, F. Huet, Gourmelon, E. Guillou et Roullier.

Le 6 novembre 1910, lors d’un meeting de la CGT à Lorient sur la grève des cheminots, il avait déclaré : “Quant au sabotage je ne le condamne pas ; ceux qui auront d’autres besognes à remplir les accompliront, mais il ne fait pas rester dans une inaction coupable… l’important est de défendre par tous les moyens le droit syndical”. Cinq jours après, 38 fils télégraphiques et téléphoniques ayant été coupés près de Lorient, il fut poursuivi avant de bénéficier d’un non-lieu.

Puis Le Gall créait en 1911 un nouveau groupe libertaire, Les Temps nouveaux, dont Pengam était nommé trésorier. Le groupe adhérait à la Fédération communiste anarchiste (FCA) et Le Gall collaborait au journal Les Temps nouveaux (Paris) ainsi qu’au quotidien de la CGT La Bataille Syndicaliste (Paris 1911-1915). Il était également l’un des responsables du groupe La Jeunesse syndicaliste. En décembre 1912 le groupe adhérait au Comité d’entente des groupes d’avant-garde qui menait à Brest la propagande pacifiste.

Après la première guerre mondiale, il tenait une petite quincaillerie et la police le qualifiait « d’éducateur de la jeunesse syndicaliste, anarchiste, orateur, violent ». Début janvier 1921, Jules Legall était initié à la loge maçonnique des Amis de Sully du Grand Orient de France. Il était également président du Comité de Défense sociale et en janvier ou février reconstituait un groupe libertaire, avec entre autres René Martin, René Lochu, Gourmelin et Jean Tréguer, qui se réunissait à la Maison du Peuple (ancienne bourse du travail, 14 rue Guyot) dont il avait été élu président de la commission administrative le 15 octobre 1920 et dont 7 membres sur 19 étaient anarchistes. Il animait également un groupe théâtral pour lequel il écrivit quelques pièces (dont Manant, voici le soleil, L’Interdit). Il fut sans doute arrêté lors des nombreuses perquisitions effectuées début juillet 1925 à la Maison du Peuple et chez plusieurs militants anarchistes et communistes de Brest.

Il s’agit sans doute du J. Le Gall, gérant du Cri des Jeunes syndicalistes, arrêté le 30 mai 1921 suite à la publication en mai d’un tract intitulé « La mobilisation c’est la guerre ! Ne partez pas ! » signé des Jeunesses anarchistes, des jeunesses communistes et des jeunesses syndicalistes. Inculpé « d’excitation à la désobéissance dans un but de propagande anarchiste », il fut condamné le 5 juillet à 40 jours de prison.

De 1925 à 1935 il collabora au Libertaire organe de l’Union anarchiste (UA)
En 1927 il aurait rencontré Makhno et collaborait au journal Le Flambeau (Brest, 80 numéros du 1er juin 1927 au 5 juin 1934) dont l’administrateur était René Martin et le gérant J. Tréguer. Membre du Comité Sacco-Vanzetti, il présidait le 8 août 1927 le meeting tenu en leur faveur à Brest.

En janvier 1932 il fut l’organisateur de la contre-manifestation d’un meeting tenu à Brest par l’extrême droite.

En 1935 il résidait 1 rue de la Porte à Brest, figurait sur l’État des anarchistes du Finistère et était inscrit au Carnet B.

Les 30-31 mai 1936 il présidait en tant que vénérable de la loge Les Amis de Sully le congrès des loges de l’ouest.
Pendant la guerre d’Espagne, il participa aux actions de solidarité et d’aide à l’Espagne républicaine.

En août 1940 il était arrêté par la police et interrogé sur les activités de sa loge maçonnique dans le cadre des lois sur la répression des sociétés secrètes. En décembre 1940 il était interrogé par la police allemande, puis en juillet 1941 arrêté à son domicile de Recouvrance et incarcéré à la prison maritime de Pontaniou près de Nantes. En avril 1943 il était transféré au camp de Compiègne d’où le 19 janvier 1944, il était déporté avec 1942 autres détenus politiques au camp de Buchenwald où il était enregistré sous le matricule 41186. Jules Le Gall est décédé à Buchenwald le 13 juin 1944.

Oeuvre : - L’Interdit (pièce sociale, 1930).


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