Dictionnaire international des militants anarchistes
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LAFON, Robert, Charles, Joachim “LANOFF”
Né le 22 juin 1879 à Paris 10e - Artiste lyrique & chansonnier - Paris
Article mis en ligne le 14 février 2008
dernière modification le 22 février 2024

par R.D.

Ancien disciplinaire, Robert Lafon, anarchiste individualiste ami de Lorulot, fut l’auteur et l’interprète sous le nom de Lanoff de nombreuses chansons anarchistes et antimilitaristes et demeurait 114 rue de Clignancourt.

Est ce le Lafon qui, en octobre 1899, fut l’un des signataires du manifeste Aux Anarchistes critiquant violemment Sébastien Faure et Le Journal du peuple qualifiés “d’anarchistes de gouvernement (Voir Janvion) ?

Le 11 mars 1905 il fut condamné par défaut à Paris à 50f d’amende pour « infraction à la police des chemins de fer ». Collaborateur du journal L’anarchie (Paris-Robinson, avril 1905 au 30 juillet 1914) de Libertad et membre du groupe Les libérés des bagnes militaires, il fit à partir de 1910 une tournée de conférences-spectacles contre ces bagnes dans tout le bassin ouvrier du nord (Lille, Roubaix, Valenciennes, Blanc Misseron, Chauny, Saint-Quentin). Le 20 novembre 1910 à Lille lors d’une conférence sur Biribi il déclara : « Les officiers et sous-officiers qui commandent les compagnies de discipline sont des alcooliques et des tarés… c’est la pourriture de la pourriture… » (cf. rapport du Commissaire spécial de Lille, 21 novembre). Il rééditait cette conférence accompagnée de chansons anarchistes le 24 à Roubaix, le 26 à Valenciennes, le 27 à Blanc-Misseron et le 3 décembre à Chauny où il fit « l’apologie de Ravachol, de Vaillant, d’Émile Henry, interprète une chanson dans laquelle il préconise la désertion aux soldats et le pillage des coffres-forts » (rapport commissaire de Chauny, 4 décembre). Il collaborait à la même époque à l’organe révolutionnaire Le Réveil Artésien (Arras, 60 numéros du 27 mars 1910 au 6 mai 1911).

Il participait également aux réunions des Causeries populaires tenues au 69 rue de l’Hôtel de Ville et au 157 Faubourg Saint-Antoine.

Le 29 janvier 1911, il prêta son concours à la fête organisée au profit du Libertaire par la Fédération révolutionnaire.

Début 1911 c’est lui qui aurait trouvé le local du 114 rue de Clignancourt où se réunissait alors le groupe des causeries populaires où, en octobre 1912, il proposa pour améliorer la propagande, la formation "d’une équipe théâtrale".

En mai 1911 il fut une tournée dans les départements de l’ouest (Brest, Lorient, Nantes) où outre des chansons il interprétait divers monologues (Le droit à l’avortement, Doit on aller à la caserne, Les Péjugés, A Biribi…). Le 23 mai, sur réquisition du parquet de Laon à la suite de la conférence de Chauny, il était arrêté à Nantes et inculpé pour "provocation au meurtre et apologie de vol".

En 1912 il collabora au journal Le Cri du soldat (Pantin, 3 numéros de septembre à novembre) sous-titré « bulletin non officiel des armées de terre et de mer », publié par Émile Aubin et dont le but était « de semer dans les masses populaires la haine de l’armée… »

Le 1er décembre 1912 il fut l’organisateur de la matinée-concert organisée par le groupe des Causeries populaires, salle de l’université populaire de la rue du Faubourg Saint-Antoine, à laquelle assitèrent environ 500 personnes et où il se produisit avec entre autres Paul Paillette, Robert Guérard, Paul Gay, Coladant, H. Dalgara et Daisy Free. Il y prit notamment la défense de Carouy et de Soudy (Bande à Bonnot).

En 1912-1913 il fut un collaborateur très régulier de L’Anarchie où, tout en défendant l’amour libre, il exprimait des points de vue d’une extrême misogynie ; lors de la publication des souvenirs de Rirette Maîtrejean*, il alla jusqu’à la traiter dans les colonnes du journal de "gouine", de "savantasse", de "salope", de "goule", de "paillasse dont l’opinion change avec chaque mâle".

Au moment de l’affaire de la bande à Bonnot il fut à plusieurs reprises arrêté et emprisonné pour avoir pris la défense du groupe. Arrêté, suite à des conférences les 21 et 25 avril, sous l’inculpation « d’apologie de faits qualifiés crimes et d’excitation au crime », il fut condamné en juillet 1912, par la cour d’assises de Douai, à quatre mois de prison et 50 f d’amende et fut emprisonné à Douai. Il fut une nouvelle fois arrêté en décembre 1912 suite à un article (17 octobre) en faveur des emprisonnes de la bande à Bonnot et fut alors remplacé à la rédaction de L’Anarchie par C. Delmyre. Le 8 avril 1913, la 9e chambre correctionnelle le condamnait à trois ans de prison et 1 000 f d’amende pour sa brochure "De la rue Ordener aux Aubrais". Rejugé en appel en mai 1914 pour le même article, après 17 mois de prison, il voyait la peine de trois ans confirmée.

A l’été 1914, il préparait avec Alexandre Flesky la publication d’un hebdomadaire anarchiste individualiste intitulé Le Rebelle qui, suite aux circonstances, ne verra pas le jour. Il habitait alors 15 rue Gérando (Paris 9e). Pendant la première guerre mondiale, Lafon, exempté de service militaire, fut maintenu dans cette position, qui était encore la sienne en mars 1916.

Rédacteur après guerre au Populaire et délégué du syndicat des artistes lyriques, Robert Lafon fit l’objet d’une plainte déposée par Georgius (de son vrai nom Georges Guibourg), président de l’Union indépendante des artistes de Music-Halls, le 23 mars 1920, pour entraves à la liberté du travail et diffamation.

Robert Lanoff a également collaboré à plusieurs séries du journal de Lorulot L’Idée Libre.

OEUVRE : - De la rue Ordener aux Aubrais (édition de l’Anarchie, Paris, 1912, 8 p.).

Parmi ses chansons : À bas Biribi. — Paroles d’un révolté. — Je suis un incroyant. — Pourquoi j’vote pas. — Les Prêtres. — Le Droit à l’avortement. — Lettre d’un détenu politique. — Les Renégats. — Conseils aux avachis – Guerre à l’alcool — Maternité etc.


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