Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

ISGLEAS PIERNAU, Francisco « PANCHO »

Né à San Feliu de Guixols (Gerona) le 16 février 1892 — mort le 14 février 1977 — Ouvrier bouchonnier — MLE — CNT — CGT — Gerona & Barcelone (Catalogne) — Céret (Pyrénées-Orientales) — Garches & Suresnes (Hauts-de-Seine)
Article mis en ligne le 15 décembre 2007
dernière modification le 1er novembre 2024

par R.D.
Francisco Isgleas Piernau

Francisco Isgleas Piernau avait commencé à militer très jeune dans le mouvement libertaire et dès son retour du service militaire collaborait au journal Acción Social Obrera (San Feliu de Guixols, 1918-1928) et intervenait dans l’école rationaliste de San Feliu. En 1921 il était représentant de la région de Gerona au Comité régional catalan de la CNT. C’est lui qui aurait aidé les compagnons auteurs en mars 1921 de l’attentat contre le premier ministre E. Dato, à passer en France.

Mis sur une liste noire patronale, il passait lui aussi en France et travaillait comme ouvrier bouchonnier à Céret (Pyrénées-Orientales) où il participait en septembre 1923 à la constitution du syndicat CGT puis à une grève de plus de 10 jours des bouchonniers ce qui lui valu d’être arrêté puis expulsé sur ordre du préfet.

Secrétaire de la fédération régionale de CNT, il animait toutes les luttes dans l’Ampurdan et pendant la dictature de Primo de Rivera, continuait d’éditer avec Fortunato Barthe Acción Social Obrera un des rares organes du mouvement à pouvoir encore paraître. Puis il était déporté à Soria mais continuait d’intervenir dans de nombreux meetings et réunions, devenant l’un des plus célèbres orateurs du mouvement libertaire. A la proclamation de la République, il était de nouveau membre du CR catalan et fut le délégué de nombreux syndicats (Figueras, La Bisval, Llagostera, Olot, Palamos, Cassa de la Selva et Salt) au congrès tenu par la CNT à Madrid du 10 au 16 juillet 1931 et où il présida plusieurs sessions de travail. Il participa durant toute cette époque à un très grand nombre de meetings et réunions. Après l’insurrection de Figols en 1932, il fut détenu. Délégué de San Feliu au congrès de Saragosse en mai 1936, il fut membre de la commission élaborant l’accord sur l’Allaince révolutionnaire.

En juillet 1936, après avoir participé aux combats de rue, il devint l’adjoint de Diego Abad de Santillan au Comité des milices antifascistes, puis fut nommé commissaire de défense de la côte de Gerona. Il participa à la conférence de la régionale catalane qui élabora le pacte d’alliance avec l’UGT. Délégué de Catalogne au plenum national tenu à Madrid le 15 septembre il y défendit les thèses opposées à la collaboration gouvernementale.

En décembre 1936 il était nommé conseiller à la défense au Conseil de la Généralité de Catalogne, poste qu’il allait occuper jusqu’en mai 1937. Il était également membre de la Commission auxiliaire politique du CR catalan de la CNT. Fin avril 1937 il était en inspection dans la région du haut Ampurdan. Lorsqu’il apprit début mai les évènements de Barcelone, il rentra immédiatement, démissiona de la Généralité et appela à la lutte révolutionnaire contre les staliniens, proposant même la formation d’une « république » libertaire catalane et la mobilisation des Comités de défense, mais ne sera pas suivit par les responsables du mouvement libertaire.
A partir de mai 1938 il fut membre du Comité exécutif du mouvement libertaire et secrétaire jusqu’à la fin de la guerre du CR catalan de la CNT.

Exilé en France le 9 février 1939 lors de la Retirada, et après avoir été interné au camp d’Argelès, il était nommé en mars membre du Conseil général du MLE — avec entre autres Mariano R. Vazquez, Germinal de Sousa, Germinal Esgleas, Pedro Herrera, etc.— lors d’une réunion qui se serait tenue à Perpignan. Le 18 mars 1939 il figurait sur une liste de 29 anarchistes espagnols autorisés à résider à Paris ou dans le départemernt de la Seine pour une durée de un mois à trois ans Le Ministère de l’intérieur le qualifiait de « très dangereux »… En avril 1939 il fut inscrit comme “terroriste” sur une liste de suspects (liste n°1) établie par la police nationale.

Arrêté en décembre 1939 à Orléans avec son fils, il fut interné par le gouvernement de Vichy au camp du Vernet d’où le 11 juillet 1942 il était déporté avec 44 autres militants — dont Antonio Ortiz Ramirez, Felix Gurucharri, Ramon Liarte Viu, José Juan Domenech, Ricardo Sanz Garcia, German Horcajada Manzanares, Germinal de Sousa, Pedro Herrera, Valerio Mas Casas, Emilio Climent, etc.— au camp de concentration de Djelfa en Algérie. Ce convoi embarqué à Port-Vendres sur le Sidi QAïssa, était le 9e d’une série de 10 (mars 1941-décembre 1942) d’étrangers “indésirables” déportés en Afrique du Nord.

F. Isgleas Piernau (Paris 1963 ; appuyé sur son coude, Cipriano Mera)

Après le débarquement américain en Afrique du nord, il choisit, contrairement à d’autres camarades, de rester au camp plutôt que de s’engager dans les armées alliées. En 1945 il collaborait à Solidaridad obrera (Alger) organe du Mouvement libertaire espagnol en Afrique du Nord.

Après la Libération, il revenait en région parisienne et militait à Garches et à Suresnes (Hauts-de-Seine) dans le mouvement libertaire en exil, défendant les positions les plus classiques de l’anarchisme mais sans toutefois exercer une responsabilité organique.

Après la mort de Franco, Francisco Isgleas, qui était rentré en Espagne à l’été 1976, participait à la reconstruction de la CNT à San Feliu de Guixols jusqu’à son décès survenu le 14 février 1977.

Francisco Isgleas Piernau (1976)

Sa compagne Rosa Alsina (née à San Feliu de Guixols) qui avait été à ses cotés pendant toutes ses années de militantisme en Espagne puis en France où elle l’avait suivi lors de la Retirada et avait dû élever seule leur fille mineure lorsqu’il avait été interné au Vernet puis déporté en Algérie, était décédée en 1967.


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