Ouvrier ébéniste d’origine espagnole, Gregorio Inglan Lafarga a été l’un des organisateurs de l’anarchisme en Argentine où il a milité toute sa vie. En 1896 il fondait avec Reguera le journal La Revolucion social, puis l’année suivante fondait le prestigieux La Protesta umana (n°1, 13 juin 1897) dont il allait être le premier directeur et qui deviendra en 1903 La Protesta. A la fin 1898 il fut l’un des signataires de la déclaration de principes de l’assemblée constitutive de la Fédération libertaire des groupes socialistes anarchistesà Buenos Aires.
En 1900 il participait avec Reguera, Rafael Rocca, Salvans, etc. à la fondation de El Perseguido (Buenos Aires). Il quittait ensuite la direction de La Protesta où toutefois il conservait son influence — le nouveau directeur, Basterra, devra démissionner après s’être opposé à lui — et s’installait à Bolivar où il constituait le groupe Los Libertarios, était à l’initiative de la Maison du Peuple et participait sans doute à la fondation du journal Rojo y Negro. En juillet 1900 il participait avec Pietro Gori à une réunion contre la répression en Espagne et en septembre faisait un exposé au Centre socailiste des maçons pour appuyer le développement de leur syndicat.
Ardent partisan de la présence des anarchistes au sein du mouvement ouvrier, il se montra très actif lors du congrès de fondation de la Fédération Ouvrière Argentine (FOA) en mai 1901 où il était le délégué des cheminots de Rosario. Il s’y opposa à la législation ouvrière, aux caisses de secours et à l’arbitrage et fit adopter une résolution en faveur de la révolution universelle. Délégué des ouvriers boulangers de Bahia Blanca au 2e congrès de la FOA en avril 1902, il faisait alors partie des meilleurs propagandistes de cette organisation défendant l’action directe et la grève générale. Après l’adoption début 1903 des lois répressives contre l’anarchisme, il parvint à échapper à la police, mais on ne sait ce qu’il devint.
Gregorio Inglan Lafarga est mort en 1929 sans doute à Buenos Aires.