Dictionnaire international des militants anarchistes
Slogan du site
Descriptif du site
BERTHET, Nicolas
Né à Saint-Étienne (Loire) le 21 décembre 1875 - mort en juillet 1930 - Ouvrier passementier ; métallurgiste ; représentant de commerce - CGT - Lens (Nord) - Saint-Étienne (Loire)
Article mis en ligne le 21 juillet 2007
dernière modification le 7 septembre 2023

par R.D.

Après avoir été passementier, puis métallurgiste, Nicolas Berthet, au retour du service militaire, partit dans le Nord où il se fit représentant en cafés. C’est à Lens et Denain qu’il semble avoir adhéré aux idées libertaires ; en juin 1907, il était signalé par le préfet du Nord comme un agitateur dangereux, partisan de l’action directe. Le mois suivant, il était arrêté à Denain pour avoir diffusé la brochure La Crosse en l’air lors d’une ré"union de protestation contre l’arrestation et l’emprisonnement d’André Lorulot et de Coupez ; sa compagne, qui était assise à la table de diffusion des brochures, avait également été incarcérée (cf. Le Libertaire, 28 juillet 1907).

Revenu à Saint-Étienne en 1907, il prit aussitôt contact avec le groupe libertaire et celui de la Jeunesse syndicaliste et commença à travailler comme marchand ambulant. Il participa notamment à la campagne contre les bagnes militaires, et fut proposé en septembre 1910 pour l’inscription au carnet B. En mars 1911, il fonda avec les militants libertaires Jean-Baptiste Rascle et Benoît Liothier le groupe d’action syndicaliste révolutionnaire de la région de la Loire qui, de Saint-Étienne, essaima vite à Roanne, Rive-de-Gier et Grand-Croix et était en relation avec le groupe éponyme de Genève. Avec eux toujours, il mena une ardente campagne contre la loi des trois ans et gagna les forêts du Pilat lors de la déclaration de guerre.

En septembre 1910 lors des manifestations contre la vie chère, et d’un meeting à la Bourse du travail de Saint-Étienne il avait incité les ouvriers à descendre dans la rue et “à s’emparer chez les commerçants et par tous les moyens” de tout ce dont ils avaient besoin. En avril et juin 1911 il avait été l’orateur de divers meetings contre la loi des retraites ouvrières.

Au début des années 1910 il était l’un des animateurs de la CGT et des groupes anarchistes du bassin du Forez. Aux cotés entre autres de Laplanche, Hipp, et Pelaud, il figurait sur une liste d’anarchistes de Saint-Étienne où il résidait 16 rue Martin d’Aurec. Il était également l’un des responsables avec notamment Liothier et Salichon du Comité de défense sociale (CDS). A l’hiver 1912 il avait activement participé à l’organisation des grèves à Vienne.

Il fut embauché en novembre 1914 à la Manufacture nationale d’armes de Saint-Étienne, ce qui inquiéta les « honnêtes gens ». En 1916, il fut mobilisé à l’usine Hotschkiss de Lyon et devint en 1917 secrétaire du syndicat des aciéries (Saint-Étienne). Il intervint en décembre 1917 au cours d’un meeting pour la libération d de Clovis Andrieu, animateur du courant pacifiste et des grèves de mai 1917, dans un sens jugé “défaitiste et révolutionnaire” par le commissaire spécial : “une ère nouvelle allait surgir de cette guerre et la révolution ouvrière préparait la révolution sociale”.

Dès 1916, il avait fondé à Lyon le premier Comité pour la reprise des relations internationales qui se réunissait au Café des Réunions, 74, rue Sébastien-Gryphe. Il en était le secrétaire, Henri Bécirard étant secrétaire adjoint et Henri Toti trésorier. En 1919, avec Fourcade et Bécirard, il anima le Comité de défense syndicaliste. Il faisait en outre partie du Comité Villette-Paul Bert, une organisation de quartier très active où se côtoyaient socialistes et anarchistes, et encore du groupe des Causeries populaires où s’exprimaient à l’époque les différentes composantes du mouvement ouvrier.

Il figura au deuxième Comité pour la reprise des relations internationales (CRRI) fondé en février 1918 et dirigé par Calzan, Cuminal, Henri Michon, Capelle, G. Lévy, F. Métra tous futurs dirigeants du Parti communiste. En avril 1920, ce comité fonda une feuille intitulée Lyon-Communiste et en mai, il se restructura en se transformant en comité pour la IIIe Internationale. Berthet y était responsable du 4e secteur qui correspondait au VIIe arrondissement de Lyon. À cette époque, il avait changé d’entreprise et, chez Weitz il avait participé aux grèves du début de 1920 dans la métallurgie. Le 28 février, pendant le mouvement, à un meeting rassemblant au cirque Rancy quatre mille grévistes, il s’était déclaré bolcheviste : “cette nouvelle étiquette représentant un régime qui donnera plus de liberté et plus de justice à la classe ouvrière” et, en raison de l’impossibilité d’arriver à une conciliation, il préconisait en conclusion de la réunion “un changement de régime favorable au prolétariat”.

Il semble que N. Berthet ait eu une assez bonne connaissance de l’activité de la minorité spartakiste et qu’il fonda beaucoup d’espoirs sur les succès des révolutionnaires allemands. Dès le 22 janvier 1917, il disait sa confiance dans l’action de Karl Liebknecht et Rosa Luxembourg et le 20 mars 1920, salle Oger, devant deux mille grévistes, à l’occasion de l’échec du putsch de Kapp et Lüttwitz, il n’oubliait pas de “saluer la victoire des soviets allemands” et de faire voter un ordre du jour en faveur de la République allemande des Soviets.

Toutefois, il était resté libertaire et en juin 1921 il assistait comme délégué de Lyon au congrès régional anarchiste du sud-est. Il participa également au 2e congrès e l’UA tenu à Villeurbanne les 26-27 novembre 1921 (voir Raitzon). Il y défendit à la fois le fédéralisme, l’esprit de liberté et l’adhésion à l’Internationale syndicale rouge déclenchant "la seule note discordante" du congrès. Dans le compte rendu paru dans Le Libertaire (2 décembre 1921) on pouvait lire : “Berthet a été anarchiste ; nous pensons même qu’il l’est encore au fond de lui même et qu’il reviendra avant peu reprendre la lutte à nos cotés, quand il sera débarrassé des "préjugés révolutionnaires" que le mirage trompeur de Moscou a fait naître ans son esprit”.

N. Berthet cessa, semble-t-il, de militer en 1922 après le congrès de la CGTU tenu à Saint-Étienne.

Se confond-il avec Berthet, originaire de Lyon, animateur du Comité d’action contre la guerre du Maroc de Marseille (Bouches-du-Rhône) en août 1925 (Arch. Nat. F7/13090, 21 août 1925) ? Un autre Berthet apparaît à Lyon en 1927-1928 : il fit un rapport sur les coopératives à la conférence de la Région communiste lyonnaise en 1927 (I.M.Th., bobine 252) et intervint sur le même thème à un congrès de rayon en mars 1928 (F7/13256).

La Révolution prolétarienne, n° 109, du 10 septembre 1930 annonça sa mort survenue à la suite d’une affection cardiaque ; il avait été enterré le 31 juillet.


Dans la même rubrique

BETTO, Mario « SPARTACO »
le 21 février 2024
par R.D.
BERGER, Pierre
le 2 février 2024
par R.D.
BERTRAM, Franz
le 28 janvier 2024
par R.D.
BERROCAL MARTIN, Juliana
le 10 janvier 2024
par R.D.
BERNARDO CALCATO, Amadeo
le 10 janvier 2024
par R.D.