Dictionnaire international des militants anarchistes
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GERMAIN, André, Eugène “José VENUTI”
Né à Paris le 15 juin 1900- mort le 8 janvier 1982 - Représentant de commerce comptable - Paris - Barcelone (Catalogne) & Madrid (Nouvelle-Castille) –
Article mis en ligne le 17 juillet 2007
dernière modification le 22 février 2024

par Marianne Enckell, R.D.

André Germain était l’aîné d’au moins quatre frères et avait commencé à militer depuis au moins 1917 au groupe anarchiste d’études scientifiques et participait fréquemment aux sorties champêtres organisées notamment à Garches, Saint-Cloud et à Villeneuve-l’Etang par les amis du Libertaire et le journal La Mêlée. Il logeait alors chez ses parents 13 rue Compans (19e arr.), d’où le 30 juin 1917 il avait fugué après, selon la police, avoir dérobé 115 francs à ses parents et s’était réfugié chez le compagnon Folscher, 84 rue de Ménilmontant, où la police le retrouva le 25 juillet suivant après que la famille ait signalé sa disparition. Le 18 avril 1918, il quittait une nouvelle fois le domicile paternel et gagnait l’Espagne où il allait rester jusqu’en avril 1919.

A Barcelone il se fit appeler José Venuti et exerça diverses professions (maçon, journalier, manœuvre…). Il fréquenta alors les milieux anarchistes espagnols et plusieurs anarchistes français déserteurs et réfugiés dans la capitale catalane (cf. rapport de police du 2 août 1919).

Revenu à Paris au printemps 1919, il fréquentait les locaux du Libertaire, 69 boulevard de Belleville, participait à la souscription pour Le Libertaire à 4 pages et travaillait aux Halles centrales. Début août 1919, il se rendait dans les Ardennes, avec Marcelle Canart, où il aida le compagnon espagnol Enrique Jornet Arnal, expulsé de France par arrêté du 9 février 1917 et sa compagne Marthe Fréville, à échapper à la police et à passer en Belgique A sa sortie d’un mois de prison en juillet 1919 pour infraction à l’arrêté d’expulsion, Enrique Jornet, militant de la CNT et déserteur de l’armée espagnole, avait reçu de Germain son passeport et une somme d’argent du groupe Les bons bougres, puis avait gagné Renwez (Ardennes) pour y rejoindre Germain chez Lucien Chrisment, ancien déserteur en 1909 et ancien compagnon de Marcelle Canart, avant de passer en Belgique.

André Germain avait ensuite gagné l’Espagne où il fit venir son frère Maurice à Madrid. Après la proclamation de la République il parcourait avec son frère diverses régions d’Espagne comme représentant en bandages herniaires. En avril 1930, à Barcelone, il avait épousé Simone Debut avec laquelle il avait eu une fille, Blanche (née en 1924 à Renteria). Cette même année 1930 il avait été condamné à trois mois de prison pour son insoumission dix ans auparavant.

En 1932, il résidait à Joigny (Orne).

Vers 1934 il partait pour l’Amérique latine et travaillait successivement au Brésil et en Uruguay. En 1936 il était au Portugal et au moment du soulèvement militaire de juillet 1936, retournait en Espagne où il allait se voir confier des postes de responsabilité par la CNT – FAI.

Revenu à Paris, il fut l’administrateur de l’hebdomadaire bilingue La Nouvelle Espagne antifasciste-La Nueva España antifascista (Paris, 20 septembre 1937- 17 novembre 1938, 60 numéros), dont le gérant était Albert Soulillou, puis le responsable de l’agence de presse espagnole du 24 Boulevard Saint-Denis avec notamment Manuel Mascarell et Nemesio Galvé représentants de la CNT-FAI à Paris. Il servait également d’intermédiaire entre la FAI et les espagnols résidant clandestinement en France.

Lors de la Retirada de janvier-février 1939, il fut délégué à la frontière franco-espagnole, puis accueillit au local du Boulevard Saint-Denis de nombreux compagnons auxquels était versé un premier secours. A la même époque il fut l’un des gestionnaires des fonds de la CNT-FAI pour le Conseil général du mouvement libertaire. Il logeait alors au n°2 square du Limousin (13e arr.). En juin 1939 il fut témoin de la noyade à La Ferté-sous-Jouarre de Mariano Rodriguez Vazquez, le secrétaire de la CNT. Il fut également le gérant du journal Democracia (Paris, 3 numéros du 2 au 23 septembre 1939) dont l’administrateur était J. Nieves qui était édité par le Mouvement libertaire espagnol et dont la rédaction se trouvait 7 rue Taylor (10e arr.) dans un local loué par Germain depuis juin 1939. Le journal fut interdit par les autorités le 1er octobre 1939. Parallèlement il servit également de boite aux lettres entre les compagnons espagnols internés dans les camps et les responsables de la FAI et de la CNT, notamment ceux qui s’étaient réfugiés en Belgique.

Après la mort de Mariano Rodriguez Vazquez, il fut l’un des dépositaires des archives de la CNT-FAI évacuées en France –archives stockées en partie dans des locaux qu’il avait loué 30 rue Réaumur après la fermeture en juillet 1939 du local du Boulevard Saint-Denis - puis fut l’un des signataires de l’accord passé en 1939 avec l’Institut international d’Amsterdam en vue de la conservation de ces archives.

En 1940, il prêta une identité à Federica Montseny, ancienne ministre anarchiste en Espagne réfugiée en France, qui vécut sous le nom de « Fanny Germain » dans l’appartement familial, 13 rue Compans (Paris XIXe arr.). D’après sa famille, il collectionnait les documents d’identité pour en faire bénéficier des compagnons.

Lors de l’exode, il se cacha à Saint-Michel de Villadeix (Dordogne) avec sa femme et leur fille, jusqu’en 1942 ; il continua à fréquenter et héberger des républicains espagnols et des familles juives ; il y procura un logement à la famille de Federica Montseny.

Dans un rapport estampillé "très secret", daté "Vichy le 20 janvier 1942" et intitulé "Note sur le mouvement libertaire espagnol en France", il est écrit à propos du fonctionnement du Comité national dirigé par F. Montseny et Germinal Esgleas : “Le Comité national du mouvement libertaire en France entretient également des liaisons avec les adhérents restés en Espagne et avec ceux réfugiés en Amérique ou en Angleterre. Ces liaisons sont effectuées par des agents. En ce qui concerne les adhérents se trouvant en France, en Afrique du Nord ou au Maroc, la correspondance s’effectue par l’intermédiaire des nommés : Baruta-Vila, Mateo, poste restante à Marseille, ou de Sanchez, Francisco, Consulat du Mexique à Marseille, ou Félix Rambaud, boite postale 31 dans cette ville. Ces derniers groupent les lettres destinées à "Germinal" et les expédient au nommé Germain André, boite postale n°49, Perigueux, qui les fait parvenir au secrétariat général du Mouvement libertaire”.

Puis, à la suite de menaces, André Germain avait gagné Nice où i fut gérant d’un hôtel, avant de revenir en région parisienne après la guerre. Il fit alors quelques semaines de prison pour désertion, après s’être rendu lui même aux autorités militaires, à Vincennes.

En 1954, il devint Franc-maçon (Fédération universelle Georges Couston, à Paris) et le restera jusqu’à sa mort. Simone le deviendra elle aussi, dans une autre obédience qui accepte les adhésions féminines.

A sa retraite en 1965, il s’installa à Fontenay-le-Comte (Vendée) où il décéda le 8 janvier 1982.

Il ne doit pas être confondu avec André Germain (pseudonyme), mort en 1964 au Chili, à qui il avait fourni ses papiers d’identité.


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