Fils d’un ferblantier et d’une lisseuse, Louis Barthe, membre du syndicat CGT des terrassiers de la Seine, fut condamné à deux mois de prison en août 1917 pour “propagande pacifiste”.
Il participa au congrès minoritaire de Saint-Étienne (Loire) en mai 1918. En octobre 1918, il fut élu secrétaire de la 18e région (Seine) de la Fédération du Bâtiment. Ses appointements étaient alors équivalents à ceux des permanents de l’Union des syndicats de la Seine : 600 F par mois. Fidèle à ses idées minoritaires, il proposa lors du 6e congrès de la Fédération du Bâtiment de voter un blâme à la majorité confédérale qui avait reçu Kerensky. Sa proposition ne fut pas retenue. En décembre 1918, Barthe fut candidat au secrétariat fédéral (avec Raymond Péricat, Jean-Louis Thuillier et J.-B. Vallet) mais les partisans de la majorité confédérale l’emportèrent. Il fut cependant élu à la commission exécutive fédérale.
Début 1919 il était l’un des membres du conseil d’administration du syndicat des terrassiers de la Seine dont Michel Hubert était le secrétaire.
Parallèlement à ses activités nationales, Barthe milita alors à Biarritz où il allait se marier en avril 1920 : il fut secrétaire du syndicat des ouvriers du Bâtiment de Biarritz en 1919 et secrétaire de l’Union locale en 1921. Il participa alors à une grève des ouvriers biarrots du Bâtiment qui aboutit à la signature d’un contrat collectif.
En janvier 1921, les relations entre minoritaires et majoritaires étaient très tendues à la Fédération du Bâtiment. Les critiques à l’égard de Marcel Vergeat et Louis Bertho Lepetit et surtout l’attitude du secrétaire fédéral Chauvin — il avait voté la proposition Dumoulin d’exclusion des minoritaires lors du comité national confédéral de novembre 1920 — provoquèrent la démission des minoritaires de la commission exécutive : Barthe, Eugène David, Fève, Julien Le Pen, Maucolin. Lors du 8e congrès fédéral à Dijon, en mai 1921, Barthe représenta les syndicats de Biarritz et du Boucau. La minorité obtint la majorité des suffrages, une commission exécutive provisoire fut adjointe à l’ancienne pour « épauler » Chauvin jusqu’au congrès confédéral de Lille. Cette commission exécutive provisoire comprenait Barthe, Ferré, Le Pen, Julian, Forget, Simon, Vallet, Jouve, Teulade, Frambourg, Coutadeur et Vuistaz.
Après la scission syndicale, Barthe milita à la CGTU. Il fut l’un des principaux responsables de cette Centrale dans les Basses-Pyrénées. Secrétaire de l’Union départementale, il participa en 1923 à une seconde grève importante des ouvriers du Bâtiment de Biarritz. Cette même année, il fut condamné, après des manifestations contre l’occupation de la Rhur, à trois mois de prison pour « entraves à la liberté du travail ».
Dès 1923, Barthe se montra très soucieux de préserver l’indépendance syndicale. Lors du congrès fédéral unitaire, en juillet 1923, il fut favorable à la motion déposée dès l’ouverture du congrès par le militant libertaire Lucien Charbonneau et également signée par Blois, Hubert et Lechapt, qui précisait : « en s’opposant à une telle pénétration occulte et incontrôlable du Parti communiste, qui met en danger les fondements mêmes du syndicalisme, le congrès interdit aux autres partis et sectes de se prévaloir de l’attitude condamnable du Parti communiste et dont l’action aurait pour résultat de détruire l’unité de la Fédération et de faire du syndicalisme le champ d’expérience des disputes des partis politiques et des sectes extérieures ». Cette motion fut adoptée à l’unanimité moins deux voix. Teulade, porte-parole des partisans du Parti communiste protesta en vain.
Majoritaires au sein de la Fédération unitaire du Bâtiment, Barthe et ses amis politiques ne l’étaient pas à la CGTU ; ils ne purent pas empêcher l’adhésion de la Centrale à l’Internationale syndicale rouge et la main mise des communistes sur l’organisation.
Le Libertaire (20 mars 1924) annonçait le décès de sa compagne.
En 1925, il suivit de très près la grève des ouvriers d’Oloron (Basses-Pyrénées). Avec son ami Louis Detchenique, il préconisa l’autonomie syndicale. En septembre 1925, il représenta le syndicat biarrot au 10e congrès du Bâtiment à Lyon. Ce congrès réunissait l’ancienne majorité fédérale qui venait de rompre avec la CGTU. Lors de ce congrès, Barthe signa la motion Le Pen qui préconisait « La fusion immédiate » avec les confédérés. Une autre motion favorable à “l’autonomie provisoire” fut déposée par le militant libertaire Louis Boisson et signée par Vagneron et Simon de Besançon, Boudoux et Juhel de Paris, Pastergue et Malgloire d’Alès. Le scrutin fut serré : la motion Le Pen obtint 29 voix, celle de Boisson 30 ; il y eut trois abstentions. Barthe fut élu secrétaire permanent de cette nouvelle Fédération.
Barthe fit partie, en 1926, du comité national de la Fédération autonome du Bâtiment et le 18 juillet de cette même année, il y fit adopter la motion Barthe-Jouve-Boudoux qui visait à regrouper dans une troisième Centrale syndicale toutes les forces du syndicalisme autonome. Barthe appartint de 1926 à 1928 à la CGT-SR. Il était également adhérent au groupe de Le Boucau de l’Union Anarchiste Communiste (UAC).
Il s’agit vraisemblablement du Barthes (sic) qui le 15 novembre 1926, avec les compagnnons Soulat et Leroy, avait été été nommé à la vérification des mandats des délégués au congrès de fondation de la CGTSR à Villeurbanne.
En mars 1927, Barthe fut l’un des fondateurs de l’Union locale des syndicats ouvriers de Biarritz et de ses environs, affiliée à la CGT-SR. En 1927-28 il est le secrétaire de la 5° Union régionale de la CGTSR. Il habitait alors 7 rue Harispe à Biarritz.
Puis renouant avec la position qu’il avait défendue à Lyon en 1925, Barthe rallia la CGT. En 1930, il était secrétaire général de l’Union locale confédérée des syndicats de Biarritz qui regroupait alors huit syndicats et 691 adhérents.
Louis Barthe est mort le 4 mars 1961 à Pau.