Issu d’une famille de verrier, Abel Pilon avait épousé le 20 juillet 1903 Pauline Lottin. Appelé sous les drapeaux en novembre 1903 il fut réformé début janvier 1904 et travailla comme verrier à Blangy-sur Bresle (Seine-Maritime). Après la mort en janvier 1907 de son épouse et de leur fille morte-née, il se remaria avec Annonciate David avec laquelle il tenait à Blangy le café « La Civette » tout en travaillant à la verrerie Darras.
Militant syndicaliste lié à Charles Delzant Charles Delzant, le principal animateur du courant anarcho-syndicaliste chez les ouvriers verriers du département du Nord et signataire de la Charte d’Amiens (1906), il fut nommé en mars 1908 président du syndicat verrier de Blangy-sur-Bresle qui avait été fondé en 1904 et dont le secrétaire fédéral était Louis Monnier. Il collabora à cette époque à la Voix des Verriers dont Delzant était le directeur. Le 29 juin 1908, prenant prétexte qu’il avait giflé un jeune apprenti, il était licencié par Monsieur Darras trop content de se débarrasser d’un leader syndicaliste qui avait été également en mai précédent candidat contre lui aux élections municipales. Le 30 juillet, à l’issue de son mois de préavis et pour protester contre son licenciement le personnel déclenchait une grève qui fut suivie d’un lock-out imposé par les maîtres verriers de la vallée de la Bresle laissant plus de 1200 ouvriers sans travail. Le 13 septembre se tint à Blangy une manifestation de soutien, puis, finalement Abel Pilon, le 24 octobre, appela les ouvriers verriers à reprendre le travail. Il fut désormais interdit d’emploi dans les verreries de la vallée où il lui fut impossible de retrouver un travail.
En 1910 il partait en Belgique, probablement à la verrerie du Val-Saint-Lambert, près de Liège et fut l’un des fondateurs en 1912 de la verrerie ouvrière de Fraire (Belgique). Les 26-27 mai 1912 il assista au 6e congrès de la Fédération nationale des travailleurs du verre à Seraing (Liège).
Mobilisé le 20 juin 1915, il rejoignit le 39e régiment d’infanterie où il allait servir comme infirmier. Démobilisé en mars 1919, il ne rejoignait pas son épouse et ses trois enfants et partait s’installer à Paris puis à Montreuil où à partir de décembre il allait travailler dans la verrerie locale. Resté fidèle à la CGT, il fut en 1922 la cible de la CGTU pour s’être embauché à la verrerie de Bezons qui était alors en grève.
Fin décembre 1928 il partait pour Tourouvre (Orne) où il allait travailler à la verrerie locale et vivre avec Edmée Jacquet au lieu-dit Rianty tout près de la verrerie où ils tenaient un café-épicerie. Suite à la fermeture de la verrerie où travaillaient une majorité des habitants du lieu, leur café-épicerie ne tarda pas à péricliter. Se voyant acculés à la faillite, tous deux, après avoir laissé une lettre expliquant leur suicide, chargeaient le poêle à charbon dont ils démontaient le tuyau et décédaient par asphyxie le 7 février 1932.