Fils d’Angelo et de Maria Gascout (ou Gasconti) Luigi Abbruzzetti était qualifié par la police comme un homme de « mauvaise réputation », avec un « caractère impulsif » et une « mauvaise éducation », tout en lui reconnaissant « beaucoup d’intelligence ». N’ayant fréquenté que l’école primaire, il était charretier, se montrait « bon travailleur » et entretenait des « relations affectueuses avec sa famille ».
Il vivait en union libre avec Emilia Conti dont il aura deux fils et deux filles.
À Rome, il vécut d’abord via Monte Caprino, puis s’installa via delle Sette Chiese. Il fréquentait les milieux subversifs et professait des « principes révolutionnaires », mais n’appartenait à aucun parti précis.
En raison de son caractère impulsif, il fut poursuivi à de nombreuses reprises : le 3 août 1909, il fut condamné à 5 mois de prison pour méfait volontaire ; le 24 février 1911 à un mois pour insulte et résistance à la police ; le 16 juin 1912, à une amende de 110 lires pour jeu ; le 2 juin 1913, à 6 mois et 25 jours pour voies de fait ; le 1er juin 1914, à un mois de prison pour outrage à la sécurité publique et le 27 avril 1916, à 3 mois de prison pour blessures. Il fut condamné à une peine définitive (2 ans et 5 jours de prison et 1 116 lires d’amende) en 1926 pour recel et tentative de corruption d’agent public. Convaincu de son innocence, et jugeant sa peine injuste, il passait clandestinement en France le 8 octobre 1926 après avoir joué un rôle le 11 septembre lors de l’attentat de Gino Lucetti contre Mussolini (il avait été le chauffeur de Lucetti)…
A Paris il travailla d’abord comme garçon de pharmacie et repris ses activités antifascistes dans le mouvement libertaire italien. Il se lia notamment à Roberto Paolocci, Biagio Bruscolotti et Angelo Diotallevi, avec lesquels il collabor à la réorganisation du mouvement libertaire en Italie. Les aitorités fascistes avaient émis un mandat d’arrêt contre lui et avaient refusé un passeport à sa compagne Emilia Conti qui voulait le rejoindre en France. Il avait été également inscrit sur le « registre des frontières » avec instruction de le fouuiller et de l’arrêter s’il tentait de revenir en Italie.
En 1928, via Marseille, il avait tenté de rentrer en Italie pour semble-t-il, un éventuel attentat contre le Duce organisé Umberto Bellini et dans lequel Diotallevi semblait également impliqué. Cette même année 1928, il aurait participé à un attentat à la bombe. Sous la pression de la police française, il avait dû alors déménager du 10 avenue Parmentier au 35 rue du Rendez Vous.
Tout en poursuivant ses relations avec les anarchistes et les socialistes antifascistes, il découvrit en septembre le piège orchestré par l’agent provocateur Giulio Rastelli (un faux attentat contre Mussolini). Arrêté il fut l’objet d’une mesure d’expulsion dont il parviendra à obtenir l’annulation, et un permis de séjour renouvelable de trois mois en trois mois.
En 1930 il travaillait comme maçon sur divers chantiers de la capitale et continua de fréquenter les réunions anarchistes. Il prit également contact avec le mouvement Giustizia e Liberta de Carlo Roselli qu’il rencontra. Il fut aussi l’un des organisateurs de la LIDU (Ligue des droits de l’homme.)
En 1934, ne se sentant pas en sécurité à Paris, il demanda un passeport pour le Mexique, mais resta finalement en France.
En août 1936, il aurait été sur le point de rejoindre Carlo Roselli en Espagne, mais restait à Paris. C’est son frère Oreste qui partait comme volontaire.
En 1937 les autorités fascistes refusèrent un passeport à ses filles Alda et Olga qui voulaient le rejoindre en France. Il envisagea un temps d’aller s’installer au Brésil avec son fils Angelo, avant d’y renoncer. Il était très lié à cette époque au libertaire et ancien membre des Arditti del Popolo Antonio Moscardini.
Au début des années 1940 il était parvenu à ouvrir une épicerie et avait abandonné toute activité politique active, tout en maintenant les contacts avec le mouvement libertaire et promettant de faire des dons pour les compagnons victimes de la répression.
Fin 1940 son fils Angelo, âgé de 18 ans, s’était suicidé en se jetant dans la Seine, mais son corps ne sera jamais retrouvé.
Au déclenchement de la guerre, son épicerie fut fermée par les autorités. Il parvint à la réouvrir après l’occupation allemande, mais en mars 1941, après avoir été requis pour aller travailler en Allemagne, il avait liquidé l’affaire et avait déclaré retourner en Italie. En réalité il resta à Paris et se livra au commerce illégal et à l’exportation de métaux. Le 3 mars 1943, à la demande de l’Italie, il fut arrêté par les nazis, transféré en Italie où il fut incarcéré à la prison romaine de Regina Coeli. Considéré par le régime comme un « élément politiquement dangereux pour avoir mené des activités antifascistes à l’étranger », il fut envoyé le 6 mai à Tremiti pour y purger 2 ans de détention politique.
A la fin de la guerre, en octobre 1945, il était reparti pour Paris où l’on perd sa trace.