C’est peu après avoir été réformé que Savinio Fornasari, au début des années 1910 avait commencé à travailler comme manœuvre aux chemins de fer et avait adhéré à la Chambre du travail et au mouvement anarchiste de Piacenza. En 1914 il était le secrétaire de la section des cheminots de Piacenza, membre de la Chambre du travail syndicaliste et collaborateur de son organe La Voce Proletaria. Suite à ses activités il était muté en juin 1914 à Isola della Scala puis à Poggio Rusco et enfin, en septembre 1917, dans le petit centre calabrais de Praia d’Aieta di Tortora d’où il souscrivait régulièrement à l’hebdomadaire L’Avvenire Anarchico (Pise, 1911-1922). Rentré à Piacenza en mai 1919, il participait au mouvement contre la vie chère et devenait membre de la commission exécutive de la Chambre du travail où il allait développer une intense propagande qui lui vaudra d’être arrété et emprisonné (novembre 1919 à février 1920). Nommé secrétaire de l’Union Anarchiste de Piacenza, constituée le 22 février 1920 avec l’adhésion de seize groupes, il sera battu à deux reprises par les fascistes et le 1er septembre 1923 était renvoyé des chemins de fer. Il continuait ensuite d’être menacé par les fascistes et en 1925 sa maison était perquisitionnée par la police qui recherchait des documents sur le syndicat des cheminots.
Le 2 juillet 1925 i partait pour la France où il s’installait d’abord à Plaisance près de Toulouse (Haute-Garonne) avec son frère Giuseppe. Puis il se fixait à Sartrouville (Yvelines). Membre de l’Union Syndicale Italienne (USI), il participait en septembre 1925 à un congrès tenu à Paris puis selon la police « à une réunion secréte d’anarchistes italiens tenue le 8 novembre 1925 au 20 de la rue Ordener à Paris » qui précisait qu’il était « un intime de Borghi ».
En 1929 il était nommé à la commission de correspondance de l’Union Anarchiste Italienne (UAI) où il était chargé des relations avec les compagnons restés en Italie. Lors de la crise traversée par l’UAI, il s’impliquait énormément dans la réorganisation et devenait membre de la Commission de correspondance de la Unione Comunista Anarchica dei Profughi Italiani (UCAPI) où il allait polémiquer avec C. Berneri qui voulait s’ouvrir aux autres organisations antifascistes tandis que Fornasari était partisan de construire d’abord une forte et solide organisation anarchiste. A la même époque (1930) il était le responsable de la coopérative d’éditions située à Sartrouville.
Après la transformation en 1934 de la UCAPI en Federazione Anarchica dei Profughi Italiani (FAPI) il fit partie du Comité fédéral de la nouvelle organisation et de la rédaction de son organe Lotte sociali. Il a été l’un des organisateurs du congrès tenu à Sartrouville en octobre 1935. Après la constitution en 1936 de la Fédération Anarchiste Italienne (FAI) il était nommé responsable de la fédération régionale parisienne. En janvier 1937 il était nommé membre du Comité anarchiste en faveur de l’Espagne et fit plusieurs voyages entre Paris et Barcelone. En 1938 il résidait dans un petit village près de Toulouse (Haute-Garonne).
Revenu à Paris fin 1939, il était arrêté par la police allemande le 17 novembre 1940. Après seize mois d’emprisonnement en France il était déporté en Allemagne au camp de concentration de Hinzert d’où en mars 1942 il était remis aux mains des autorités italiennes. Condamné à deux ans d’isolement, il était interné à Ventotene. Rentré à Piacenza en 1943, sa mauvaise santé aggravée par les séjours en camps, l’empêchait de participer à la résistance. Sa compagne et son fils seront tués lors de bombardements.
A la libération il participait une nouvelle fois à la reconstruction du mouvement libertaire et devenait alors le secrétaire de l’Union Communiste Libertaire (UCL). Le 16 septembre 1946, Saviro Fornasari décédait à Piacenza après avoir été renversé par une jeep de l’armée britannique.