Fils d’un instituteur libertaire espagnol, Ramon Finster était né pendant la guerre dans le 13e arrondissement de Paris. Orphelin de mère à l’âge de 17 ans, il fit mille petits boulots (portier d’hôtel, magasinier, employé aux Halles, maçon, etc.) avant de travailler au début des années 1960 comme éducateur de rue dans le 13e arrondissement à Paris et de devenir l’un des animateurs du groupe Jules Vallés adhérent à la Fédération Anarchiste, qui publiait le journal L’Insurgé (13 numéros de janvier 1967 à mars 1969) ; un premier numéro, avec comme gérant Dominique Joubert, était paru en décembre 1966 sous le titre La Rue (voir portfolio), puis le titre avait été abandonné au profit de la revue du groupe Louise Michel dans le 18e arrondissement.
Partisan de l’organisation et collaborateur du Monde libertaire, il allait participer, comme la plupart des groupes du sud de Paris et autour de Maurice Fayolle, à la fondation de l’Organisation Révolutionnaire Anarchiste (ORA) d’abord comme tendance de la FA puis à partir de 1970 comme organisation autonome. Il fut l’un des huit délégués du groupe Vallés (10 militants) à l’une des premières rencontres nationales tenue par l’ORA les 29-30 mars 1970 au local de la CNT espagnole, rue Sainte-Marthe, et à laquelle participèrent le groupe Bakounine de Marseille (4 délégués, 7 militants), Archinoff de Dijon (3 délégués, 5 militants), Varlin (3 délégués, 6 militants), Kronstadt (3 délégués, 8 militants), Petrichenko (2 délégués, 4 militants) tous trois de Nice, Camus de Paris (4 délégués, 8 militants), Durruti de Paris (3 délégués, 7 militants), groupe de Vincennes (7 délégués, 8 militants), Malatesta du Mans (1 délégué, 5 militants), groupe de Créteil (2 délégués, 2 militants), de Juvisy (1 délégué, 10 militants), de Versailles (1 délégué, 2 militants) et représentés par Nice les groupes Louise Michel d’Arles (5 militants) et Commune de Paris de Martigues (3 militants).
Le groupe Jules Vallés fut le premier groupe de l’ORA à mettre sur pied un cercle de sympathisants dès 1969. Cette structure d’acceuil, les Cercles Front Libertaire, permettant l’intégration progressive de militants à l’organisation, sera adoptée lors de la rencontre nationale tenue par l’ORA les 20-21 juin 1970 rue du Faubourg Saint-Antoine à Paris à laquelle participèrent 31 délégués représentant 8 groupes.
Une nouvelle série du journal L’Insurgé (Paris, 10 numéros du 15 avril 1969 à juin 1970), dont le comité de rédaction était formé de Ramon Finster, Robert Guillaume, Jean Luc Brimeur et Michel Cavallier, était alors publié comme organe national de l’ORA puis était remplacé par le titre Front Libertaire des Luttes de Classes(Paris, 113 numéros d’octobre 1970 au 30 juillet 1979). Ramon Finster a collaboré à tous ces titres. Lors du lancement de ce dernier titre, l’ORA avait organisé chaque semaine des “ventes de masse” (10 à 15 militants minimum) à la Gare Saint-Lazare, au quartier latin, aux puces de Clignancourt et sur les grands boulevards (cf. doc.internes de l’ORA).
L’ORA parisienne disposait alors d’un local appelé “La Cordonnerie” situé 7 rue du Moulin des Prés dans le 13e arrondissement. A l’automne 1971 il collaborait également au bulletin Chiens de Garde (Paris, au moins deux numéros fin 1971) organe du Cercle Front Libertaire socio éducatif dont étaient également membres Michel Cavallier, Rolf Dupuy et J. P. Sauvage.
Au prtintemps 1971, lors des tentatives de rapprochement avec le Mouvement communiste libertaire (MCL) et suite à l’opposition de plusieurs groupes de l’ORA concernant Fontenis, il avait été formé une commission d’enquête animée par Finster. Lors d’une rencontre avec Fontenis, ce dernier, suite à des questions, avait affirmé, ce qui était notamment faux, être membre de la franc-maçonnerie. A cette époque le MCL comptait 4 groupes : Kronstadt à Paris (10 militants), Tours (15 militants), Nancy (une vingtaine) et Poitiers (6 militants). A la suite de ces pourparlers et diverses rencontres (notamment le 4 mai 1971 à Paris) et aurefus du MCL d’exclure Fontenis, le groupe de Marseille de l’ORA (Florac, Comte) avait adhéré au MCL et Daniel Guérin et le groupe Kronstadt du MCL avaient adhéré à l’ORA. Les contacts inter organisations avaient alors été rompus. Lors de la rencontre nationale tenue à Arles les 5-6 juin 1971 avaient en outre été entérinées la démission des groupes de Dijon, Saint-Étienne, de Christian Etchegaray, Robert Guillaume et Solange Nuñez tandis que le groupe Kronstadt (A. Skirda et Roland Biard) avait été admis.
Début 1972 l’ORA de la région parisienne intervenait avec tractages et/ou Bulletins d’entreprise sur 4 usines Nord-Aviation, à Dassault, Thomson CSF, divers dépots et cantines SNCF (notamment Juvisy) et gares de banlieue, usine Saint-Gobain, 2 sièges de l’UAP, usine Mazda, les PTT et une ligne RER.
Au printemos 1973 le groupe ORA du XIIIe comprenait une vingtaine de membres : deux cheminots (23 et 26 ans, CFDT), un étudiant en économie aide comptable (20 ans, CGT), un élève ingénieur Bois (21 ans), un étudiant en économie salarié poissonnier (20 ans), une libraire (29 ans), un enseignant en histoire (31 ans, CFDT), un aide coptable (20 ans), un dessinateur industriel métaux (21 ans, CGT), un violoniste (20 ans, CFDT), un éducateur (27 ans), un étudiant en histoire (20 ans), un opérateur téléphonique (CFDT), une employée de bureau (24 ans, CFDT), un employé de restaurant et un employé d’édition.
D’autre part et selon des statistiques internes, sur une centaine de militants recensés, l’ORA compreanait 3 artisans et petits commerçants, 28 ouvriers, 13 employés, 1 proffession libérale, 4 chômeurs, 5 enseignants, 17 lycéens et 27 étuduants dont 5 salariés.
Ala régionale parisienne tenue le 11 novembre 1973 avaient assité des délégués de Paris XXX, Paris XV, Paris XX, 92 nord, 92 centre, 92 sud, 92 Sarcelles, 93 Saint-Denis, 93 Gagny, 94 Villeneuve, 94 Champiny-Saint-Maur, 94 Créteil, 94 Vitry-Ivry et 77 Meaux. A la rencontre nationale tenue en janvier 1974 un peu plus de 110 délégués avaient représentés 38 groupes de l’ORA intervenant essentiellement sur les secteurs des PTT, SNCF, la métallurgie, l’enseignement, les lycées et CET, la santé, les apprentis et formation professionnele, le bâtiment, les paysans, les groupes femmes et les groupes de quartier.
Début septembre 1973, Ramon Finster avait été chargé, avec entre autres Julien Biard (Paris XIII), Henri Celié (Créteil), Bernard Gaboriau (Champigny) d’une commission d’organisation d’un gala de solidarité à Front Libertaire.
A cette même époque, des contacts furent renoués avec l’OCL 1 (ancien MCL) mais n’aboutirent pas.
Cette même année 1973 il avait été à l’initiative de l’achat d’un offset d’occasion avec laquelle l’ORA allait monter l’imprimerie Edit 71 dont le premier permanent fut Patrick Ferrage.
Au début des années 1970 il avait ouvert avec sa compagne Corinne, dans le quartier de la Butte-aux-Cailles (13e), la librairie La Commune qui servira également de lieu de réunion au groupe ORA de l’arrondissement qui comptait alors une vingtaine de membres dont Corinne Finster, Dominique Gaultier, Gérard Mélinand, Guy Gibaud, Geneviève Pauly Gigy, Daniel et Marie Guérin, Serge Torrano, Rolf Dupuy. Claude Beaugrand et Michel Ravelli. Ce groupe a été à l’origine de la formation du regroupement plus large sur le quartier qui éditera le journal de contre-information Le Canard du XIIIè (Paris, au moins 32 numéros de novembre 1972 à décembre 1982) et qui ouvrira un terrain d’aventure destiné aux enfants (1973-1974) et un atelier autogéré de mécanique. Ce travail de terrain mené par l’ORA, servira de modèle à la formationà la même époque d’autres journaux de contre information impulsés par l’organisation comme Le Cri du 5e (Paris 5e), Le Petit Libertaire de Vitry, La Commune du XXe, Le Cri du Boulonnais (Boulogne-sur-Mer), La Biscotte du Val-d’Oise, etc.
Parallèlement Ramon Finster, qui a participé à toutes les rencontres nationales et plenums de l’ORA, a souvent été l’orateur de cette organisation lors des meetings libertaires ou unitaires tenus à Paris.
Dans les années 1980, Ramon Finster, qui tout en conservant ses idées libertaires, s’était éloigné du militantisme, fut avec Vincent Absil (du groupe musical « Imago ») le fondateur de l’association « Cultures au quotidien » qui allait gérér les cafés musicaux du quartier. Il avait lui-même ouvert sur la Butte-aux-Cailles le café musical Le Merle Moqueur, puis le 13 juillet 1991, avec entre autres son neveu Jean-Pierre Dos Santos et Christophe Cornet La Folie en tête (33 rue de la Butte-aux-Cailles) qui sera repris à son décès par sa compagne et leurs enfants Clara et Liberto.
Ramon Finster est décédé a Marseille le 9 avril 1996 lors d’une opération du cœur. Plus de 200 persones, dont de nombreux anciens militants de l’ORA, assistèrent à son enterrement le 13 avril au cimetière de Thiais et à l’hommage qui lui fut rendu le 19 mai suivant au local du 33 rue des Vignoles (Paris 20).
Ramon Finster est l’auteur d’un roman autobiographique “Deux doigts dans la bouche et l’amour en plus” paru au Mercure de France et d’un recueil de poésies ’Il me reste au cœur une plaie ouverte”.
Un hommage lui a été rendu le 26 janvier 2020 paganisé par la CNT au local de la rue des Vignoles.