Né dans le quartier de Belleville, c’est au lycée Voltaire que Georges Brossard découvrit l’anarchisme. Inscrit à l’université de Nanterre dès son inauguration en septembre 1964, il fut, avec Jean-Pierre Duteuil, l’un des deux « Nanterrois » qui en octobre de cette année répondirent à l’appel de la LEA (Liaison des Étudiants Anarchistes, née l’année précédente de la rencontre de Tomás Ibañez avec Richard Ladmiral du groupe Noir et Rouge). Dès cet instant, Georges Brossard déploya une intense activité dans le milieu des jeunes anarchistes parisiens, participation au CLJA (Comité de liaison des jeunes anarchistes), contribution à l’organisation de la première rencontre européenne des jeunes anarchistes en avril 1966, actions en solidarité avec la FIJL (Fédération ibérique des jeunesses libertaires), alors interdite en France, etc.
Mais ce fut surtout la LEA-Nanterre qu’il contribua à consolider et à développer. Bon nombre des textes les plus théoriques de ce collectif portaient son empreinte, et son influence ne fut pas étrangère au fait que la Tendance syndicale révolutionnaire fédéraliste, animée par la LEA, puisse conquérir les bureaux de l’UNEF en philo, socio et psycho en janvier 1967.
Très actif en mai/juin 1968, le reflux des événements ne le poussa pas à créer une communauté rurale, mais il se mit en retrait de l’activité militante visible, et avec ses camarades les plus proches il explora pendant les années suivante les moyens de rendre plus efficace la lutte révolutionnaire. Cela ne l’empêcha pas d’être le principal rédacteur de la longue préface à l’ouvrage “L’État massacre” publié en 1971 par Champ Libre, et de publier sous le titre « Chers camarades », signé « K », un article très remarqué dans le numéro 44 de la Revue anarchiste Noir et Rouge consacré notamment à « la théorie des chapelles » (avril/mai 1969).
Le temps passant, Georges s’éloigna du militantisme anarchiste sans jamais rompre ses attaches avec l’anarchisme, et il s’attela à défricher avec un talent peu commun une parcelle du champ philosophique qu’il jugeait nécessaire d’éclaircir pour satisfaire à son impérieuse « volonté de comprendre ». Une volonté de comprendre qu’il plaçait, depuis le temps de ses études de philosophie à Nanterre, sous l’égide du Verum facto de Giambattista Vico, la pensée se nourrissant non de la contemplation mais du « faire ».
Œuvre : — Un itinéraire philosophique