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FERRE, Célestin
Né le 28 septembre 1883 à Couhé (Vienne) - mort le 10 octobre 1954 – Ouvrier métalurgiste – CGT – CGTU - Bordeaux (Gironde) - Seine
Article mis en ligne le 24 février 2021
dernière modification le 7 septembre 2023

par Guillaume Davranche, R.D.

Fils d’un maçon et d’une lingère, marié en 1907, Célestin Ferré militait après-guerre au syndicat CGT des métaux de Bordeaux, et y apparaissait comme l’un des animateurs de la minorité révolutionnaire de la Fédération des Métaux.

Du 10 au 13 septembre 1919, il fut délégué au IVe congrès de la fédération, à Lyon, et le Bordelais Dumercq, majoritaire, l’accusa d’avoir fait des heures supplémentaires à Asnières, ce qui lui aurait valu d’être exclu de l’Union des mécaniciens : « Voilà comment on sabote la journée de 8 heures dans les endroits où l’on se dit révolutionnaire ! » conclut-il.

Lors du Ve congrès de la fédération, du 20 au 23 juillet 1921 à Lille, Célestin Ferré, délégué des métaux de Bordeaux, apparut comme un des leaders de la minorité. Désormais membre des Comités syndicalistes révolutionnaires (CSR), il se défendit d’être inféodé à Moscou : « Je n’accepte pas tout ce que fait Moscou puisque je vous répète qu’à Moscou on est centralisateur, alors que moi je suis fédéraliste. Je ne suis pas marxiste, je suis bakouniniste » (compte rendu du congrès p. 43). À ce même congrès, Ferré présenta la motion d’orientation de la minorité, qui obtint exactement 50% des suffrages (112 voix, contre 112 à la majorité). Le lendemain, les majoritaires contestèrent le vote, voulurent le refaire au milieu d’une bronca des minoritaires, et finalement le congrès en resta là. En revanche les minoritaires échouèrent à renverser le bureau fédéral, et ses quatre secrétaires furent réélus : Labbé (125 voix), Blanchard (121), Merrheim (119) et Lenoir (112). Les 4 candidats minoritaires, tous battus, étaient Célestin Ferré (108 voix), Berrar (108), Quinton (106) et Théo Argence (103).
Aussitôt après le congrès fédéral, Ferré assista au congrès confédéral CGT, tenu du 25 au 30 juillet 1921. Au cours des débats il déposa, avec Alzir Hella, André Colomer, De Winter et Hug, une motion qui demandait que la CGT se retire de l’internationale d’Amsterdam et envoie une délégation en Russie pour enquêter sur la « validité » des syndicats russes, leurs « rapports avec le gouvernement communiste » et « la situation qui serait faite à la CGT au sein de l’Internationale syndicale de Moscou ». Cette motion fut renvoyée par le congrès « pour étude ».

Après la scission confédérale de décembre 1921 et la constitution de la CGTU, une Fédération unitaire des métaux fut mise sur pied. Son bureau provisoire était composé de trois « anarcho-syndicalistes », comme leurs adversaires commençaient à les surnommer : Célestin Ferré, Théo Argence et Lucien Chevalier.

En juin 1922, Célestin Ferré alla, au nom de la fédération, soutenir les serruriers du Vimeu, dans la Somme, en lutte contre l’impôt sur les salaires. Le 19, il y participait à un grand meeting avec les syndicalistes du cru.
Puis il gagna Saint-Étienne où, du 23 au 26 juin, se tenait le Ier congrès de la Fédération unitaire des métaux. Les trois secrétaires y firent approuver leur rapport moral. Dans le débat sur les statuts fédéraux, Célestin Ferré et Henri Raitzon se montrèrent hostiles à la représentation proportionnelle. Néanmoins ce mode de scrutin fut adopté et l’article 33 des statuts précisa que chaque syndicat affilié bénéficierait d’une voix, plus une voix supplémentaire par fraction de 1 000 adhérents. En revanche le congrès suivit les libertaires dans le débat sur la rééligibilité des fonctionnaires : désormais ceux-ci ne pourraient plus faire que deux mandats de deux ans consécutifs. Dans le débat sur l’affiliation internationale – qui n’impliquait pas de décision puisque cela relevait du niveau confédéral – Ferré, réticent vis-à-vis de l’Internationale syndicale rouge (ISR), préconisa l’adhésion de la CGTU à l’internationale syndicaliste révolutionnaire (AIT) qu’une conférence avait esquissée à Berlin le mois précédent (voir Henri Toti). À l’issue des débats, le bureau fédéral fut reconduit avec 81 voix pour Lucien Chevalier, 58 pour Théo Argence et 55 pour Célestin Ferré. Ferré fut également désigné pour être le délégué de la fédération auprès des grévistes du Havre.
Célestin Ferré n’assista pas au congrès confédéral qui débutait le lendemain. Il partit pour Le Havre, où il constata l’isolement des métallurgistes en grève, après le refus des dockers de débrayer. Il conseilla alors la reprise doublée d’un sabotage de la production, mais sa proposition fut repoussée par les syndicalistes havrais. Le 26 août, après les affrontements entre grévistes et policiers qui virent la mort de quatre ouvriers, plusieurs dirigeants de la CGTU furent arrêtés, dont Ferré et Julien Le Pen.

Cependant, les luttes de tendances s’aiguisaient au sein de la Fédération unitaire des métaux. Le congrès de Saint-Étienne avait révélé que les « anarcho-syndicalistes » étaient minoritaires au sein de la fédération. Le bureau fédéral restait cependant entre leurs mains, et les trois secrétaires avaient adhéré au Comité de défense syndicaliste (voir Pierre Besnard). Les militants pro-Moscou résolurent de corriger cette anomalie, en leur menant la vie impossible à la commission exécutive. Épuisés, Théo Argence et Célestin Ferré donnèrent leur démission le 15 janvier 1923. Lucien Chevalier, emprisonné à ce moment, se solidarisa avec eux et démissionna également. Tous trois assurèrent cependant la gestion de la fédération jusqu’à ce que, le 15 mai, ils soient remplacés par un bureau intérimaire composé de Delagarde et de Métayer.

Du 29 au 31 juillet, Ferré fut délégué au IIe congrès de la Fédération unitaire des métaux, où il siégea désormais dans la minorité, avec Henri Bott, Lucien Chevalier, Jules Massot, Benoît Broutchoux et Théo Argence.

Il rompit probablement avec la CGTU après l’assassinat de Clot et Poncet le 11 janvier 1924, et rejoignit la CGT, puis le Parti socialiste.

Célestin Ferré fut maire (PS) des Pavillons-sous-Bois de 1945 à 1953, et se présenta aux élections législatives du 2 juin 1946 dans le 6e secteur de la Seine, sur la liste conduite par Gérard Jacquet. La profession de foi le présentait comme « transporteur-Ancien secrétaire de la Fédération de Métaux ». Il est décédé aux Pavillons sous Bois le 10 octobre 1954.


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