Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

FACHARD, Claude, Alexandre

Né vers 1859 — Ouvrier mouleur — Saint-Étienne (Loire) — Nouvelle-Calédonie
Article mis en ligne le 7 avril 2007
dernière modification le 5 août 2024

par Dominique Petit, R.D.

Claude Fauchard aurait été l’ami de Ravachol qu’il avait rencontré au syndicat des hommes de peine de Saint-Étienne. Partisan de la reprise individuelle ce serait lui qui aurait initié Ravachol à la fausse monnaie.

Le 16 février 1886, Fachard fut arrêté en compagnie de sa mère et de Pierre Fauvet, 27 ans, armurier, demeurant 10 rue du Pré. Une perquisition faite à leur domicile dans le quartier Patroa amena la découverte de matières propres à la fabrication de fausse monnaie. Les pièces d’argent fabriquées étaient toutes à l’effigie de Napoléon III et au millésime de 1861. Chez Fauvet, la police trouva différents objets servant au faux-monnayage : moules, marques, liquide à argenter, des pièces de 2 francs et rien que des pièces de 2 francs fausses. La mère de Fachard était chargée de leur mise en circulation et utilisait une technique bien particulière : elle n’avait sur elle jamais plus d’une fausse pièce afin de ne pouvoir être accusée de faux-monnayage, en cas d’arrestation, et elle enterrait les autres à proximité, pour venir les chercher, une par une.

Fachard avoua devant le juge d’instruction avoir fabriqué une centaine de pièces de 2 francs.

Le 11 mai 1886, Fachard qui n’avait pas d’avocat fut condamné à 18 mois de prison, Fauvet à 15 mois et la mère de Fachard à 8 mois.

En mars 1891, des malfaiteurs pénétraient avec escalade et effraction dans une maison de campagne au lieu-dit La Côte et emportèrent une quantité considérable d’objets de literie, vêtements, mobilier. Les voleurs mirent ensuite le feu à la maison mais l’incendie fut arrêté par les voisins.

La participation de Fachard à ce vol ne put être prouvée, mais le propriétaire de la maison, M. Loy, avait occupé auparavant sa sœur comme domestique et, lors des perquisitions qui suivirent l’arrestation de Ravachol après l’assassinat de l’ermite de Chambles, la police retrouva une partie des objets volés chez lui. Fachard aida également Ravachol et sa maîtresse Madeleine Labret à transporter le butin mais prétendit qu’il croyait qu’il s’agissait d’alcool, Ravachol étant également contrebandier.

C’est à cette époque qu’un soldat du 86e de ligne, en garnison au Puy, lui écrivit : « Chers collègues, ici, ce n’est que marches militaires, service en campagne et tout le saint-frusquin. Quant à moi, je tire ma flemme à l’infirmerie, à l’hôpital et ailleurs ; il faut faire comme on peut, sans quoi on recevrait des pruneaux, comme à Fourmies… Et Ravachol ? Ah ! en voilà un qui a bien travaillé à Chambles en débarrassant la société d’une crapule ! Quelle frousse, mes amis pour les bourgeois ! Ca craque ! courage ! Ah ! que le temps me dure de sortir de cette pourriture qu’on appelle l’armée ».

Incarcéré, Fachard écrivit un billet chiffré pour faire savoir aux amis politiques que Ravachol ne serait pas chargé par les détenus, lors de l’instruction du meurtre de l’ermite. Ce billet fut trouvé dans le col de la veste d’un autre prévenu. Interrogé par M. Benad, le chef de la Sûreté de St Étienne, le jour de son arrestation, il déclara : « Si Ravachol a tué l’ermite Jacques Brunet, c’est pour la cause sainte, dans l’intérêt du parti anarchiste ».

Pour le recel de ces deux vols, la cour d’assises de la Loire condamna le 12 décembre 1891 Fachard à 5 ans de travaux forcés.

Fachard purgea sa peine en Nouvelle-Calédonie.

En 1903, un Fachard était horloger à Nouméa, place du marché (Nouvelle-Calédonie) où il diffusait les brochures anarchistes et le journal Les Temps nouveaux ; il pourrait s’agir de Claude Fachard.