Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

PERAULT, Henri

Né vers 1866, — mort le 25 mars 1908 — Garçon épicier ; terrassier — CGT — Paris
Article mis en ligne le 26 avril 2019
dernière modification le 17 juillet 2024

par Guillaume Davranche, R.D.

Dans ses souvenirs parus dans La Révolution prolétarienne en 1959-1960, Pierre Monatte évoquait « Pérault, l’admirable Didier du Didier, homme du peuple de Maurice Bonneff, que nous sommes inexcusables d’avoir laissé tomber dans l’oubli ».

Élevé par une mère seule bientôt décédée, Henri Pérault (orthographié aussi Perrault) fut orphelin à 8 ans. Brièvement recueilli par des proches, il commença rapidement à gagner sa vie seul, sur le trimard. Il fut livreur, puis travailla dans une briqueterie du nord de la France où il assista à sa première grève.

L’hiver venu, il se trouva au chômage. La police le coffra pour vagabondage et il fut incarcéré deux mois à la prison pour mineurs de la Petite-Roquette. Il entra ensuite dans un patronage de bienfaisance pour « libérés repentis », où il travailla le cuivre. Pendant une dizaine d’années, il travailla ensuite comme garçon charcutier, crémier, épicier.

C’est alors qu’une brochure socialiste éveilla sa conscience politique. Lors de la répression de 1893-1894 contre l’anarchisme, il fut incarcéré pendant un moment et, selon le témoignage de Guillaume Le Dû à ses obsèques, il fut question de l’impliquer dans le procès des Trente.

À 20 ans, Pérault fit son service militaire au 2e régiment de zouaves. Indiscipliné, il passa en conseil de guerre et fut condamné à deux ans de bagne militaire.

Libéré, il reprit le métier de terrassier, parcourant les routes de France pour s’embaucher sur les chantiers, et s’engagea résolument dans le mouvement syndical.

Il travailla à Paray-le-Monial (Saône-et-Loire) où l’animation d’une grève lui valut quatre mois de prison. Sur le chantier de la ligne de chemin de fer de Bourges à Cosne-sur-Loire, sa propagande syndicale lui valut d’être emprisonné.

Revenu à Paris en 1897, il prit sous son aile un jeune terrassier du nom de Benoît Broutchoux, et c’est probablement lui l’initia à l’anarchisme et au syndicalisme. Broutchoux écrira à sa mort, dans L’Action syndicale : « De 1897 à 1900, j’eus l’avantage de fréquenter ce cœur généreux. Je l’ai vu au travail fier et terrible pour les patrons et leurs sous-ordres, je l’ai connu chez lui hospitalier et agréable, je l’ai apprécié au syndicat comme bon orateur et habile tacticien pour mener les grèves à bien, je l’ai admiré quand il se donnait sans compter dans l’Affaire Dreyfus. »

En 1898, devenu secrétaire du syndicat des terrassiers de la Seine Pérault fut un des initiateurs et des principaux protagonistes, en septembre et octobre, de la grève des terrassiers. Celle-ci s’étendit progressivement à l’ensemble des corporations du bâtiment, mais échoua à se transformer en grève générale.

En 1900, il travaillait au Havre comme terrassier tubiste, et participa à une grève.

En 1905, il fut de nouveau un des animateurs de la grève des terrassiers parisiens, sur le chantier du métro. Nommé secrétaire du syndicat des terrassiers en 1906, il y déploya une activité inlassable.

Il fut délégué au congrès CGT d’Amiens du 8 au 16 octobre 1906.

En janvier 1908, il créa le syndicat des carriers, puisatiers et mineurs de Chevreuse qui prit Bréjaud comme secrétaire. À cette époque, il était également conseiller prud’homal.
Deux mois plus tard, le 25 mars, il mourait à Paris de la tuberculose et, de l’avis de tous, de surmenage. Il laissa une veuve.

La CGT lui organisa des obsèques grandioses le 29 mars, suivies par plus de 25 000 personnes. Il fut enterré au cimetière de Pantin, après une série de discours par Guillaume Le Dû, son successeur au secrétariat du syndicat ; Paul Delesalle, au nom de la confédération ; un délégué de la fédération du Bâtiment ; Thuillier, pour l’union des syndicats de la Seine ; Pataud, au nom de la bourse du travail de Paris ; Bloch, au nom du conseil judiciaire de l’union des syndicats de la Seine ; Tesche, au nom du Syndicat des journalistes professionnels et de L’Humanité ; Benoît Broutchoux, en tant qu’ami proche.

Les Temps nouveaux, lors de son décès, écrivit : « Depuis longtemps déjà on constatait les ravages que les fatigues accumulées causaient dans la santé de Perrault. Malgré les conseils il ne consentit à s’arrêter que lorsque la maladie fut la plus forte et le cloua au lit. Sa mort enlève à l’organisation syndicale un militant courageux et dévoué, et aux idées anarchistes un propagandiste sincère ».

En septembre et octobre 1912 La Grande Revue publia en feuilleton un roman de Maurice Bonneff inspiré par la vie d’Henri Pérault, Didier, homme du peuple. Le roman fut publié chez Payot en 1914.


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