Rozier dont le véritable nom aurait été Joutant était un militant actif dans les années 1880. Il participait notamment aux réunions tenues au 106 rue Oberkampf avec Jahn, Baudelot, Leboucher, Laurens et Pennelier entre autres.
En août 1884 Eugène Joutant avait été l’objet d’une perquisition au cours de laquelle la police avait saisi divers produits chimiques et des bombes vides et chargées. Poursuivi le 25 septembre 1884, avec la veuve Dejoux et Henry Seigné accusés des mêmes charges, il avait fait la déclaration suivante : « Attendu que les juges appartiennent à la classe bourgeoise, qui est notre ennemie mortelle ; qu’étant payés et leur situation dépendant de cette même classe que nous attaquons ; Attendu que, du reste, nous ne reconnaissons à personne le droit de juger les autres ; Je déclare repousser toute participation à la comédie qui se joue et ne répondrai que quand je jugerai bon de développer mes idées, afin que le public puisse juger des mobiles qui nous font agir ». Il avait été condamné à 10 mois de prison tandis que Seigné était condamné à 8 mois et la veuve Dejoux acquitté.
Il s’agit sans doute du Rozier, signalé en 1885 dans les réunions du groupe La Vengeance rue des Lyonnais et qui vers le printemps 1886 avait été suspecté d’être l’un des auteurs avec Albert Maugé, Duprat et Adrien Martin de la brochure L’Action (ou La Dynamite), un manuel pour la fabrication d’explosifs et pour laquelle Rozier tentait de trouver un imprimeur. Selon, la police il était membre avec notamment Duprat, Lapierre et Gardrat du groupe Les Dynamitards qui se réunissait parfois chez Rousseau (rue Saint-Martin). Il était également avec notamment Dupont, Jahn et Niquet, l’un des principaux orateurs de la Ligue des antipatriotes et comme eux se serait insoumis au service militaire.
Début février 1886, lors d’une réunion du groupe La Vengeance, il avait annoncé qu’il avait été tiré au sort et qu’il avait l’intention de passer à l’étranger « pour ne point faire ses cinq ans de service militaire ». A cette même époque il aurait été l’auteur d’une lettre anonyme paru dans le journal La Guerre sociale, dénonçant François Martin (voir ce nom ) comme « un escroc et un mouchard ». Au printemps il aurait fait partie du groupe Germinal (voir Denechère) suite à une scission du groupe La Vengeance.
En avril 1886, selon les indicateurs, il s’était querellé avec Prévost, « revolver à la main » dont la compagne était devenue la sienne.
Début juillet 1886, avec l’aide de Dejoux et de Legrand, il avait déménagé à la cloche de bois et s’était installé 23 Place Maubert.
Il semble qu’à compter de l’automne 1886, le groupe La Vengeance n’existait plus et avait été remplacé par un Groupe d’études sociales du Ve arrondissement qui continuait de se réunir au 46 rue de la Montagne Sainte-Geneviève et où Rozier était signalé à l’automne 1886. Il était également signalé dans les réunions de la Ligue des antipatriotes.
S’agit il du Rozier qui, le 21 janvier 1893, à l’occasion du centenaire de l’exécution de Louis XVI, avait fait une causerie à la soirée familiale anarchiste tenue salle Georget rue Aumaire et à laquelle avaient assisté environ 150 compagnons dont Renard, Vinchon, Millot, Pennelier, Bidault (jeune), Blavié, Deherme, les femmes de Francis et de Chauvière et Simonin. La soirée s’était terminée par divers chants dont Germinal, Les Pieds plats, les Antiproprios et Le Tocsin tandis que le compagnon Bertrand diffusait quelques 200 exemplaires du premier numéro du journal La Débacle (Bruxelles).