Militant anarchiste à Reus (Tarragone), Juan Bautista Ollé y Solé y avait été arrêté en mars 1892 avec J. Montseny Federico Urales et d’autres, tous accusés d’avoir publié une feuille clandestine sur les évènements de Jerez. Libéré en mai il fut finalement acquitté l’année suivante. Il fut ensuite, semble-t-il, l’administrateur de la revue Ciencia Social (Barcelone, 9 numéros, du 1er octobre 1895 à juin 1896) fondée par Anselmo Lorenzo. Il fut de nouveau emprisonné suite à l’attentat de la rue Cambios Nuevos en juin 1896 et incarcéré à la citadelle de Montjuich où, comme les autres emprisonnés il fut sévèrement torturé pour leur arracher des aveux. Lors du procès tenu en décembre 1896 à Montjuich, il fut l’un des 40 accusés à être condamné à 20 ans de prison tandis que 8 autres — dont Tomas Aschieri, Luis Mas, Antonio Nogues, Juan Alsina et José Molas — étaient condamnés à mort puis exécutés le 4 mai 1897.
Dans une lettre sortie de prison et datée du 2 janvier 1897, reproduite par Les temps Nouveaux, Le Libertaire et Le Père Peinard, il relatait son martyre à Montjuich : « Le soir du 1er août… ils me firent entrer dans le cachot n°1… et me lièrent avec les mal-nommées « esposas » [menottes]. Sous la menace du fouet et étroitement surveillé, on m’obligea à marcher. Au bout de vingt quatre heures, j’étais exténué… Je restai dans cette situation trente neuf heures, sans manger ni boire et sans m’arrêter un seul instant… ils me jetèrent dans le souterrain, endroit où sont appliqués les fers rougis au feu sur les chairs des patients… Ils me dirent que moi et les autres nous avions abandonné les bombes trouvées dans la rue Tiballer. Pour n’avoir pas répondu affirmativement, ils me fouettèrent sauvagement… Réellement je suis sortis comme mort… et tout noir de coups reçus dans cette bastonnade. Je perdis connaissance, ils me montèrent au cachot et, une fois là, le sang commença à me jaillir de la bouche et du nez (quinze jours après je saignais encore de la bouche et ma peau était toute en lambeaux)… Dans la soirée [du 8 août], ils me changèrent de cachot et Portas me dit que c’en était fait de moi si je ne lui disais pas où était Luis Mas. Je lui répondis qu’il pouvait me tuer, mais qu’il m’était impossible de dire ce que j’ignorais. Ses menaces m’épouvantaient au point que je commis des atrocités. Je mangeais des morceaux de la chaux des murailles, je bus le pétrole de la lampe du cachot, mon urine. mais tant de saletés restèrent sans résultat… Tout cela est indigne et sauvage ; mais la manière dont on m’a jugé ne l’est pas moins. Je fus accusé par la victime Nogues, individu que je connaissais seulement de vue. Il dit que je faisais des souscriptions pour acheter des matières explosives et qu’une fois, un soir, je prévins les assistants des réunions qui se tenaient au cercle des charretiers, que l’argent que je recueillerais, serait pour cela et non pour ce qu’avait dit Luis Mas. Je répondis que c’était faux et le juge ne prit pas la peine de vérifier le fait cité par l’accusateur, entre Mas et moi, sans doute parce que ce serait trop fâcheux de savoir la vérité… »
A Montjuich, selon le témoignage de Joseph Thioulouze (cf. Le Libertaire, 2 juillet 1897), il avait tenté à deux reprises de se suicide en avalant de la chaux.
Il fut par la suite envoyé au bagne de Ceuta dont il fut libéré fin 1899 et gagna alors Londres avec plusieurs des anciens condamnés de Montjuich dont Vilas, Vilella, Sala, Melich et Pons Villaplana. Début mai 1900, avec ses camarades il y participait à une réunion au Club communiste allemand avec notamment Kropotkine.
En décembre 1900 ou janvier 1901, il était arrêté à Paris avec Octave Jahn et son beau frère accusés d’un vol au pavillon du Mexique de l’Exposition internationale où ces deux derniers travaillaient. Tous furent libérés après plusieurs semaines de prison et avoir prouvé qu’à l’heure du vol, leur présence avait été constatée dans une réunion.
Après son retour en Espagne, il milita à la Fédération CNT de l’industrie du bois. En 1936, la Fédération locale CNT de Barcelone avait lancé un appel en sa faveur et celle de vieux militants en difficulté.
Juan B. Ollé y Solé, qui depuis 1906 était le compagnon de Antonieta Borras, fille de Martin et décédée très jeune, avait collaboré au livre de M. Buenacasa El movimiento obrero español.