Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

GARDRAT, Aristide, Pierre

Né le 9 avril 1859 à Lille — mort le 30 juillet 1893 — Paris — Londres
Article mis en ligne le 21 octobre 2015
dernière modification le 6 août 2024

par Dominique Petit, Guillaume Davranche, ps

Aristide Gardrat (parfoi orthographié Garderat) était en 1885 le gérant du journal La Question sociale dirigé par Argyriades. Il était signalé dans les réunions du groupe La Vengeance, rue des Lyonnais, fondé par Delamarrre et A. Crié. En 1886, selon la police, il aurait été membre avec notamment Duprat, Joutant dit « Rozier et Lapierre du groupe Les Dynamitards qui se réunissait parfois chez Rousseau (rue Saint-Martin). Au printemps 1886 il était aussi signalé dans les réunions du groupe Germinal, une scission du groupe La Vengeance dans le Ve arrondissement. A l’été 1886 il fut également signalé dans les réunions du Groupe anarchiste du quartier du Père Lachaise fondé en mai autour de Louiche. Puis il fréquenta le Cercle anarchiste international fondé en 1888 (voir Tennevin). Selon Charles Malato, il était licencié en lettres et « doué pour les mathématiques ».

Il s’agit sans doute du Gardrat qui demeurait 18 rue Descartes (Ve arr.), membre de l’éphémère groupe Les Gueux fondé en janvier 1888 (voir Gouzien) et qui, au printemps 1888, organisait avec Léon Roux des réunions à la salle Gaucher (rue de la Montagne Sainte-Geneviève) par le comité d’action anarchiste pour la propagande anti-boulangiste.

Le 9 décembre 1891 il avait participé salle du Gros Bœuf (rue Greneta) à la première réunion du groupe Les Peinards (voir Tresse). Lors de la réunion du 23 décembre il avait déclaré ne pas s’être rendu à la caserne pour effectuer une période de 13 jours et avait demandé aux compagnons de désormais ne plus l’appeler par son nom, afin de ne pas attirer sur lui l’attention des autorités militaires.

Il s’agit vraisemblablement du Gardéra (sic) signaléen 1891 dans les réunions du groupe des V et XIIIe arrondissements.

En 1892 il était signalé dans les réunions du Cercle anarchiste international de la salle Horel.

Devenu gérant du Père Peinard, d’Émile Pouget, le 1er mai 1892 en remplacement de Durey, il fut poursuivi dès le 11 juin pour dix articles publiés dans 5 numéros et condamné par défaut avec Durey le 28 juin 1892 à 2 ans de prison et 3.000 francs d’amende à la suite à la réédition, lors du procès de Ravachol, de la chanson du Père Duchesne, peine confirmée en appel fin août.

Gardrat, qui habitait alors 13 rue de la Harpe (5e arr.), se réfugia à Londres où il allait travailler comme plongeur, vivre dans une grande misère et tomber gravement malade suite « aux froides nuits sur les bancs d’Hyde Park » (cf. Zo D’Axa). Il fréquenta alors le Club Autonomie.
Ce fut à cette époque qu’il devint très probablement l’indicateur Z 2 de la préfecture de police dont les rapports commencèrent le 17 août 1892. Il n’existe pas de preuves formelles que Gardrat fut l’indicateur Z2 mais de fortes présomptions peuvent le laisser supposer. Il arriva dans cette ville probablement le 24 août, le rapport rédigé à cette date rayant l’origine « Paris », pour « Londres ». Il faut souligner qu’à cette époque la Préfecture n’ayant aucun indicateur sur place était en recherche d’un correspondant. Z 2 envoya 24 rapports, jusqu’au 12 février 1893.

Le 5 novembre 1892 il avait été de nouveau poursuivi à Paris pour une série d’articles parus dans Le Père Peinard où depuis janvier 1893 il avait été remplacé à la gérance par J. Lecuyer.

Poussé par la faim et « phtisique au dernier degré », il rentra à Paris où le 12 juin 1893, il fut interné à Sainte-Pélagie, puis transféré le 29 à la prison de la Santé. Revenu à Sainte-Pélagie le 7 juillet dans un était encore plus lamentable, il était renvoyé à la Santé le 13 juillet et décédait le 30 juillet à l’hôpital Laennec. Le 5 août il fut incinéré au Père Lachaise.

Le 12 août une cinquantaine d’anarchistes menés par Lucien Pemjean, Bichon et Decrêpe lui rendirent hommage au Mur des fédérés où une couronne d’immortelles rouges, portant l’inscription « A Gardrat, victime de la société » avait été déposée. Après un bref discours de Pemjean les compagnons s’étaient séparés aux cris de « Vive la Sociale ! Vive l’anarchie ! ». Sa mort fut ensuite instrumentalisée par la tendance individualistes pour attaquer Pouget ; dans le journal L’Esprit d’initiative du 24 novembre 1895, sous le titre « Misère et mort de l’anarchiste Garderat pour cause d’altruisme », il était écrit : « Le rédacteur [Pouget] qui l’avait fait condamner et qui avait dû, lui aussi, gagner l’Angleterre, continuait à toucher, très digne, les souscriptions des fidèles de « l’Idée » ; mais Garderat, déclaré indigne, toussait dans le brouillard… Garderat mourut, ô vendeurs de la solidarité, de votre mensonge doctrinal ».Pouget, s’il avait retiré sa confiance à Gardrat n’avait en rien contribué à son arrestation.

Au printemps 1894, suite à l’extradition d’Angleterre de Théodule Meunier, accusé d’être l’auteur de l’attentat contre la caserne Lobau, plusieurs compagnons réfugiés à Londres, laissaient entendre, selon les indicateurs, que c’était Gardrat, décédé, qui avait été l’auteur de cet attentat


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