Dictionnaire international des militants anarchistes
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VILLEVAL, Albin [VILLEVAL Paul, Antoine, Albin]
Né le 18 décembre 1870 à Paris - mort le 2 janvier 1933 - ouvrier typographe ; correcteur - CGT - Paris – Bruxelles – Sète, Béziers & Montpellier (Hérault)
Article mis en ligne le 9 juin 2010
dernière modification le 20 avril 2024

par R.D.
Albin Villeval

Fils du militant de l’Internationale Joseph Villeval, Albin fut élevé par ses oncles Paul et Denis. Il fit des études primaires, puis entra comme apprenti typographe à la maison Lahure où travaillaient ses oncles. Denis Villeval fonda un groupe socialiste dans le quartier Plaisance, XIVe arr, durant l’hiver 1888-1889, où se retrouvèrent Albin et Paul Delesalle, camarade d’école. De ce groupe se détacha un noyau anarchiste animé par les Villeval.

En 1891 Albin qui demeurait 10 rue Roger, fut l’administrateur du bi-mensuel Le Forçat (Paris, au moins un numéro le 4 juillet 1891) dont le gérant était E. Fores et qui se présentait ainsi « Compagnons, nous ne voulons pas faire ici une déclaration de principes… car pour nous les principes sont une morale et la morale, nous nous asseyons dessus… Nous voulons… faire un journal de lutte… Ni Dieu, ni Maître ! Tel est notre cri et nous espérons bien que nous le conserverons et que nous l’affirmerons, la plume ou la torche à la main… Arrière Patrie, Famille, Religion, Propriété et Préjugés sociaux et moraux… ». Le 13 août 1891, suite à l’article Petit conscrit dont il était l’auteur, il avait été condamné à Paris à 6 mois de prison pour "injures envers l’armée" tandis que Fores était condamné à 15 mois. Dès le 5 juillet, lors d’une réunion à la salle Horel, il avait revendiqué la paternité de cet article et avait déclaré qu’il allait s’insoumettre et, avait l’intention, muni de faux papiers et en vélocipède, de gagner la Belgique.

Selon Maitron Albin créa, rédigea et composa, au début de 1892, le périodique éphémère La Misère (non mentionné par Bianco). Il encourut sa première condamnation à 2 ans de prison à l’automne 1892 et fut arrêté en tentant de s’échapper du tribunal. Puis, comme insoumis, il gagna Bruxelles et, son père étant né en Belgique, il adopta la nationalité belge. Il édita à nouveau avec l’aide de son oncle Denis qui l’avait rejoint La Misère (Bruxelles, 10 numéros du 9 avril au 24 septembre 1892) dont l’administrateur était Jean Profiter. Cette même année 1892, Albin qui demeurait 26 rue de Prusse, à Saint-Gilles, fut l’imprimeur de l’organe L’Antipatriote (Saint-Gilles, un numéro), titre qui sera repris en 1894 par Charles Herkelboeck à Saint-Josse Teen Noode (un numéro)… Albin fonda aussi un groupe d’« art social » qui publia la revue L’Art pour l’art (décembre 1892-mai 1893) dont l’un des rédacteurs-imprimeurs était son oncle Denis. Il fut condamné en février 1893 pour délit de presse à deux ans de prison et à une amende, mais il s’enfuit au moment même du jugement et put quitter la Belgique avec l’aide de militants du Parti ouvrier belge. Il vécut alors dans la clandestinité à Chimay, puis au Cateau en travaillant, sans pouvoir faire toutefois de propagande. Après un séjour rapide à Paris, où le 15 juillet 1893, il fut signalé dans une réunion du Groupe d’études et vulgarisation des V et XIIIe arrondissements, 127 rue Mouffetard, il gagna Barcelone, mais, ignorant la langue, ne put s’y établir et se rendit à Cette puis à Béziers, Nîmes, de nouveau à Cette, enfin à Montpellier. Il fut tour à tour garçon de café, colleur de papiers peints, figurant de théâtre. Découvert, il fut condamné à deux ans de prison, rapidement amnistié, mais aussitôt poursuivi pour insoumission et condamné à six ans de travaux publics qu’il accomplit. Pendant sa clandestinité il aurait, selon la police, utilisé de nombreuses fausses identités dont Oscar Massin, Maurice Delesalle, Edmond Mantin et Léon Bicha.

Rendu à la liberté, il reprit son métier de typographe, notamment au quotidien dreyfusard Le Journal du Peuple (1899) de Sébastien Faure, fit reparaître La Misère (Paris, 14 numéros, 29 août-10 décembre 1898). A l’été 1898 il aurait été membre de la rédaction du Cri de Révolte dont il avait suggéré le titre à G. Bordes. Selon le rapport d’un indicateur, Villeval était “un garçon sérieux, froid, anarchiste de propagande par la brochure et par les groupes. Il est petit, maigre, blond, avec barbiche à deux pointes. Il présente le type de bohème 1830” (cf. APpo BA 1497).

Le 9 août 1898, lors d’une réunion publique organisée salle Resnoblet, rue Saint-Denis, par le groupe d’études et d’agitation révolutionnaire, il avait préconisé la réorganisation des groupements anarchistes disparus depuis 5 ou 6 ans, avait parlé des organisations anarchistes d’Espagne soulignant qu’à Barcelone, par suite de leur propagande, les compagnons faisaient beaucoup d’adhérents ; il avait ajouté qu’il fallait “pénétrer dans les syndicats ouvriers et combattre les prétentions des politiciens tels que Jaurès et autres qui ne cherchent qu’à amener ces organisations à leur cause”. Ce à quoi le compagnon Prost avait répondu en disant que la pénétration dans les syndicats avait été essayée sans réussite car on voyait toujours “les mêmes individus représenter dans les congrès ou ailleurs, telle ou telle corporation, et qui ne vont là que pour leur agrément”. En avril 1899 la police signalait qu’il tentait de fonder un cercle de typographes anarchistes.

Puis, sous l’influence de Gustave Franssen, il devint correcteur et fut admis au syndicat le 1er septembre 1904. Il allait être le véritable créateur du syndicat, en le transformant en quelques mois en une organisation jeune et dynamique basée sur des principes qui seront plus tard énoncés dans la Charte d’Amiens. À la tête du syndicat des correcteurs, il lutta contre la direction réformiste de la Fédération du Livre, participa au XIVe congrès national corporatif — 8e de la CGT — tenu à Bourges du 12 au 20 septembre 1904, où il se prononça contre la représentation proportionnelle, « inutile, dit-il s’adressant aux délégués, puisque, dans nos congrès, vous avez la satisfaction de pouvoir librement manifester vos tendances » (cf. c. rendu, pp. 188-190). Il participa également au 10e congrès de la CGT tenu à Marseille du 5 au 12 octobre 1908, puis à celui de Lyon (1919) et Orléans (1920). Il fut responsable du syndicat des correcteurs de 1905 à 1910, puis de 1913 à janvier 1920 - pendant la guerre il organisa la solidarité avec les familles des correcteurs victimes du conflit-, enfin de juin 1932 à son décès en janvier 1933 ; il fut également secrétaire général adjoint de la Fédération française des travailleurs du Livre (FFTL), de janvier 1920 à novembre 1921, en remplacement de Liochon.

Il collabora pendant toute cette cette période notamment à La Bataille syndicaliste (Paris, 1911-1915) l’organe de la CGT, puis à La Bataille (Paris, 45 numéros du 4 mai 1922 au 20 octobre 1925) organe des minorités syndicalistes de la CGT. Pendant le conflit mondial il avait collaboré à La Plèbe (Paris, 5 numéros, 13 avril au 4 mai 1918) qui regroupait les opposants à la guerre et dont le gérant était Alignier.

Albin Villeval adhéra en 1921 au Parti communiste, mais le quitta rapidement. En mars 1921 il collabora au triple numéro spécial des Temps nouveaux consacré à Pierre Kropotkine.

Après avoir quitté le Parti communiste lors de la crise de 1924, Albin Villeval appartint l’année suivante au « noyau » de la Révolution prolétarienne, revue lancée par M. Chambelland, P. Monatte et A. Rosmer. A l’été 1925, lors de l’enquête lancée par la revue sir "l’unité syndicale", il écrivit notamment : “Tant que les organisations syndicales ne voudront pas appliquer la Charte d’Amiens, tout au moins dans son esprit, en observant la plus stricte neutralité à l’égard des partis politiques… tant qu’elles seront tiraillées ou accaparées par l’un ou l’autre de ces partis, l’Unité sera impossible à réaliser”.

Dans les années 1930-1931, il approuva l’appel à l’action du Comité des « 22 » pour la réunification syndicale.

Albin Villeval est décédé le 2 janvier 1933.

En novembre 1909, un Albert, Paul Villeval, correcteur, fut initié à la loge « La Raison » du Grand Orient. Il s’agit vraisemblablement d’Albin Villeval.

OEUVRE : Les Amours d’un Communard, en feuilleton dans l’Humanité en 1911.


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