Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

LEMOINE, Étienne, Gaspard

Né à Villapourçon (Nièvre) le 4 juin 1837 — Cordonnier — Lyon (Rhône) — Alger
Article mis en ligne le 25 octobre 2013
dernière modification le 8 août 2024

par ps

Étienne Lemoine, qui en 1877 se trouvait à Genève où il fit partie de l’Association anarchiste de production des cordonniers (voir Étienne Faure), était membre au début des années 1880 du groupe anarchiste La Lutte de Lyon.

Le 22 octobre 1882, lors de la réunion publique contre “les exploits de la police” tenue à la salle de l’Alcazar et présidée par Renaud, il avait notamment déclaré être partisan de la violence et qu’il acceptait « Le poignard comme jugement et en frappera tous ceux qui le gêneront”).

Très actif propagandiste, il avait été l’un des premiers à réorganiser le mouvement à Lyon après le procès des 66 (voir Bordat, Toussaint). il fut notamment le trésorier de la commission de répartition des secours aux familles des détenus politiques puis membre d’une éphémère commission de fusion des groupes révolutionnaires. Pour financer l’aide aux familles des prisonniers, il organisa notamment une soirée de prestidigitation le 1er avril 1883, qui se révéla un fiasco, faute de spectateurs.

Il fut le gérant du premier numéro (1er avril 1883) du journal La Lutte (Lyon, 1er avril au 5 août 1883, au moins 19 numéros et un supplément) où il fut ensuite remplacé par Morel. Le titre qui avait pris la suite du Droit social et de L’Etendard révolutionnaire sera suivi par Le Drapeau noir puis, au fur et à mesure des condamnations de ses responsables de nombreux autres titres dont L’Emeute (Lyon, 7 numéros, 9 décembre 1883 au 20 janvier 1884) dont selon la police il était membre de la rédaction avec Vincent Berthout, Léon Domergue et Claude Grillot et auquel les compagnons de Saint-Étienne reprochèrent de ne pas avoir fait parvenir les bénéfices aux familles de détenus politiques…

Il fut condamné le 5 février 1884, par le tribunal correctionnel de Lyon, à un an de prison, par application des articles 222 et 224 du code pénal, pour outrage par paroles et gestes envers un magistrat et des agents de la force publique, dans une réunion tenue le 19 janvier 1884. Dans une lettre du 15 février 1884, adressée à Léonie Pallait de Lyon, Lemoine écrivait que son arrestation ne l’avait pas frappé du tout mais que ce qui l’avait le plus éprouvé « c’est de me voir condamner comme délit de droit commun. Vous devez comprendre que l’on subit le même sort que si l’on avait tué quelqu’un ; que voulez vous, puisque je suis considéré comme tel !… Je n’ai qu’à faire comme tous les philosophes ; chercher le moyen de me rendre le moins malheureux possible… Je n’ai qu’un seul désir, ne pas être oublié par ceux qui sont en liberté, parce que être isolé en prison, c’est la mort » (cf. AD Rhône 4M306). En appel, sa peine fut élevée à un an et un jour. Lemoine subit sa peine à Clairvaux, et fut libéré le 25 décembre 1884.

Dans la nuit du 19 au 20 décembre 1885, des affiches « Appel des anarchistes à leurs frères de misère » apposées dans Lyon furent le prétexte à perquisition. Les placards litigieux ne furent pas retrouvés chez Lemoine, mais son abondante correspondance fut consultée.

En mars 1886, il fut membre, avec quelques anarchistes mais surtout des socialistes-révolutionnaires, d’une commission destinée à faire pression sur la préfecture pour donner du travail aux ouvriers. À ce titre, il fut l’organisateur d’une grande réunion publique qui fut interdite par la préfecture. L’interdiction provenait de ce que l’un des déclarants avait omis d’indiquer son nom complet et son adresse. Lemoine fut donc condamné en simple police à dix-huit francs d’amende le 29 avril.

E. Lemoine émigra fin 1888 en Algérie où il fut au début des années 1890 l’un des animateurs du groupe anarchiste de Mustapha (Alger) où il fut arrêté fin avril 1892 pour « incitation à la révolte » avec une dizaine d’autres compagnons et préventivement à la manifestation du 1er mai. Selon la police il se qualifiait « d’ancien combattant de la Commune du Creusot ». Il souscrivait à la même époque au journal Le Libertaire (Alger, au moins 7 numéros du 27 janvier au 10 avril 1892) dont le gérant était Jean Faure. En Mars 1892, Lemoine, qui demeurait 19 rue de la Liberté à Agha (Alger), avait été l’un des organisateurs d’une « soirée familiale » commémorant la Commune de Paris. Son nom figurait sur un carnet d’adresses saisi en mai 1892 lors d’une perquisition chez Sébastien Faure à Marseille.

En août 1893, il eut le projet de publier en Algérie, un hebdomadaire intitulé Le Travailleur. Ce ne fut qu’un projet. Il milita aux groupes anarchistes d’Alger-Mustapha avec Pelegrin, Xixonnet, Rabotin, etc.

En janvier 1894, son nom figurait sur une liste de correspondants de journaux anarchistes établie par la police.

En 1895 il avait la douleur de perdre sa fillette Camille âgée de 14 ans.

Devenu par la suite propriétaire d’un magasin de chaussures, il fut rayé du contrôle des anarchistes d’Algérie en août 1902. Il fut réinscrit deux ans plus tard, pour être définitivement radié en février 1909.

Lemoine eut plusieurs filles, dont l’une fit célébrer son union libre avec Augustin Monier par l’anarchiste Teisseire.


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