Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

MARMANDE, René de [vicomte de RORTHAYS de Saint-HILAIRE, Marie, Constant, Emmanuel, Gilbert dit]

Né le 1er janvier 1875 à Vannes (Morbihan) — mort le 22 octobre 1949 — Journailiste — AIA — CGT — Paris
Article mis en ligne le 15 juillet 2013
dernière modification le 8 août 2024

par ps

Né dans une famille de la petite noblesse vendéenne, Marie Rorthays de Saint-Hilaire avait quitté en 1894 Chartres où il était en pension chez les congréganistes pour aller à Paris faire des études droit. Il commença immédiatement à fréquenter les milieux anarchistes où il allait être connu sous le nom de René de Marmande.

René de Marmande prit une part active au mouvement libertaire et syndicaliste révolutionnaire avant la Première Guerre mondiale. Il collabora notamment aux Temps nouveaux de Jean Grave, à La Guerre sociale de Gustave Hervé et au bulletin AIA (Paris, 1906) de l’Association internationale antimilitariste.

Début 1906 il avait été l’un des fondateurs — avec P. Delesalle (secrétaire), Dormoy, Allibert, Bled, Luquet, Latapie et Félicie Numietska — et le trésorier du groupe dit de « La liberté d’opinion » destiné à recueillir de l’argent pour les condamnés politiques et leurs familles (cf. Les Temps nouveaux, 24 février 1906) et fondé suite à l’incarcération des 26 signataires de l’Affiche rouge de l’AIA (voir Sadrin). Le bureau du groupe, outre Marmande (trésorier), était formé fin 1907 par Allibert, Bled, Castagné, Delesalle, Desplanques, Garnery, Luquet, Merheim et Nicolet (cf. La Guerre sociale, 23 octobre 1907).

En août 1907 il fut avec A. Dunois, B. Broutchoux et P. Monatte l’un des principaux délégués au congrès anarchiste international tenu à Amsterdam où il fut le rapporteur avec P. Ramus du point 4 de l’ordre du jour « Antimilitarisme comme tactique de l’anarchisme ». Suite à ce congrès, il fut l’un des fondateurs en octobre 1917, avec entre autres Charles Benoit, Christian Cornelissen, Amédée Dunois, Jean Grave et le docteur Marc Pierrot d’un groupe dont le siège se trouvait rue Broca, aux Temps nouveaux et qui adhéra à L’Internationale anarchiste de Londres et tenta de constituer une fédération.

A la mi juin 1908, il participait à la fondation de la Fédération anarchiste de Seine et Seine-et-Oise qui regroupait une dizaine de groupes de Paris et de la région parisienne et à laquelle adhérèrent une quinzaine de groupes de province. Cette fédération qui rassemblait partisans de l’action syndicale (Marmande, Delesalle, Grandidier, Desplanques) et individualistes antisyndicalistes menés par Marceau Rimbault, se délita rapidement.

Après les événements de Villeneuve-Saint-Georges et la vague d’arrestations qui s’ensuivit, René de Marmande cofonda le Comité de défense sociale (CDS), pour soutenir les inculpés, avec entre autres Auguste Delalé, Clergeot, Émile Janvion, Aristide Jobert, Francis Jourdain, Hermann-Paul, Jules Lermina, Alfred Naquet, Tissier et Jules Ardouin, son trésorier. Le CDS fut domicilié chez ce dernier. Quelques mois plus tard, René de Marmande et le CDS pilotèrent la campagne dans l’affaire Girard-Jacquart (voir Maurice Girard).

En avril 1909, avec notamment F. Cuisse, L. Belin, Violette et G. Delpech entre autres, il tenta de nouveau de mettre sur pied une Fédération révolutionnaire regroupant les divers groupes anarchistes. Il fut membre du bureau de cette Fédération.

Les 18 et 25 avril 1909, lors de la grève des ouvriers boutonniers à Méru (Oise), il fut avec Delpech et Violette l’orateur de meetings où il appela à la grève générale et où se produisirent des incidents avec les forces de l’ordre.

Le 11 juin suivant son domicile 83 Boulevard de Port Royal (XIIIe arrr.) était l’objet d’une perquisition.

En septembre et octobre il fut l’un des organisateurs des manifestations en faveur de Francisco Ferrer, ce qui lui avait valu notamment d’être arrêté le 9 septembre pour “insultes à un officier de police”.

Le 25 septembre lors d’un meeting antimilitariste de l’Union des syndicats, il avait déclaré que « Le prolétariat n’a pas de patrie » et que le soldat ne devait pas seulement se révolter quand on lui demandait de tirer sur ses frères français « mais aussi en cas de guerre, contre l’étranger ».

De février à mai 1910, il fut membre du Comité révolutionnaire antiparlementaire qui coordonnait la campagne abstentionniste durant les législatives.

René de Marmande fut un des principaux acteurs de l’affaire Aernoult-Rousset. Le 24 mars 1910, il fut parmi les 16 signataires de l’affiche À bas Biribi imprimée par le CDS pour réclamer justice dans l’affaire Aernoult-Rousset. Les 16 signataires passèrent en procès les 4 et 5 juillet pour “provocation au meurtre et à la désobéissance”, et furent acquittés.
Le CDS lui confia le soin de mener l’enquête en Algérie, et René de Marmande en rapporta de nombreuses pièces qui allaient constituer le gros du dossier pour la défense de Rousset. Mais son voyage avait entraîné des frais que le CDS jugea bien trop élevés. Une dispute surgit, et René de Marmande fut gravement mis en accusation. Finalement le CDS passa l’éponge, mais De Marmande donna sa démission. Il rejoignit alors le Groupe des Temps nouveaux formé par Jacques Guérin, Grave, Charles Benoît et André Girard et cessa toute collaboration avec le journal La Guerre sociale.

Pour poursuivre la campagne en faveur de Rousset, René de Marmande, qui était alors inscrit au Carnet B, constitua en 1912 un Comité Rousset, concurrent du CDS, avec plusieurs personnalités du monde de la politique, des sciences, des arts et des lettres dont Alfred Dreyfus, J. Grave, Han Ryner, C. A. Laisant et Anatole France. Il en fut le secrétaire et était alors domicilié à Clamart, 223 rue de Paris.

Mobilisé en mars 1916, il fut réformé pour myopie et recommença à militer, fondant la revue pacifiste hebdomadaire Les Nations favorable à un rapprochement franco-britannique.

Par la suite il adhéra brièvement au Parti communiste puis collabora à divers organes de la tendance réformiste de la CGT dont L’Atelier, Le Peuple et Syndicats de René Belin. Pendant l’Occupation il collabora à L’Atelier où il publia des souvenirs. (Voir sa notice complète dans Maitron en ligne

Œuvre : — Les intellectuels devant les ouvriers (Ed. des Temps nouveaux, 1907) ; — Émile Rousset et l’enquête du lieutenant Pan-Lacroix : étude d’après la correspondance d’Émile Rousset (Comité de soutien, Paris, 1912) ; — L’intrigue florentine (1922).


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