Après avoir été reçu docteur en chimie, Ettore Molinari, qui avait commencé à militer alors qu’il était encore étudiant, était parti pour Zürich, puis en Allemagne (1889) et à Londres (1890). En 1889 il fut délégué de la minorité anarchiste au congrès socialiste international de Paris où le rencontra Max Nettlau. A Londres il fréquenta notamment Kropotkine et Malatesta et mit ses connaissances de la chimie au service de la révolution en rédigeant l’opuscule La Guerra all’oppresore. Il milita deux années à Paris au groupe éditant La Révolte où il rencontra Reclus et Jean Grave. Il y participa également aux réunions du Cercle anarchiste international de la salle Horel.
A l’une de ces réunions le 6 juillet 1890, aux compagnons Laurens, Martinet et Nikitine qui avaient qualifié de “bourgeois” la plupart des nihilistes russes, il avait fait valoir qu’au moins « étaient ils des hommes d’action au contraire des anarchistes français qui s’attardent trop à la théorie ».
Sous le coup d’un arrêté d’expulsion daté du 28 avril 1890 — il était alors dit “antiquaire” — il rentra en Italie où il allait enseigner jusqu’en 1894, date à laquelle son nom figurait sur une liste anarchistes établie par la police des chemins de fer en vue de la « surveillance aux frontières » (fichier Bertillon). C’est à cette même époque qu’il abandonna l’enseignement pour devenir le directeur du département de chimie de la teinturerie de laines Rossi à Schio et cessa alors de militer.
Vers 1901 il alla s’installer à Milan où, après un concours, il fut nommé directeur du laboratoire chimique de l’École d’encouragement des arts et métiers, puis professeur à l’université de Brescia. Il reprit alors le militantisme et aurait été l’un des fondateurs du journal Il Grido della folla (1902-1906) puis de La Protesta umana (1906) de tendance communiste anarchiste mais anti-organisationnelle et qu’en 1909 il ne parviendra pas à en faire un quotidien.
Pendant la Première guerre mondiale, il fit partie des anarchistes interventionnistes.
En 1919 il fut l’un de ceux qui suggérèrent la création d’un quotidien anarchiste, ce qui se concrétisa par la parution le 27 février 1920 du premier numéro à Milan de Umanità nova à laquelle il collabora jusqu’en mars 1921 où suite à la destruction du local par les fascistes, le journal fut transféré à Rome.
Après la prise du pouvoir par les fascistes, il partagea son temps entre les cours à l’université et des expériences de culture rationnelle dans une ferme du lac de Garde.
Ettore Molinari est décédé d’une angine de poitrine le 9 novembre 1926.
Œuvres : — Outre de nombreux ouvrages scientifiques (publiés en français chez Dunod, 1920-1923) ; — La Guerra all’oppresore (Londres) ; — Verso l’anarchia (préfacé par Kropotkine) ; — Fattori economici per il trionfo della rivoluzione sociale (Milan, 1920) ; — une brochure sur les colonies anarchistes (en collab. avec Ireos ?).