Dictionnaire international des militants anarchistes
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MARZOCCHI, Umberto
Né le 10 octobre 1900 à Florence – mort le 4 juin 1986 - Ouvrier ajusteur – UAI - FAI – USI - CGIL - La Spezia, Savone (Italie) - Belgique – Lille (Nord) – Barcelone (Catalogne) - Saint-Girons (Ariège)
Article mis en ligne le 11 mars 2013
dernière modification le 25 novembre 2023

par ps
Umberto Marzocchi

Umberto Marzocchi, qui venait de perdre son père, avait dû, dès l’âge de 17 ans, commencer à travailler comme apprenti ajusteur mécanicien à La Spezia. Il y devint rapidement anarchiste au contact des ouvriers de l’arsenal et adhéra à l’ Union syndicale italienne (USI) dont il devint un activiste et fut nommé secrétaire du syndicat des métallurgistes. C’est à cette époque que lors d’une grève contre la vie chère déclenchée par les ouvriers de l’usine Vickers-Terni où il travaillait, et d’affrontements avec la police, il fut condamné pour la première fois à 6 mois de prison.

Membre de la rédaction du journal Il Libertario, correspondant de Guerra di classe l’organe de l’USI, il était en relation avec Malatesta ; bon orateur et surnommé Lenin il était considéré par la police comme dangereux et d’un caractère violent.

En juin 1920, avec une cinquantaine de compagnons – dont Costante Danese et P. Binazzi, il paricipait à une tentative d’insurrection à La Spezia et à l’assaut de la poudrière de Val di Locchi, qui échoua suite à une dénonciation. Arrêté il fut finalement libéré et acquitté en février 1921. Lors du congrès de l’Union anarchiste italienne (UAI) tenu à Bologne en 1920, il fit une intervention sur le thème des Conseils d’usines.

Il participa également à la formation des Arditi del popolo et en juillet 1921 à la tête d’une cinquantaine de volontaires aux évènements révolutionnaires de Sarzana.

En février 1922 il allait s’installer à Savone où il allait travailler comme employé au recensement et rencontrer sa compagne Elvira Angella qu’il allait épouser en avril 1922. Il participait alors aux importantes mobilisations des métallurgistes ligures. Comme membre de l’union anarchiste ligure il fut à l’initiative de mobilisations en faveur de Sacco et Vanzetti et l’organisateur du Comité d’agitation antifasciste d’où naîtra l’Alliance dui travail (Alleanza del lavoro).

Début 1923, pour échapper aux escadrons fascistes, il passait en France d’abord à Nice, puis à Lyon, Paris et Lille où il participa avec notamment Mario Mantovani et Hem Day aux activités du Comité pour les victimes politiques (CPVP). Le 6 décembre 1924 il fut l’objet d’un arrêté d’expulsion et allait désormais vivre clandestinement entre la France et la Belgique.

En septembre 1925, il fut aux cotés de Ugo Boccardi, Carlo Pergoli et Vittorio Diana, l’un des animateurs à Nice d’un comité de défense de 38 compagnons devant être poursuivis en novembre suivant devant la cour d’assises de Gênes.

En 1933, sous l’identité de Buenoventura Della Monica et de Casella, il résidait semble-t-il à Lille et s’occupait notamment des passages clandestins à la frontière belge Arrêté avec Ernesto Bonomini le 26 avril 1933, il fut l’objet d’un arrêté d’expulsion, mais, suite à une vigoureuse campagne de solidarité, obtint un sursis. En 1934, avec pour tout papier un livret militaire au nom de Gaston Bouillot, il résidait à Bruxelles où il continuait ses activités.

Les 1-2 novembre 1935, Marzocchi Zocca participa au congrès anarchiste italien de Sartrouville où, après avoir constaté l’incompatibilité entre l’anarchisme et le bolchévisme, il avait appelé à une collaboration entre les syndicalistes, les républicains de gauche, les communistes dissidents et Giustizia e liberta. Il y fut nommé au bureau du Comité anarchiste d’action révolutionnaire aux cotés de Berneri, Cremonini (un fasciste infiltré), Mastrodicasa, Frigerio et G. Mariani.

En 1936 il résidait de nouveau clandestinement en France et participait aux diverses réunions et conférences du Comité. Les 20 et 21 juin 1936 il avait participé avec entre autres A. Perissino, R. Gilioli, T. Rasi, U. Marzocchi et R. Gunscher à la conférence internationale pour le droit d’asile organisée à Paris par le centre de liaison des comités pour le statut des immigrés ; à cette conférence les délégués des organisations d’exilés et notamment les libertaires, n’avaient eu que le statut d’observateurs sans possibilité d’intervenir dans les débats. En réponse ils avaient alors tenu le 26 juin un meeting salle Lancry présidé par Albert Cané secrétaire du comité CGT du droit d’asile et Sébastien Faure.

Dès le début du coup d’État franquiste de juillet 1936, il gagna comme beaucoup d’autres militants italiens l’Espagne et s’enrôla dans la section italienne de la Colonne Ascaso, participant aux combats du Monte Pelato sur le front d’Aragon.

Il fut ensuite chargé de trouver et acheter des armes pour les volontaires. En septembre 1936 il était revenu à Lille pour mettre sur pieds un réseau de passage d’armes à la frontière franco-belge : avec l’aide de R. Gilioli, de Mantovani à Bruxelles et de Hoche Meurant à Watrelos, des fusils furent achetés en Belgique puis acheminés vers Toulouse où Tricheux s’occupa de les faire passer en Espagne. Le 27 septembre 1936 Marzocchi fut arrêté à Lille et condamné à 1 mois de prison pour infraction à l’arrêté d’expulsion.

Retourné en Espagne dès sa libération, il regagna le front de Huesca comme lieutenant de Giuseppe Bifolchi et participa aux combats d’Almudevar. En décembre 1936 il avait remplacé C. Berneri comme délégué politique de la section italienne de la Colonne. Lors de la militarisation des milices, il s’y opposa, puis après une hospitalisation à Barbastro pour lésion oculaire en mars 1937, gagna Barcelone où il fut membre de la section italienne du Comité de défense de la CNT. En avril 1937, selon un rapport de la police fasciste italienne, il était membre d’un groupe secret comprenant notamment Barbieri, Ercolani et Schiaffonati qui était chargé « de se procurer des armes en vue de lutter contre les communistes ».

En mai 1937, lors des affrontements avec les staliniens, il participa avec notamment E. Granata, Conrado Perissino et l’argentin Verde à la défense du siège du Comité de défense de la Plaza de España. Il fut l’un de ceux qui identifia les cadavres de Camilo Berneri et Francesco Barbieri assassinés par les staliniens. En juin, suite à la répression et aux contrôles menés tant par la Généralité de Catalogne que par les communistes, il rentra en France à Lille où son autorisation de séjour fut bientôt annulée.

Sous la fausse identité de Gaston Bouillot il allait alors vivre clandestinement à Paris avec sa compagne qui trouva un poste de concierge. Au moment de la déclaration de guerre, il se trouvait dans la région d’Orléans et décida de s’engager dans un bataillon de marche de la Légion étrangère et fut envoyé dans un centre d’instruction à Satonays (Lyon). En mai 1940, il profita d’une brève permission pour voir sa compagne et leurs enfants à Paris Il ne devait plus les revoir pendant les cinq années de la guerre.

Au moment de l’armistice il se trouvait avec son bataillon dans le sud de la France. Après sa démobilisation il resta dans le sud et trouva un emploi dans une mine grâce « à des amis socialistes rencontrés à la Légion », puis comme représentant d’une usine de produits chimiques dans la région de Saint-Girons en Ariège où il ne tarda pas à aider en vivres et aussi à l’évasion de compagnons internés au camp du Vernet. En 1944, il quitta la zone minière pour s’intégrer aux Forces Françaises de l’intérieur (FFI) d’abord au maquis de la Crouzette. Puis avec les camarades espagnols qui avaient refusé leur intégration dans les unités communistes, il constitua en août 1944 l’Unité Bidon 5, Bataillon del Rio, avec l’accord des socialistes de Toulouse et dont il fut nommé lieutenant. Il participa alors à plusieurs accrochages avec les Allemands et à la libération du camp du Vernet.

Après la Libération du département, il prit contact avec les militants italiens de la région afin de constituer un comité italien dans la zone de Tarrsacon-sur-Ariège. Puis, intégré au sein des activités du Mouvement libertaire espagnol (MLE), il participa à l’automne 1945 avec Gaston Leval et A. Mirande à une tournée de propagande de la Solidarité Internationale antifasciste (SIA) et aux congrès tenus par la CNT en exil jusqu’à son retour en Italie en octobre 1945 où, enfin, il retrouva sa famille à Savone.

Il n’allait plus cesser dès lors de militer à la Fédération anarchiste italienne (FAI) où il défendit toujours une position organisationnelle et classiste et où il exerça des responsabilités nationales. Il fut délégué à la plupart des congrès et membre de la rédaction de Umanità nova. Il fut également membre de la direction nationale de diverses associations antifascistes (ANPI, ANPPIA et AICVAS) et du syndicat CGIL dont il était secrétaire au niveau local.

Au printemps 1952, pour s’êtr e solidarisé avec les copagnns qui avaient occupé le consulat espagnol de Gênes (voir G. Busico), il avaitété poursuivi devant le tribunbal de Rome qui l’avaut acquitté.

Les 5-27 décembre 1953, il fut, semble-t-il, le délégué de la Fédération anarchiste italienne au congrès de reconstitution autour notamment de M. Joyeux, S. Chevet, M. Laisant et M. Fayolle, de la Fédération anarchiste française tenu salle de la rue Marcadet à Paris.

En 1958 il participa au congrès international anarchiste tenu à Londres et dans les années 1960 fut l’un des organisateurs en Italie des campagnes de solidarité avec les compagnons espagnols de la CNT.

Au printemps 1966, Marzocchi, qui dès 1935 lors d’un congrès tenu en France (Sartrouville), avait proposé la formation, d’un organisme international, fut désigné comme représentant de la FAI à la Commission préparatoire du congrès anarchiste de Carrare dont les principaux membres étaient Guy Malouvier, Georges Grigoroff Balkanski et Mariano Ocaña avec lesquels il participa à de nombreuses réunions et collabora aux bulletins de la Commission préparatoire puis de la Commission de relations de l’Internationale des Fédérations anarchistes (CRIFA). Délégué au congrès international de Carrare (1968) où il s’opposa notamment à Daniel Cohn Bendit (délégué du 22 mars), puis de Paris en 1971, il fut alors nommé secrétaire de l’Internationale des Fédérations anarchistes (IFA), poste qu’il assuma jusqu’en 1984.

Lors des attentats de la Piazza Fontana et de la mort de Pinelli, il était membre de la commission de correspondance de la FAI et fut l’auteur d’un communiqué dénonçant la stratégie de l’État et l’assassinat de Pinelli.

En 1977 Marzocchi fut arrêté à Barcelone lors d’une réunion clandestine de la FAI espagnole.

A la fin des années 1970 il fut avec Carlo Cassola et Ugo Mazzucchelli le co-fondateur de la Ligue pour le désarmement unilatéral.

Umberto Marzocchi continua de participer à de nombreuses réunions et manifestations jusqu’à son décès survenu à Savone le 4 juin 1986.


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