Théodule Meunier était fils de Constant, Joseph Meunier, menuisier, 35 ans et de Marie Barreau, 25 ans, couturière.
A la fin des années 1880 il était membre du Groupe des menuisiers anarchistes de Paris dont faisaient entre autres partie Lucien Guérineau, Dussud, Villaret, Franchet et Gatineau.
La veille de la comparution de Ravachol devant la cour d’assises de la Seine, le 25 avril 1892, une bombe avait éclaté au restaurant Véry, tuant deux personnes et en blessant plusieurs. Théodule Meunier aurait été l’auteur de l’attentat et de celui de la caserne Lobau, le 15 mars 1892.
Alors qu’on le recherchait, Meunier accomplissait à la Santé une peine de quinze jours de prison pour coups et port d’arme prohibée. On le poursuivit partout, sauf en ce lieu. À sa sortie de prison, il partit pour Bruxelles, puis pour Anvers et Londres.
Le 11 avril 1893, trois comparses, Fernand Bricou, sa compagne Marie Delange et Francis, comparaissaient devant la cour d’assises de la Seine. Bricou et Marie Delange dénoncèrent Meunier. C’est à Londres que la police française arrêta celui-ci en juin 1894 ; extradé puis jugé à Paris le 26 juillet 1894, il sauva sa tête en niant, mais fut condamné aux travaux forcés à perpétuité. Lors de son extradition et pour le dédouaner, plusieurs compagnons réfugiés en Angleterre avaient laissé entendre que le véritable auteur de l’attentat de la caserne Lobau était Aristide Gardrat qui était décxédé en 1893.
L’acte d’accusation l’avait présenté comme un excellent ouvrier menuisier et La Gazette des Tribunaux du 27 juillet 1894 dépeignait ainsi l’accusé : « Petit, quelque peu contrefait. Il a les bras longs, terminés par des mains maigres, aux doigts effilés. Sa figure est fine et énergique, son regard intelligent n’a ni l’acuité de celui de Vaillant ni l’inconscience enfantine de celui d’Émile Henry. Il a le teint pâle et porte de longs cheveux noirs ainsi qu’une barbe touffue. » Et C. Malato, dans Le Peuple du 3 février 1938, écrivait : « Avec une physionomie belle et pure d’enthousiaste à froid, résolu à tout dans sa passion de l’idée, il représentait le type le plus remarquable de l’illuministe révolutionnaire. »
Au bagne où il avait le matricule 26761, et suite à plusieurs tentatives d’évasion — avec notamment Oliveira puis avec Adrien — il fut expédié à la crique Charvein comme « incorrigible », interné a en cellule au Maroni avant d’être transféré aux îles du Salut où il fut porteur de la double-chaîne. Il demanda à plusieurs reprises son désinternement des îles, ce qui lui fut refusé par la direction du fait qu’il avait « toujours conservé les mêmes opinions… c’est parce que je suis anarchiste que l’on ne me désinterne pas » (cf. lettre à Grave, juillet 1906). Entretenant une correspondance avec Jean Grave, il écrivait notamment le 16 mai 1906, alors qu’il était gravement malade à l’hôpital : « Je ne regrette rien, je n’ai fait que ce que je devais faire ; ce serait à recommencer, je ferais la même chose. Je ne crains pas la mort ; si je suis condamné, qu’elle vienne le plus tôt possible. Cependant, c’est regrettable de mourir ainsi après tant d’années de souffrance passées au bagne ».
Dans la dernière lettre non datée à Jean Grave, Meunier qui espérait une campagne de presse en faveur de sa libération, évoquait gravement son désespoir, n’espérant bplus qu’une possibilité d’évasion : « …Mais il y a 7 ou 8 mois que vous avez commencé les démarches, et je crois que nous sommes pas beaucoup plus avancés que le premier jour. Il faut cependant que je sorte de cette situation. Une occasion peut se présenter, je pourrais regretter de ne pas l’avoir saisie. D’un autre coté, si j’échoue, c’est la réclusion cellulaire, c’est-à-dire la mort (il est vrai que je ne perdrais pas grand-chose… »
Théodule Meunier mourut à Cayenne le 25 juillet 1907. En apprenant sa mort, Clément Duval avait écrit : « Camarades, saluons ce vaillant camarade, et le meilleur moyen de lui prouver notre estime, notre bon souvenir est de l’imiter, en faisant mieux même, si c’est possible ».