Charles Voisin, qui demeurait à Sanvignes près de Montceau-les-Mines, était membre au début des années 1880 du groupe anarchiste de Montceau-les-Mines. A partir du printemps 1882 il fut le correspondant et le diffuseur local du Droit social (Lyon) puis de L’Etendard révolutionnaire qui lui fit suite et dont il recevait de 80 à 100 exemplaires.
Après avoir participé, en juin 1881, au congrès ouvrier de Sait Étienne, il avait tenté vers août 1881 de former une chambre syndicale à Monceau les Mines regroupant ouvriers français et étrangers de toutes corporations, projet qui, selon lui, avait été ensuite abandonné. Lors de ses interrogatoires (en 1882) i ne donna qu’un seul nom d’un membre de cette chambre, celui de Claude Champlion qu avait été tué ou s’était tué dans la nuit du 26 au 27 août 1881 à Ciry le Noble.
Dans le numéro du Droit Social du 16 avril 1882, il fut ’auteur d’une lettre dénonçant le facteur de Sanvignes qui, lors de sa distribution, criait à haute voix les noms des abonnés et les traitait de « partageux, de révolutionnaires que le gouvernement saura bien mettre à l’ordre ».
Suite aux violentes manifestation de Montceau-les-Mines en août 1882 et aux attentats perpétrés à Lyon en octobre, Voisin fut arrêté lors d’une perquisition à son domicile le 18 octobre 1882 où la police avait notamment saisi une centaine d’exemplaires de L’Etendard révolutionnaire et une liste de souscription pour l’achat d’un revolver (voir portfolio). Il fut notamment accusé d’avoir été l’auteur de l’article Les troubles de Montceau-les-Mines paru dans L’Etendard révolutionnaire (10 septembre 1882) dont un brouillon avait été saisi chez Bordat et dont, lors des interrogatoires, il nia être l’auteur. Poursuivi pour « avoir tramé un complot dans le but d’exciter à la guerre civile… de porter la dévastation et le pillage dans une ou plusieurs communes » et « d’affiliation à une association internationale », il fut impliqué dans le procès dit des 66 (voir Toussaint Bordat) qui s’ouvrit à Lyon le 8 janvier 1883 et où il avait été classé comme prévenu de deuxième catégorie. A l’audience il reconnut avoir souscrit pour l’achat d’un revolver d’honneur destiné à Fournier, un jeune ouvrier au chômage qui le 24 mars 1882 avait tiré à Roanne sur un patron, Bréchard. Il fut condamné le 19 janvier à 15 mois de prison, 200 fr d’amende et 5 ans de privation des droits civils. La peine fut réduite en appel le 13 mars 1883 à un an de prison, 100 fr d’amende et 5 ans de privation des droits.
En 1885 il était toujours fiché comme anarchiste et était alors menuisier au hameau des Georgets, commune de Sanvignes où il était soupçonné d’entretenir des relations avec des compagnons d’autres départements ou de l’étranger.