Fils d’un petit commerçant de la région de Kostruma, Mikhail Sajine avait étudié à l’Institut technologique de Saint-Pertersbourg où, il participa aux manifestations étudiantes de février 1868 ce qui lui valut d’être déporté administrativement dans la région de Vologda.

En mai 1869 il parvenait à s’évader, gagnait les États-Unis d’où il s’embarquait à New york pour l’Europe et arrivait à Genève en juin 1870 avec un passeport au nom de Armand Ross. Après avoir travaillé un mois (juillet 1870) à Birmingham comme mécanicien, il revenait en Suisse où il s’enstallait à Zürich et participait à un groupe d’étudiants russes et serbes en contact avec Bakounine dont il allait devenir l’un des hommes de confiance. Début octobre 1870 il alla à Lyon pour y retrouver Bakounine, mais ce dernier étant déjà parti pour Marseille suite à l’échec de l’insurrection du 28 septembre, il regagna immédiatement la Suisse.
Lors de la Commune il se rendit à Paris avec Lunkiewicz qui sera tué lors des combats contre les versaillais.

Les 15-16 septembre 1872 il participait au congrès de l’Internationale anti-autoritaire à Saint-Imier et le 4 octobre fut avec d’autres militants russes – dont Ralli, Smirnov, Orezov, Holstein, Oelnitz, Agarev et Zayzev, le signataire d’une lettre de protestation contre l’exclusion de Bakounine de l’Internationale. Puis il fonda à Zürich une imprimerie russe qui publia en 1873 un receuil d’articles sur l’Internationale tirés des journaux socialistes belges et suisses (Istoritcheskoe razvitié Internatsionata), puis le premier volume de Étatisme et anarchie de Bakounine.

En 1874 il était à Londres où il publia en russe l’étude de J. Guillaume L’anarchie selon Proudhon. Revenu en Suisse fin juin 1874 et après avoir cédé son imprimerie à Alfred Andrié de la Fédération jurasienne, il alla à Locarno pour voir Bakounine et préparer la publication du second volume de Étatisme et anarchie. Puis après divers séjours en Russie, à Zürich, Londres et Paris, il participait en juillet-août 1875 avec Serge Kravcinski à l’insurrection contre les turcs en Herzégovine. Avec ce dernier il participait en septembre à une réunion avec Bakounine à Lugano, puis à Genève.

Le 18 mars 1876 il était présent à une réunion de la Fédération jurassienne à Lausanne où il fut la connaissance de la militante russe Evgenia Figner. En mai 1876 Sajine fut arrêté à la frontière russe et fut condamné en février 1878 à 5 ans de travaux forcés. Interné à la prison centrale de Kharkpv il fut déporté à vie début 1882 en Sibérie orientale où il retrouva E. Figner déportée pour avoir voulu faure sauter le Palais d’Hiver en 1880 et qu’il épousa. Sajine fut finalement amnistié en 1897.

En 1905, avec la colaboration de Varlam Tcherkesov et sous la direction d’A. Shapiro, il publia un premier volume des œuvres de Bakounine à l’imprimerie Khleb i Volia de Londres.

En 1920, à Moscou il envoya à Lenine un rapport exposant un projet et une demande d’aide financière pour l’édition des œuvres complètes de Bakoinine et un voyage à l’étranger, rapport qui fut validé par Lénine. Toutefois malgré les promesses, l’aide ne fut pas fournie, malgré une nouvelle demande à Lénine en juillet 1921. Début 1922 Sajine alla à l’étranger où il rencontra notamment Max Nettalu qui l’assura de sa collaboration. Toutefois à son retour à Moscou, faute d’argent et de collaborateurs, Sajine abandonna définitivement son projet. Mikhail Sajine qui était lié à James Guillaume « par le lien d’une indissoluble amitié » et qui selon ce dernier avait été « de tous les russes, le plus avant dans l’intimité » de Bakounine, est décédé peu après en 1934.

Œuvre : - Vospominania 1860-1880 (Souvenirs), Moscou, 1925.