Maurice Fatolle avait commencé à militer dans les années 1930 au groupe de l’Union anarchiste (UA) d’Amiens où vers 1934 il avait découvert l’anarchisme à la bibliothèque de l’Union coopérative fondée au début des années 1900 par des libertaires. Il collaborait alors à la rubrique “Réflexe du passant” du Libertaire.
Après la guerre il s’installa à Versailles et adhéra à la Fédération anarchiste où il fut notamment secrétaire aux relations intérieures puis secrétaire aux relations extérieures. Militant communiste libertaire, mais en désaccord avec Georges Fontenis qui avait pris le contrôle de la FA devenue Fédération communiste libertaire (FCL), il rompait avec cette organisation et participait en décembre 1953 à la fondation autour notamment de Maurice Joyeux d’une nouvelle Fédération anarchiste, lors du congrès tenu du 25 au 27 décembre salle de la rue Marcadet à Paris où il était le délégué du groupe de Versailles.
Membre de l’Association pour l’étude et la diffusion des philosophies rationalistes (AEDPR) mise en place pour gérer l’ensemble du patrimoine de la FA, il collabora égalemet très activement au Monde libertaire. Délégué à la plupart des congrès, il y développa toujours la thèse de l’anarchisme ouvrier et organisé. Dès le congrès de Vichy en mai 1956 il appela à une modification des structures afin de « créer une organisation anarchiste sur des bases sérieuses et solides, ne rassemblant que des hommes résolus à s’évader des paroles stériles, adoptant librement et lucidement les risques et les sacrifices qu’implique toute organisation ». En 1965, ses théses et textes furent publiés sous le titre Réflexions sur l’anarchisme.
Après la congrès de Bordeaux en mai 1967 et les affrontements entre les divers courants de l’organisation (synthésiste, communiste libertaire, crypto sutuationnistes), un groupe de jeunes militants — dont Gui Malouvier, Michel Cavallier, Ramon Finster, Daniel Florac —, vinrent le trouver et lui proposèrent de structurer une organisation révolutionnaire anarchiste ce que Fayolle accepta. En juin 1967, dans les colonnes de l’hebdomadaire Espoir (Toulouse) il publiait une série d’articles intitulés La crise du mouvement anarchiste français (18, 25 juin, 2 et 9 juillet 1967) et dès septembre 1967 il rédigea un projet de structure organisationnelle qui allait devenir le contrat d’adhésion à l’ORA et écrivait dans le bulletin intérieur de la FA qu’il lutterait en son sein « dans un but très clair… de laisser la champ libre à une future organisation anarchiste et à un journal de propagande d’expression révolutionnaire » (cf. BI, septembre 1967). La nouvelle tendance se structura autour du bulletin L’Organisation libertaire (Marseille) dont il rédigea l’éditorial du premier numéro (janvier 1968).
Lors du congrès tenu par la FA à Marseille en novembre 1968, après les évènements de mai où l’ORA étai intervenue sous son propre sigle et après le congrès international de Carrare où l’ORA s’était vu confier le secrétariat de l’Internationale des fédérations anarchistes (IFA), l’ORA fut accusée de fractionnisme, ses délégués quittèrent le congrès et ses militants furent démis des fonctions qu’ils exerçaient au sein de la FA.
A partir du printemps 1969, il collabora notamment à l’hebdomadaire Espoir (Toulouse) qui avait ouvert ses colonnes aux militants de l’ORA.
Il fut délégué du groupe de Versailles à la Rencontre nationale de l’ORA tenue les 29-30 mars 1970 au local de la CNT espagnole rue Sainte-Marthe. A cette rencontre préparatoire à la constitution de l’ORA en tant qu’organisation autonome, à laquelle avaient participé 42 délégués représentant 14 groupes — Marseille, groupe Bakounine (7 militants), Dijon groupe Archinov (5 militants), Nice groupes Varlin (6 militants), Kronstadt (8 militants), Petrichenko (4 militants), Groupe de Vicennes (8 militants), Groupe Jules Valles Paris XIII (9 militants), Geupe Durruti Paris XIII ? (7 militants), Groupe Albert Camus Paris XIV (8 militants), groupe du Mans (militants), groupe de Créteil (2 militants), Groupe de Juvisy (10 militants), Groupe de Versailles (2 militants), groupe d’Arles (6 militants) — Maurice Fayolle avait été nommé au Collectif National provisoire dont les autres membres étaient Pierre Comte (relations intérieures et propagande), Jean Luc Redlinski (relations intérieures et bulletin intérieur), Michel Cavallier (relations extérieures), Guy Malouvier (relations internationales), Solange Nuñez (tésorerie nationale) et Patrice Duquesnne. D’autre part avait été nommée une commission journal formée de Michel Cavallier, Roberrt Guillaume, Ramon Finster et Jean-Luc Brimeur.
A l’issue de cette rencontre il écrivait : « … Pendant une journée et demie, plusieurs dizaines de camarades, presque tous jeunes, venus de diverses régions de France et qui, pour la plupart, se rencontraient pour la première fois, ont fait la démonstration éclatante d’une maturité politique et d’un sens des responsabilités qui arguent bien pour la suite du regroupement de tous ceux qui, en ce pays, se situent sur la ligne idéologique de l’anarchisme révolutionnaire. Je suis maintenant convaincu que l’ORA sera, demain, l’organisation de ce pays — comme l’avaient été l’UA avant la guerre et la première FA d’après la libération — et, pour avoir été l’un de ceux qui ont contribué à la création de la deuxième FA, on peut me croire lorsque je dis combien je regrette que cette dernière n’ait pas pu, ou pas voulu, faire l’effort pour se sortir des ornières où elle s’était enlisée dès le départ » (cf : BI-ORA, n°2).
En mai 1970, lors de la souscription de l’ORA pour l’acquisition du local de la rue des Vignoles, il avait fait don de 10.000 francs.
Gravement malade et après être reparti en cure en mai 1970 pour soigner son cancer. Maurice Fayolle décédait à l’hôpital de Versailles le 30 septembre 1970.
Oeuvre : — Réflexions sur l’anarchisme ; — Actualité de l’anarchisme ; — La démocratie libertaire ou démocratie directe.