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COUTE, Gaston
Né à Beaugency (Loiret) le 23 septembre 1880 - mort le 28 juin 1911 - Poète et chansonnier - Paris
Article mis en ligne le 7 juillet 2012
dernière modification le 12 septembre 2023

par R.D.
Gaston Couté (1910)

Fils d’un meunier installé en 1882 à Meung-sur-Loire (Loiret), à la frontière entre la Beauce et la Sologne. le jeune Couté fréquenta l’école communale, puis le lycée Pothier d’Orléans que, élève indiscipliné et sur le point d’être renvoyé, il quitta — il avait alors dix-sept ou dix-huit ans — et devint commis de perception à Orléans ; il commença à écrire et collabora au Républicain du Loiretdont i ne tarda pas être remercié pour ses prévenances envers « le prolétariat en haillons ».

A l’automne 1898, il partit sur le trimard en direction de Paris ; c’était l’époque des cabarets artistiques, il y fut engagé au cabaret de L’âne rouge avec come salaire quotidien « un café crème ». et dormait le plus souvent dans la rue et sans manger, même lorsqu’il trouva à se produire dans quelques autres cabarets montmartrois dont Le Lapin agile.

Couté s’y produisit et ses chansons paysannes et de révolte écrites dans une langue « coupante comme une faux » obtinrent un vif succès ; écrites dans une langue violente et tendre émaillée de patois beauceron, il prenait pour cible les élus, les notables, les grands propriétaires et les curés. Sur scène, il portait “une blouse bleue et se coiffait d’un feutre noir à larges ailes”.

La vie de bohème qu’il menait et la boisson altérèrent sa santé ; frappé de congestion pulmonaire le 26 juin 1911 en rentrant dans son garni du 2 place du Tertre, – quelques jours auparavant il avait été l’objet de poursuites poursuites pour une chanson parue dans La Guerre sociale -, il fut transporté à l’hôpital Lariboisière où il mourut deux jours plus tard. Il fut inhumé le 1er juillet à Meung-sur-Loire (Loiret) où un musée perpétue son souvenir.

Gaston Couté (bois de J. Lebedeff)

On retrouve dans ses chansons quelques-uns des thèmes favoris des anarchistes : contre la religion, contre l’armée, contre la loi.

Du Christ en bois, ces quelques vers :

Laut’e, el’vrai Christ ! el’bon j’teux d’sôrts - Qu’était si bon qu’il en est mort… - … Et, pour ça, qu’la bis’grande - T’foute à bas… Christ ed’contrebande, - Christ ed’l’Église ! Christ ed’la Loué, - Qu’as tout, d’partout, qu’as tout en boués !

Des Conscrits :

Pourquoué ! soldats ? I’s en s’av’nt ren. - I’s s’ront soldats pour la défense - D’la patri ! — Quoué qu’c’est ? — C’est la France… - La patrie ! C’est tuer des prussiens - Faut des soldats !… Et c’est pour ça - Qu’à c’souer — su’l’lit d’foin des prairies, - Au’ pauv’s fumelles i’f’ront des p’tits
 Des p’tits qui s’ront des gâs, peu ét’e ? - À seul’fin d’pas vouer disparaît’e, - La rac’des brut’s et des conscrits.

Ou encore de La sérénade à Mr. Vautour :

Si nous chantons sous ta fenêtre - A pleines gueules ; ça ira - A la lanterne il faut les mettre - Les proprios on les pendra ! - C’est pour te donner une idée - De l’affreux terme qu’un beau jour - Aux mains d’une foule excédée - Tu devras payer à ton tour !

Et encore à propos des élections présidentielles :

Un fauteuil de président - C’est faut pour mettre un cul d’dans - Le cul d’Paul ou l’cul d’Henri - Y a pas d’différence de prix - Et, pour nous, ces bons apôtres - N’en feront pas plus l’un que l’autre - Le fauteuil du président - Qu’voulez vous franch’ment qu’ça nous foute - Le fauteuil du président - Qu’un cul ou l’autre soit dedans !

Couté (portrait de J. Grandjouan)

Reproduisons pour finir quelques lignes de l’adieu que Victor Méric adressa à Gaston Couté quelques jours après sa mort :

« Ce petit gars maigriot, aux regards de flamme, aux lèvres pincées, était un grand poète. Il allait chantant les gueux des villes et des champs, dans son jargon savoureux, avec son inimitable accent du terroir. Il flagellait les tartuferies, magnifiait les misères, pleurait sur les réprouvés et sonnait le tocsin des révoltes. Un grand poète, vous dit-on. » Piette Mac Orlan avait également prophétisé à son propos : « Gaston Couté est un poère paysan dont le renom grandira tout d’un coup un jour quelconque de l’avenir ».

En 1931 fut publiée sous le titre « La Chanson d’un gas qu’a mal tourné » une compilation des œuvres de Couté par Eugène Rey. Entre les deux guerres ses chansons furent régulièrement interprétées dans les galas et sorties libertaires et notamment par Colladant, Clovys et Maurice Hallé du groupe La Muse rouge.A ola Libération fut fondée la société Les amis de Gaston Couté qui publia un bulletin trimestriel et fut à l’origine de l’inauguration le 12 juin 1949 d’une statue réalisée par Morignot

Après mai 1968, et notamment à l’initiative de l’assocaition Le vent du ch’min qui publiera ses œuvres complètes, Gaston Couté sera redécouvert et interprété par de nombreux jeuens artistes et l’objet de plusieurs festivals auxquels participèrent notamment Jacques Florencie, Bernard Meulien, Marc Robine, Gérard Pierron et Vania Adrien Sens.
Plusieurrs anthologies de ses œuvres seront également publiées dont : - Simonomis « Gaston Couté, de la terre aux pavés » (Bordeaux, Dossiers d’Aquitaine) ; « Les mangeux de terre » (présentés par Gaston Coutant et Gérard Pierron Ed. Christian Pirot)

Oeuvres : Outre sa collaboration notamment au Libertaire, à La Barricade et à La Guerre sociale de G. Hervé., Gaston Couté est l’auteur de plus de 250 chansons dont notamment : - Au beau coeur de Mai ; - Les Bornes ; - Le champ de naviots ; -La chanson du braconnier ; - La chanson du fil (1911) - Cheminots quel joli sabotage (1910) ; - Christ en bois ; -La complainte des ramasseux d’morts ; - Conscrits ; -La dernière bouteille ; - Discours du traîneux ; - L’école ; – Les Electeurs ; - En suivant leu’s noces ; -Le foinqui oresse ; -Le gas qu’a mal tourné ; Les Gourgandines ; - Grand-mère Gâtieau ; -L’Héritage ; - Idylles des grands gars comme il faut et des jeunesses bien sages ; - Jour de lessive ; -Les joyeusetés de la grève perlée (1910) ; - Ma vigne fera fusiller la guerre ; - Ma vigne pousse ; - Les mangeux de terre ; - Môssieur Imbu ; -Sérénade à Mr. Vautour (1911) ; - La Toinon ; - V’la du pâté de peup’ souv’rain ;


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