Domicilié successivement, 1, rue de Sébastopol, puis 58 rue du Bois à Bezons (Seine-et-Oise), Fernand Guillemette milita comme anarchiste et révolutionnaire, surtout entre 1920 et 1930.
Membre du Groupe d’études révolutionnaires d’Argenteuil, il avait été inscrit au Carnet B de Seine-et-Oise le 2 décembre 1910. Pour avoir fait son service militaire aux Compagnies de discipline, il était connu de la police comme un « antimilitariste avéré ». Ouvrier frappeur-forgeron, selon les mêmes sources, il suivait au point de vue syndical « Les idées du groupe révolutionnaire de la CGT ». D’ailleurs il ne cachait rien de ses préférences, s’exprimant volontiers avec « violence contre l’armée et le patronat » et cherchant à inculquer les doctrines antimilitaristes aux jeunes gens à la veille de leur incorporation. C’est ce qui lui valut une perquisition de commissaire spécial de Versailles le 30 août 1913 et la saisie de brochures anarchistes à son domicile.
En 1914 il était le secrétaire du groupe de Bezons, adhérent à la Fédération communiste anarchiste révolutionnaire (FCAR) et dont étaient membres Schneider, Mangin, Fontenant, Clément, Beaulieu et Natole.
Les 14 et 15 novembre 1920 il avait été le délégué de Bezons au Congrès national anarchiste de Paris où il avait notamment défendu l’entrée dans les syndicats « Le meilleur champ de propagande » (cf. Le Libertaire, 28 novembre 1928).
Maintenu au Carnet B après la révision de 1922 il fut après la guerre, candidat abstentionniste. Une première fois, aux élections législatives de 1914, il le fut encore en 1924. Il habitait toujours Bezons, mais au 5 de l’avenue Charles et exerçait alors la profession de chaudronnier. Il se mêlait aux débats dans les luttes politiques et aimait prendre la parole aux réunions organisées par le PC. C’était pour lui, selon le commissaire de police, l’occasion de « critiquer d’une façon souvent spirituelle la doctrine de la IIIe Internationale de Moscou ». Il ne semble pas s’être jamais rapproché du PC, même si son nom a parfois été mêlé, sur les papiers de police, à celui de Ernest Girault. Ses compagnons de lutte étaient bien plutôt les militants anarchistes Le Meillour et Chazoff, avec lesquels il tint des réunions à Argenteuil, à Bezons en mai et août 1925.
Dès 1929, Guillemette passait pour « assagi depuis plusieurs années ». Il ne militait plus ouvertement. La police ne pensait pas qu’il avait renoncé à ses idées et elle continuait à le surveiller. En 1934 pourtant, on rectifia ce point de vue : Guillemette semblait alors « avoir oublié ce qu’il avait été » (rapport de gendarmerie du 23 juin). Les communistes pensaient de même qui le considéraient comme devenu « traître aux idées révolutionnaires ». Toutefos en 1937 son nom figurait toujours sur un rapport de police concernant « l’anarchisme et syndicalisme révolutionnaire en Seine-et-Oise ».