Fils d’un marchand de journaux et d’une ouvrière tisseuse, Jules Ravaté appartint de bonne heure au petit groupe anarchiste de Roanne (Loire) ; ses idées révolutionnaires l’amenèrent à coopérer avec les éléments guesdistes gauchistes groupés autour de Buffin, un instant inspirés par Édouard Mayeux, au sein des Jeunesses socialistes révolutionnaires ; il participa aux efforts de regroupement régional, et fut délégué au congrès de Vienne (Isère) en 1897. L’année précédente, il était entré à la coopérative « La Solidarité » ; il était membre du conseil syndical des tisseurs, où il prit bientôt une influence grandissante, devenant son secrétaire au moment où le guesdisme local, longtemps prépondérant, se déchirait entre la fidélité aux idéaux révolutionnaires et l’opportunisme du maire Augé ; comme tel, il conduisit plusieurs grèves en 1901, mais démissionna peu après ; le syndicat des tisseurs retomba sous l’influence socialiste. Au printemps 1901 il aurait fait une tentative de suicide.
En 1897, avec parfois sa sœur, il vait été l’orateur de nomnbeuses réunions et conférences tenues à Roanne. Début 1898, avec entre autres William et Buffin, il tentait d’organiser à Saint-Étienne un groupe des Jeunesses syndicalistes révolutionnaires (JSR).
Ravaté se consacra dès lors à l’œuvre éducative, au sein d’une Université populaire qu’il venait de fonder et dont il était le trésorier. C’était un autodidacte et, depuis longtemps, l’un des conférenciers les plus prisés de la propagande libertaire ; il était en outre chargé par la municipalité de gérer la bibliothèque populaire, poste dont il fut révoqué le 31 décembre 1912 par le nouveau maire réactionnaire de Roanne. Dans les années suivantes, il prit une part active aux campagnes antimilitaristes, dans la ligne de son action de 1896-1897 ; en 1907, il était signalé comme l’un des membres les plus ardents des groupes antipatriotiques de la Loire (depuis 1896, d’ailleurs, il était inscrit dans la liste des anarchistes dangereux, et y resta jusqu’à sa mort).
Mobilisé en 1914, il fut vite renvoyé dans ses foyers à cause de sa santé précaire ; en 1915, il travailla comme sous-bibliothécaire de la ville, puis devint, de juillet à décembre, secrétaire de l’anarchiste positiviste parisien Georges Deherme, dont il avait subi l’influence ; il mourut en 1916, laissant derrière lui un nombre considérable d’articles, échelonnés de 1897 à 1914 sous le pseudonyme de Sauvert. Sa veuve, Eugénie Bonnet, née à Roanne le 25 mai 1881 et épousée en 1901, elle-même conseiller prud’homme et militante de la CGT légua ses archives et sa bibliothèque à la ville.
OEUVRES : L’Action syndicale et les partis socialistes, Roanne, 1903. — La Défense des êtres vivants, Roanne, 1914. — Articles dans : La Coopération des idées, 1897-1912. — Le Peuple (de Lyon), 1897 — Les Temps nouveaux, 1897. — Bulletin d’union et d’action morale, 1898. — Le Flambeau (de Vienne), 1901. — Bulletin des UP 1901. — Le Textile (de Roanne), 1907. — Le Coopérateur de Roanne, 1912-1914. — La Vie ouvrière, 1912-1914. — Le Mutualiste français, 1912. — Rodumna, 1912-1914. — Le Réveil roannais, 1913-1914. — Le Roannais socialiste, 1913. — L’Union pour la vérité, 1914. — Articles posthumes dans Les Cahiers du Centre, 1920. — Les Amitiés foréziennes et vellaves, 1923.