Jean Baptiste Rascle fut condamné dès février 1904, à Marseille, par la justice militaire à un mois de prison pour abandon de poste. Deux ans plus tard, le 10 octobre 1906, il fut condamné à dix jours de prison et une amende pour outrages à agents.
Animateur des Jeunesses syndicalistes et du Groupe d’action syndicaliste de Saint-Étienne, Rascle fut, de 1910 à 1914, une des grandes figures de l’agitation révolutionnaire et antimilitariste dans la région. À la fin de l’année 1910, il était proposé pour l’inscription au carnet B. en même temps que Benoît Liothier, Jean-Marie Tyrlot, Urbain Malot, entre autres, pour avoir mené la campagne contre les bagnes militaires. Il était à cette époque domicilié 70 rue du Treuil.
Il fut le délégué de la Bourse du Travail de Saint-Étienne dans quelques-uns des conflits les plus durs du moment. Lors de la grève nationale des cheminots de 1910, il conduisit avec Totti, le 15 octobre, le cortège des deux mille militants qui tentèrent d’occuper la gare de Châteaucreux ; face à la mobilisation de la police et de la cavalerie, la manifestation tourna à l’émeute, des barricades furent édifiées ; le 17, Totti et Rascle furent arrêtés pour leur rôle dans la journée. Toutefois, en décembre, il bénéficia d’un acquittement à la Cour d’assises de Montbrisson.
En juin et juillet 1911, il alla animer, pendant quarante-huit jours, la grève des chargeurs de wagons aux Aciéries de la Marine de Saint-Chamond ; en août et septembre, il était auprès des grévistes des aciéries de Lorette ; en novembre et décembre, auprès des mécaniciens-constructeurs en automobiles de la même ville. Il était alors signalé comme un des anarchistes les plus dangereux.
Le 16 août 1911, lors d’une réunion tenue à Paris par le Comité intersyndical des métaux, il avait signalé qu’au Chambon Feugerolles, des soldats placés dans les usines pour assumer la garde du matériel, s’étaient chargés d’en effectuer le sabotage et que des cavaliers du 10e Chasseur avaient fraternisé avec les grévistes et chanter Gloire au 17e.
Il participa à la fondation, le 18 novembre 1911, de l’Union départementale au sein du syndicat de la métallurgie qui était à Saint-Étienne la place forte du syndicalisme révolutionnaire. La même année, il avait été délégué, en avril, au congrès de la Fédération des métaux à Paris où il était intervenu.
En 1913, aux côtés de Liothier, Totti et Mongour, Rascle prit une part active à la lutte contre la loi des trois ans, multipliant les tournées de propagande et les meetings ; en juin, il fut arrêté à Firminy alors qu’il vendait des chansons révolutionnaires au profit des soldats emprisonnés ; le tribunal correctionnel de Saint-Étienne le condamna à quinze jours de prison pour injures à agents. Quand la guerre éclata, Rascle fut du groupe d’antimilitaristes qui se cachèrent un temps dans les bois du Pilat.
En 1918, après avoir milité avec Bénetière au Comité de défense sociale, puis à l’ARAC, il participa à la constitution, en octobre 1920, du comité syndicaliste révolutionnaire, avec Soullier des typographes, Dieu des Métaux, Lorduron du Bâtiment et Pourreaux, trésorier de la Bourse du Travail. C’est lui qui avait pris contact à Paris avec la minorité syndicaliste où il avait rencontré en mai 1920 Godonnèche qui remplaçait alors à la tête des CSR Monatte emprisonné.
Militant du Groupe anarchiste d’études philosophiques, il salua en août 1920, les « bienfaits » du bolchevisme et fut représentatif du courant anarchiste révolutionnaire séduit par la Révolution russe. Dans les années 1918-1920, il fut l’orateur de la plupart des grands meetings tenus à Saint-Étienne.