Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

ROLLAND Armand dit « ARMAND »

Né le 26 janvier 1906 à Nantes (Loire-Atlantique) — mort en novembre 1981 — Serrurier — Saint-Jean de Braye (Loiret)
Article mis en ligne le 24 juin 2011
dernière modification le 5 août 2024

par R.D.

Fils d’un serrurier, Armand Rolland dit Armand, serrurier lui-même, qui avait failli devenir prêtre et avait effectué son service militaire, était devenu anarchiste après avoir assisté à des conférences, s’installa en novembre 1926 à Saint-Jean-de-Braye (Loiret) près d’Orléans. Il fréquentait les milieux anarchistes orléanais, collaborait au Libertaire, mais ne doit pas être confondu avec le théoricien individualiste E. Armand. Armand Rolland portait fréquemment la contradiction aux orateurs communistes. Pour bénéficier d’une possibilité de s’exprimer, lui et son Groupe d’études sociales décidèrent de participer aux élections législatives du 1er mai 1932 dans la première circonscription d’Orléans. Armand Rolland n’appela cependant pas à voter pour lui, restant fidèle à l’abstention.

L’année suivante, il recevait une convocation pour une période militaire de 21 jours à laquelle il refusait de se rendre et se prononçait en faveur de l’objection de conscience qui entraîna son arrestation en mars 1933 et sa condamnation en mai à un an de prison par le tribunal militaire d’Orléans. A la réception fin février 1933 de son ordre d’appel sous les drapeaux, il avait écrit au ministre de la Guerre : « … Je tiens à vous prévenir que je n’obéirai pas à cet ordre et je vous renvoie avec la présente lettre ce papier dont je n’ai que faire. Il y a longtemps que j’ai pris l’engagement vis à vis de moi même de rompre définitivement avec le criminel métier des armes. Mon livret militaire et l’appel à l’assassinat qui y était inclus sous le nom de fascicule de mobilisation ont été par moi livrés aux flammes… Je ne servirai pas le militarisme… ». Puis rappelant combien il avait été affecté par le chômage, il ajoutait : « … Non content de nous condamner à crever de faim, les maîtres de l’heure poussent encore le cynisme jusqu’à nous faire défendre des intérêts qui ne sont pas les nôtres. Mon corps est à moi. Je conteste à un milieu social le droit d’en disposer à son gré et au profit des magnats de la finance internationale… » (cf. La Voix libertaire, 8 avril 1933).

L’ensemble des organisations de gauche orléanaise, des anarchistes aux radicaux en passant par les communistes créèrent le 16 avril un comité de défense d’Armand do t l’un des animateurs était Marcel Gueny. Le Parti communiste le soutint clairement : « Nous considérons Armand comme un membre de la classe ouvrière victime de la répression capitaliste. » Le Travailleur protesta contre l’attitude de l’avocat de Rolland, Claude Léwy, secrétaire de la Fédération socialiste du Loiret, qui au procès aurait dénaturé l’action de son client en le présentant comme un primaire ayant mal digéré ses lectures : « Sa plaidoirie était une insulte à la personne de notre courageux camarade » (27 mai 1933).

A sa libération de prison, il ne trouvait pus de travail dans la région et quelques mois plus tard recevait une nouvelle convocation militaire. En août 1935, il se présentait volontairement aux autorités militaires à Lyon et, comme la première fois, refusait toute incorporation. Pendant 6 semaines, il resta détenu dans un cachot du fort Lamothe — privé d’eau pour son hygiène, privé de correspondance…) avant d’être transféré à la prison Saint-Paul après qu’il ait menacé de déclencher une grève de la faim et où il était toujours détenu en novembre 1935.

En 1939, il ne chercha pas à se soustraire à la mobilisation. Après la Seconde Guerre mondiale, il fut employé à l’hôpital psychothérapique de Fleury-les-Aubrais. Armand Rolland mourut en novembre 1981 dans une maison de retraite de Châteauneuf-sur-Loire.


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