Né dans une famille de 9 enfants, dont seuls 6 survivront, René Garin dit Claudius connut une enfance difficile. Après que sa mère ait abandonné le foyer familial quand il avait 4 ans, il fut élevé par son père ouvrier mineur de fond qui le scolarisa d’abord dans une école religieuse — la seule qui existait et avait été offerte par les patrons — où il apprit à lite et à écrire. Puis à l’âge de 7 ans il suivit les cours de l’école laïque fondée par son père qui « avait des idées avancées » et était libre penseur. Après le décès de son père quand il avait 9 ans, et avoir été fréquemment battu par ses frères et sœurs aînés, il quitta l’année suivante l’école et fut placé dans une famille catholique et pauvre comme berger à vaches sur le Mont Pilat, à Grand-Croix près de Lorette.
En 1911 Claudius Garin arrivait à Lyon, avec un faux certificat d’ajausteur fourni par un camarade de son frère aîné Antoine qui était alors militant anarchiste et syndicaliste et qui l’initia sans doute à ces théories. Toutefois Claudius gardait de ce frère qu’il qualifiait de « très autoritaire » et qui le mettra à la porte de chez lui, un souvenir amer. Antoine Garin qui fut un des responsables du secteur métallurgique de la CGT passa après guerre au parti communiste et fut conseiller municipal (voir sa notice dans le Maitron).
Avant la guerre de 1914, Claudius travailla dans une vingtaine de maisons dont il fut souvent mis à la porte. Il participa à la fondation des Jeunesses ouvrières (syndicalistes ?) et était très lié notamment aux frères Georges et Lucien Navel. Il participa à cette époque aux affrontements avec les Royalistes sur la place Bellecour et le jour de la déclaration de la guerre à une manifestation rue de la Barre où les participants crièrent « A bas la guerre ».
En juin 1915 il se maria avec Paule Mounier, tireuse d’or dans la guimperie, issue d’une famille royaliste de Nyons (Drôme) et à qui il inculqua ses idées libertaires. Il en eut trois filles nées en 1915, 1917 et 1936.
Claudius Garin qui était très critique envers les compagnons pratiquant le « macadam », les qualifiant de « très paresseux », fréquenta également le Nid rouge qui entre 1919 et 1922 assura un grand nombre de concerts non seulement à Lyon mais aussi dans la région. Aux cotés de Jeanne et Albert Chevenard, Théophile Leclerc, Poncet et Marguerite Faure, Claudius Garin devint l’un des chanteurs chansonniers amateurs du groupe et participa à de nombreux galas et soirées dans les bourses du travail ou divers cabarets dont le cabaret Stein à Lyon. Il parvint ultérieurement à en faire une activité semi professionnelle, se déplaçant à travers la France et ce, au-delà de la Seconde guerre mondiale. Contrairement aux autres chansonniers libertaires, Claudius Garin n’appréciait guère Charles D’Avray, qu’il qualifiait de « pas sincère ». Il participa également aux activités du Théâtre du peuple fondé en 1919 par les socialistes.
En juin 1968 Garin se remaria avec Françoise Nughes, ancienne ouvrière guimpière qu’il avait connu dans le groupe des Jeunesses ouvrières dans les années 1920.
Claire Auzias