Dictionnaire international des militants anarchistes
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Y’en a pas un sur cent… et pourtant des milliers d’hommes et de femmes de par le monde, souvent persécutés, embastillés, goulagisés et parfois au prix de leurs vies, ont poursuivi leur chevauchée anonyme à la recherche d’un impossible rêve : un monde sans dieux ni maîtres.

CHABANY, Henri, Thomas “Marius”

Né le 2 octobre 1903 à Andrezieu (Loire) — Maçon — CGT — CGTU — UFSA — CGTSR (SUB) — Saint-Étienne (Loire) — Lyon (Rhône)
Article mis en ligne le 18 mai 2011
dernière modification le 12 juillet 2024

par Claire Auzias, R.D.

Après avoir passé sa prime jeunesse à Saint-Étienne (Loire) Marius Chabany, fils de Pierre, ouvrier maçon et de Marguerite Berger, ménagère, était entré dans le monde du travail à l’âge de 10 ans sans aucun apprentissage professionnel. Il avait eu une enfance difficile, se souvenant être parfois resté sans manger « pendant quinze jours, ni pain, ni soupe » lorsque son père, maçon ne pouvait travailler l’hiver pour cause d’intempérie. Il fréquenta très peu l’école — « un hiver d’école » soulignait-il — et il n’avait eu le temps d’apprendre à lire et à écrire et ne s’alphabétisa que plus tard et par lui-même.

Initié à l’anarchisme par sin frère aîné Noël, Marius avait adhéré à la CGT fin 1919 alors qu’il travaillait comme mineur de fond à Saint-Étienne. C’est au tout début des années 1920 qu’il commença à militer à la CGTU à Saint-Étienne ainsi qu’au groupe anarchiste local. A son installation à Lyon vers 1924 et après la scission entre communistes et syndicalistes révolutionnaires et anarcho-syndicalistes, il adhéra à l’Union fédérative des syndicats autonomes (UFSA) qui était particulièrement puissante dans la région lyonnaise et enfin en 1926 à la CGTSR dont les bastions lyonnais se trouvaient dans le bâtiment et les métaux, et dont le siège se trouvait au 86 du Cours Lafayette. Bien que fréquentant les réunions anarchistes du local de la rue de Marignan, Chabany se consacra plutôt à l’anarcho-syndicalisme.

En mars 1928, à l’occasion de la venue à Lyon pour la conférence « Ce que j’ai vu en Russie » de l’ancien anarchiste André Colomer passé au parti communiste, Chabany, qui était venu « l’accueillir » à la gare en le traitant de « renégat », fut l’un des organisateurs de la contradiction menée par les libertaires à la salle de l’Alcazar où devait se tenir la conférence. Une bagarre générale s’ensuivra avec échange de coups de feu et plusieurs blessés. Deux jours plus tard, alors qu’il se rendait à Saint-Étienne, Chabany fut arrêté à la gare de Perrache. Trouvé porteur d’une arme et de documents du Comité d’entraide aux détenus politiques, il fut emprisonné une dizaine de jours.

En 1929 il fut le secrétaire du Syndicat unique du bâtiment (SUB) de la CGTSR qui comptait alors 2.000 adhérents sur la région. Les « subards » comme on les appelait étaient alors réputés pour leur adresse à manier le manche de pioche et assuraient souvent les services d’ordre des manifestations et conférences libertaires et syndicales. Dans les années 1930, ils furent également impliqués de nombreux affrontements avec les « jaunes » sur les chantiers de la région.

Peut être à la suite d’un licenciement, Marius Chabany fut pendant une brève période artisan chauffeur de taxi.

Chabany cessa de travailler pendant la Seconde Guerre mondiale, ne voulant « produire ni pour la France, ni pour l’Allemagne » et le couple survécut très difficilement grâce à l’apport d’un petit jardin. Il donna à cette époque des coups de mains à des compagnons, notamment pour éviter à certains de partir au Service du Travail obligatoire (STO).

Au lendemain de la guerre et très affecté par les échecs du mouvement, Marius Chabany cessa de militer.

Marius Chabany vécut en union libre à partir de 1930 avant de se marier en 1934 avec sa compagne (née en 1904 ou 1905) qui était venue à Lyon vers l’âge de 20 ans pour y travailler comme domestique puis serveuse et était également libertaire.

En 1979 il résidait à Oullins.

Claire Auzias


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