Émigré encore adolescent à Barcelone, Tomas Rodriguez Tenedor dit Lorenzo Rodriguez militait au syndicat CNT de la métallurgie (section des lampistes) et aux Jeunesses libertaires (FIJL) du quartier de Sans.
Entré comme apprenti à l’usine Cullas y Barbas, où travaillaient deux de ses frères membres de la CNT, c’est dans cette entreprise qu’il reçut sa première carte syndicale des mains du secrétaire de la section Jesus Canovas Bobini. Il y fut le délégué de la CNT pendant plusieurs années.
Dès le début du coup d’État franquiste de juillet 1936 et après avoir participé aux combats de rues à Barcelone, il s’était enrôlé comme milicien dans la Colonne Ortiz opérant dans le secteur de Caspe. Il appartenait à la centurie commandée par Martorell et participa aux combats de la Zaila. Puis il fut envoyé dans le secteur de Porcuna sur le front d’Andalousie (553e bataillon de la 139e Brigade mixte) et demanda à intégrer l’aviation. Après son incorporation dans cette arme, il fut sélectionné à Sabadell pour aller en Union soviétique comme élève pilote et en avril 1938 arriva à l’école d’entraînement de Bakou. En octobre 1938, le Ministère de la Marine avait communiqué à sa famille qu’il était porté comme « disparu au front ».
D’abord basé à Bakou le groupe de pilotes républicains (210 en tout) fut ensuite dirigé en mars 1939 sur l’école d’apprentissage de Korovabad. En 1941, après la rupture du pacte germano-soviétique, tous les pilotes, à l’exception de 25 d’entre eux exprimèrent leur désir d’émigrer à l’étranger. Tomas Rodriguez fut arrêté en novembre 1941 par le NKVD avec 26 autres pilotes (voir Jaime Beltran Talon) et déporté en Yakoutie. Les survivants de ce groupe dont Tomas Rodriguez furent ensuite déportés en novembre 1942 au camp de concentration 99 de Karaganda (Kazakhstan) où furent également internés un groupe de marins républicains espagnols (voir Antonio Acebal Pérez).
Le 18 décembre 1945 naissait au camp de Karaganda son fils, Ramon Rodriguez Rathprecher, qu’il avait eu avec une détenue du camp, Ita Rathprecher.
En 1948 (ou début 1949), suite à la campagne internationale menée par la Fédération espagnole des déportés et internés politiques (FEDIP) pour obtenir la libération de ces républicains espagnols, il était remis en liberté avec 18 autres internés et était envoyé pour travailler comme électricien dans un kolkhoze viticole (en Crimée ?).
En 1954 il se trouvait toujours en URSS à Striomovak (?) en Ukraine. Nous ne savons pas quel fut son sort ultérieur.